Création de la Cellule de crise par les collectivités et les socio-professionnels

Éric Fruteau : l’État doit 400 millions d’euros à nos collectivités

15 novembre 2008

Le maire et conseiller général de Saint-André est intervenu mercredi dernier lors de la réunion qui s’est tenue au Conseil général pour mettre sur pied la Cellule de crise chargée de résoudre les problèmes spécifiques de notre île. Dans son intervention, Éric Fruteau a exposé les raisons pour lesquelles une telle structure est importante face à la dégradation de la situation économique et sociale à La Réunion. Voici de larges extraits de cette intervention.

« La situation sociale réunionnaise ne doit laisser personne insensible. Dans tous nos actes, dans toutes nos démarches et dans toutes nos entreprises, nous y pensons, tellement il y a urgence sociale.
La transformation de la société réunionnaise, dans un laps de temps relativement court, d’un mode de plantation à un mode de prédominance du secteur tertiaire, a modifié les habitudes de consommation. Ainsi, cette situation est aggravée par la cherté des produits alimentaires, l’augmentation du coût des matières premières, des transports portuaires, aéroportuaires et terrestres.
La crise que nous connaissons aujourd’hui est amplifiée par la réticence des banques vis-à-vis des privés ou des collectivités. A La Réunion, la crise touche des secteurs clés comme le BTP et directement ou indirectement menace l’emploi. Cela ne fait que commencer...

Un plan de relance

C’est pourquoi, il serait souhaitable qu’au plus haut niveau de l’État, un plan de relance soit mis en place. Ce plan de relance doit prendre en compte la nécessité de relancer la commande publique d’une part et de stopper la politique d’« économies » au détriment du domaine social et du secteur public.
À La Réunion, il est nécessaire de ne pas rompre avec les grands projets et travaux (dans le respect bien sûr des orientations choisies par les nouvelles majorités). Ainsi, dans ce domaine, il est plus que jamais important de booster l’emploi, par une continuité d’action des collectivités locales, mais aussi par une intervention plus forte de l’État dans des domaines primordiaux pour l’avenir de l’île.
Diverses problématiques doivent trouver rapidement des solutions et mobiliser les ressources :
• les déchets : rassembler au plus vite les acteurs et trouver les solutions les plus appropriées créatrices d’emplois ;
• le logement : abonder la LBU pour le logement social ;
• l’eau : capitaliser le maximum de moyens pour résoudre les problèmes d’eau potable, d’assainissement et de préservation de la ressource ;
• la sécurité : se regrouper et trouver des solutions pour les problèmes d’endiguement des ravines.
Sans oublier le désenclavement et l’agriculture.

Vigilance

Nous devrons faire preuve également de vigilance devant plusieurs échéances très importantes :
1) les négociations futures (Contrat de Plan État-Région, Programmes Opérationnels Européens, Réforme de la Politique Agricole Commune, Règlement sucrier européen, défense de notre statut de Région Ultrapériphérique, suppression de l’Octroi de mer, Accord de Partenariat Économique entre l’Union européenne et les pays de notre région...).
2) la future loi de Finances 2009. Des craintes existent quand on annonce une baisse du budget pour l’emploi et le logement. Quand on annonce une réforme des dotations aux collectivités locales minimisant la DGF (dotation générale de fonctionnement) et menaçant d’autres recettes pour les communes.

Adapter les lois à nos spécificités

Les collectivités locales réunionnaises prendront toute leur place dans la poursuite des chantiers afin de soutenir les petites, moyennes et très petites entreprises (PME/TPE). Mais il serait souhaitable que l’État se mobilise sur le manque à gagner dans la gestion des dossiers de transfert de compétences, afin de ne pas fragiliser encore plus nos collectivités (par exemple, il y a 400 millions d’euros cumulés de dettes de l’État aux collectivités réunionnaises pour le RMI et l’APA).
De même, une moralisation et la régulation des hauts lieux financiers doivent être actées, en taxant les stock-options.
Enfin, l’adaptation des lois serait également une réponse à nos problèmes les plus cruciaux (l’exemple des contrats aidés est parlant à ce sujet). Cela permettrait de rattraper nos retards structurels mais aussi de faire face à la poussée démographique et aux urgences sociales. »

A la Une de l’actuCrise financière Parti communiste réunionnais PCR

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus