Législatives 2022 à La Réunion

« Encore Didier Robert » ?

13 zwin 2022, sanm Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

La campagne du premier tour des Législatives s’achève avec un grand absent, Didier Robert. Aussi vite qu’il est monté, la chute est brutale. Piégé par le confort d’un système.

Le 30 janvier 2020, le budget prévisionnel de la Région pour l’année en cours est voté avec 248 millions de moins que l’année précédente, soit une régression de 23 %. Du jamais vu. Un an auparavant, il écrivait au Président de la Cour des Comptes pour se féliciter d’un budget prévisionnel dépassant le milliard d’euros depuis 3 années consécutives.

On est stupéfait qu’avec des outils d’anticipation moderne et un personnel qualifié, la Collectivité avait si peu de maîtrise de son budget principal. Dans la chaîne des responsabilités, il y a bien un maillon qui a foiré. Et que dire de la cour qui gravitait autour ?

On est surpris de la connivence du monde économique et politique qui l’a poussé à monter à l’assaut de la Mairie de Saint Denis, avec un possible prolongement vers la Cinor. On aurait voulu sa mort politique qu’on n’aurait pas agi différemment. Un chef d’entreprise qui viendrait devant ses pairs avec une prévision annuelle amputée de 23 % aurait présenté en même temps sa démission. Là, il s’agit de l’argent public, très mal géré, et de l’absence du sens de l’Etat, pris au sens de la responsabilité devant l’Histoire.

A ce titre, il est rafraîchissant de lire le rapport Cousseran « Essai de diagnostic sur la conjoncture réunionnaise »(30 juin 1971). Gilles Gauvin et Raoul Lucas en ont tiré un livre. Extrait de circonstance : « Mais c’est surtout de structuration et d’animation politiques dont ce pays a besoin. Le cumul des charges de maire et de conseiller général apparaît dans la plupart des cas comme une erreur à La Réunion. » (p.35)

Ce Préfet n’a pas connu la déchéance des cumulards des indemnités à travers les interco, les SEM, la Région, le Département, 7 députés et 3 sénateurs. Il aurait appris que les 24 maires et les 2 présidents d’assemblée signent plus de 4,5 milliards d’euros de dépenses annuelles. C’est une fois et demi le budget de fonctionnement de l’ONU pour le monde entier. Didier Robert devait gérer un milliard en principal et cumulait d’autres mandats au point de manquer de vigilance sur la forme comme sur le fond. Nous connaissions la suppression du tram-train et les ennuis de la NRL. La presse nous parle de la gestion de son personnel de cabinet.

En un demi-siècle (1971-2022), le système de gouvernance que décrit le Préfet Cousseran s’est aggravé et l’héritage ne s’est pas démocratisé. Didier Robert ne s’est pas suffisamment prémuni de ce système qui semblait lui convenir. Mais que dire de ceux et celles qui, tellement gavés, ne sont même plus capables de s’indigner devant l’annonce : « un enfant mineur sur 2 se trouve dans une famille sous le seuil de pauvreté » (Insee, 18 janvier 2022) ? Puisse l’absence de l’homme fort d’Objectif Réunion faire réfléchir sur l’urgente nécessité de mettre fin à un système obsolète ?

Ary Yee Chong Tchi Kan

Padport

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