De la revendication à la concrétisation

En finir avec une gouvernance d’un autre temps

17 novembre 2009

La mondialisation et ses impacts amènent à une totale remise en cause des rapports issus de la sortie de la Seconde Guerre mondiale. La Réunion ne peut pas échapper à ce débat, comme l’ont d’ailleurs rappelé les propositions des Etats généraux, et le cadre annoncé par le président de la République à la sortie du Conseil interministériel sur l’Outre-mer.

Depuis 60 ans, notre île souffre d’un manichéisme politique qui n’a pas permis l’émergence de solutions concertées, au service de l’intérêt général. Et, c’est sous la pression des évènements que le pouvoir actuel a été contraint d’agir. Maintenant que les conclusions des Etats Généraux sont connues, la gravité de la situation pourra-t-elle conduire les acteurs politiques réunionnais à un sursaut collectif, à la sérénité sociale, au respect républicain et au partenariat institutionnel ?

Nous avons assez perdu du temps.

Le cas de la coopération régionale est symptomatique de l’attitude qui a conduit toute une classe politique à s’opposer à des rapports naturels entre voisins par la géographie, entre cousins par l’Histoire.
Que peuvent aujourd’hui répondre les dirigeants de l’UMP locaux quand le Président de la République déclare : «  Qui peut dénier aux collectivités locales une connaissance toute particulière de leur environnement direct ? Quel diplomate peut aller expliquer aux Polynésiens, aux Réunionnais, aux Antillais ou aux Guyanais la manière dont ses voisins conçoivent leurs rapports dans la zone sans même écouter ce que les principaux intéressés ont à en dire ? Les rapports de défiance entre la métropole et l’Outre-mer, au prétexte que la diplomatie serait un sujet trop sérieux pour qu’on en discute avec eux qui la vivent au quotidien, c’est terminé  ».
Devant un tel discours, le silence de ceux qui ont combattu la coopération régionale est très éloquent et exprime le désarroi de personnes sans conviction. Le chef de l’Etat a compris la nécessité de rompre avec le conservatisme ambiant quand il affirme : «  je veux désormais que nous établissions des rapports de confiance  ». Il serait temps que ces responsables politiques dépassent leur complexe et participent au sursaut collectif tant attendu.

Une démarche expérimentale réunionnaise

Dans la pratique, les collectivités régionales pourront participer aux négociations internationales qui les concernent et elles pourront ouvrir des délégations, à caractère non diplomatique, dans les Etats et territoires de la zone.
Cette proposition vient soutenir et valider l’expérience menée par la Région Réunion dans les pays de la COI avec les Volontaires du progrès et en particulier à Madagascar où, en plus, elle dispose d’une représentation à Tananarive.
La Réunion est encouragée à développer son modèle de co-développement avec l’accord de nos voisins pour le bien de tous. Le Sommet de la COI pour le co-développement durable qui s’est tenu l’année dernière est une autre initiative de la vision réunionnaise et du pragmatisme de ses dirigeants.

La fin du ridicule ?

Verra-t-on la fin d’un modèle de gouvernance métropoliste obsolète qui se caractérisait par un empilement de plusieurs niveaux diplomatiques assurés par des fonctionnaires d’Etat de passage, curiosité exotique aux yeux de nos voisins, en voulant absolument diriger des délégations d’élus réunionnais ?
Verra-t-on la fin de ce modèle de gouvernance qui ridiculise la République française ?

Outre-mer

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