Lancement d’une politique aquatique globale

Éric Fruteau pour le droit à l’eau pour tous les Saint-Andréens

17 novembre 2008

Pendant plus de trente ans, la municipalité de Saint-André a accumulé les carences et les erreurs en matière de politique de l’eau. Vendredi dernier, à l’occasion du lancement des travaux d’un site de forage à Ravine-Creuse, le nouveau maire, Éric Fruteau a annoncé le lancement d’une réelle politique au service de la population dans ce domaine. Dans son allocution, il a présenté les grands projets qui seront mis en œuvre dans le cadre de cette politique. Voici le texte de ce discours, avec des inter-titres de “Témoignages”.

En matière d’assainissement et de distribution d’eau, je veux lancer notre ville sur la voie du développement durable et de la modernisation. En effet, l’assainissement et l’eau potable sont deux outils primordiaux pour atteindre cet objectif.
Un mot sur l’assainissement : c’est un sujet d’intérêt général. Dès notre prise de fonction, nous avons pris ce dossier à bras le corps. Nous nous sommes rendus devant le juge pour confirmer notre volonté de mettre en chantier dans les meilleurs délais la rénovation de la STEP ainsi que la création d’un Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) qui devait être mis en place depuis 2006.

Améliorer la distribution de l’eau

Cette action, ainsi que la récente modification du POS (plan d’occupation des sols) que nous avons votée, contribuent à la relance des dossiers de construction de logements qui étaient en souffrance depuis de nombreux mois.
En ce qui concerne la distribution de l’eau, nous savons qu’elle doit être améliorée sur le territoire de Saint-André.
Paradoxalement, alors que nous sommes une des régions les plus arrosées de l’île, des incidents liés à l’approvisionnement ou à la qualité de l’eau à nos robinets demeurent.
Sans entrer dans un débat d’experts, pour régler les pics de turbidité, tout se joue dans une articulation cohérente entre approvisionnement issu des eaux superficielles et des eaux profondes.

Des solutions existent

Les solutions existent donc. Elles sont coûteuses (pour ce forage : 1,2 million d’euros) mais nécessaires pour garantir les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité.
Je pense par exemple à l’hygiène pour les enfants de tous les établissements scolaires. Je pense également au nettoyage des espaces publics après des journées d’intense fréquentation (Dipavali, animations commerciales ou fêtes diverses..), à la prévention des risques d’incendie.
Ces solutions constituent donc une des priorités de notre mandature. Et Les partenariats consolidés avec le Conseil général, la DAF (Direction de l’agriculture et des forêts), l’Office de l’eau, la CISE, la SOGEA, EGIS eau, la SOCOTEC nous confortent dans cette perspective.

Privilégier l’eau de forage à l’eau de captage

Ce site du forage d’exploitation de la Ravine-Creuse est un nouvel équipement qui permettra lors de sa livraison prévue au mois d’août 2009 une extraction de 350 mètres cubes par heure et l’alimentation d’un réservoir d’une capacité de 2.500 mètres cubes. Ce seront 3.000 abonnés qui seront desservis par ce nouveau forage.
S’ajoutent les travaux d’antennes sur Bras des Chevrettes, rue Dusmegnil d’Engente, ruelle Preto, Ruelle des Maraîchers ; le dégrillage du collecteur de Bras des Lianes ; les études en cours pour le renforcement du chemin Lefaguyès, du chemin Melrot, pour l’adduction depuis le réservoir SARABE.
Tous ces projets traduisent notre volonté d’intensifier l’action de la municipalité pour un approvisionnement sécurisé et une qualité d’eau garantie à moyen terme.
Nous avons l’ambition de lancer rapidement l’étude pour le forage de chemin Salazie. Toujours dans un souci d’augmenter la qualité de l’eau en privilégiant l’eau de forage à l’eau de captage.

Un dossier essentiel pour l’Est

Plus généralement, la problématique de l’eau est au cœur des politiques d’aménagement de l’île. Des défis importants sont à relever. Le SDAGE en cours d’élaboration permettra de planifier les orientations pour une gestion globale, durable et équilibrée de la ressource en eau.
J’invite l’ensemble des acteurs à s’impliquer à tous les niveaux (notamment sur l’Est dans la mise en œuvre du SAGE à travers le CLE), à s’approprier les éléments de ce dossier complexe mais au combien essentiel pour l’avenir de notre région.


An plis ke sa

• Production de l’eau à Saint-André
La distribution en eau aux foyers saint-andréens (17.091 abonnés en 2007) est assurée à partir de 5 sites de production, dont 4 internes à la commune et un site partagé avec Bras-Panon :

- Le Captage de Bras des Lianes, situé sur Bras-Panon

- Le Captage Citronnier, situé sur le RD 48 (route de salazie)

- Le Captage de Bras Mousseline

- Le Forage de Dioré

- Les Forages de Terre Rouge.
La production annuelle d’eau sur la commune est passée de 6 à 6,2 millions de mètres cubes entre 2006 et 2007, soit une hausse de 2% .

• Rendement
Le rendement du réseau (rapport entre le volume d’eau facturé et le volume d’eau mis en distribution) est de 64% pour l’année 2007. Un résultat que la collectivité souhaite porter prochainement à 75%. Une ambition qui correspond aux prérogatives inscrites au SDAGE et qui va nécessiter des investissements conséquents. La Municipalité travaille dans ce sens avec la CISE sur la pose de compteurs intermédiaires afin d’optimiser la détection des fuites.

• Qualité
Sur 143 échantillons d’eau analysés en 2007 par la DRASS à Saint-André, 64% s’avéraient conformes.
De manière générale, les ressources superficielles sont soumises à une dégradation chronique de la qualité lors des épisodes pluvieux à Saint-André comme sur l’ensemble de l’île.
Ces dégradations ponctuelles proviennent d’une turbidité de l’eau dépassant les normes prescrites. C’est l’origine de production de l’eau, en majorité d’origine superficielle qui est à l’origine de ce désagrément.

• De l’eau de qualité pour tous et tout le temps
La mise en place de forages permet une mixité des modes de production.
Lorsque par temps de pluie la qualité des ressources superficielles est affectée et lorsqu’en période d’étiage les réserves en eau diminuent, l’activation des pompes permet d’assurer la continuité de la distribution dans la limite de la capacité de production des forages.
Cette distribution reste néanmoins fragile. Avec 20.000 mètres cubes d’eau consommés en moyenne chaque jour sur la commune, en plus d’un développement des sites de forage, la population doit être sensibilisée à une utilisation raisonnée des ressources en eau.

• Augmenter la part des ressources souterraines
La ressource superficielle a pour inconvénient d’être sensible aux événements pluvieux et d’avoir des débits aléatoires au cours de l’année.
Sur Saint André, la position altimétrique des sites de captage de Bras des Lianes, Citronnier et Bras Mousseline est idéale pour une exploitation optimale en gravitaire. A l’inverse, la ressource souterraine est stable qualitativement et quantitativement, sûre, mais est chère à produire (coût de réalisation et d’exploitation du forage).
Ces deux ressources sont donc complémentaires. Seulement il n’y a que 30% de la production d’eau qui est d’origine souterraine. L’analyse de l’exploitation montre qu’il est nécessaire d’augmenter la capacité de production souterraine et donc de diversifier les sites de production.

• Mailler et développer le réseau
Une fois le réseau maillé à toutes les ressources souterraines, la qualité de l’eau s’en trouvera considérablement améliorée pour que toute la population ait accès à l’eau de forage. En revanche, cette eau coûte cher à produire (puisée à 100 mètres de profondeur pour la plupart des forages, le coût en énergie des pompes est élevé). Pour optimiser les coûts d’exploitation, le pompage ne peut être effectué en continu. Cela permet également de préserver la ressource phréatique qui doit être gérée durablement.
L’exploitation optimale consiste à continuer l’exploitation des ressources superficielles tant que les normes ne sont pas dépassées (les paramètres sont suivis en continu) et exploiter les forages en cas de défaut d’alimentation sur les captages.


Pour une consommation économe et raisonnée de l’eau

La commune a la responsabilité de la gestion de l’eau ; les habitants celle de la consommation qui en est faite. Utiliser raisonnablement les ressources permet à la fois au consommateur de réduire sa facture et à la collectivité de mesurer ses efforts d’investissement. La facture d’eau incite d’ailleurs le citoyen à économiser l’eau puisque l’application tarifaire augmente si le consommateur consomme davantage que la normale.
À La Réunion, la population consomme beaucoup plus d’eau que dans les autres DOM : 300l litres par jour et par personne, contre 180 ailleurs. La commune de Saint-André n’échappe pas à ce phénomène. Aussi, des actions de sensibilisation à l’économie d’eau doivent se multiplier pour permettre à la population de mesurer tous les enjeux (économiques, environnements...) relatifs à la gestion raisonnée des ressources.
En période d’étiage, avec la baisse des réserves en eau, la commune et la CISE ont ainsi décidé d’informer en amont la population des risques de coupures ponctuelles d’eau, si la consommation n’est pas contrôlée. Cette opération de sensibilisation s’accompagne d’une application concrète de la collectivité des mesures conseillées, à savoir le non-arrosage des espaces verts.


Les projets de la commune de Saint-André pour l’eau

Conformément à ses prérogatives d’augmenter la distribution d’une eau de qualité pour tous et tout le temps, la commune de Saint-André profite de l’exploitation du site de Ravine-Creuse dans le cadre d’études conduites par le Conseil général pour le transformer en véritable site d’exploitation.
Ce forage peut produire un volume de 7.600 mètres cubes par jour ; production qui sera ramenée à 4.800 mètres cubes par jour car il ne peut être équipé que d’une pompe de 200 mètres cubes par heure.
C’est pour cela qu’il s’agit d’une première tranche de travaux et qu’un deuxième forage de plus gros diamètre est prévu pour 2010. À terme ce sera une production de 19.000 mètres cubes par jour, soit le doublement de la capacité de production d’eau souterraine sur Saint André.
De plus, pour permettre à toutes les unités de distribution de bénéficier de ces ressources souterraines, le projet de réservoir de SARABE sera poursuivi avec la création d’une adduction et d’une distribution pour Bras des Chevrettes depuis ce réservoir (étude actuellement en cours).
Enfin, la capacité de stockage sur le territoire sera également augmentée avec l’installation d’un réservoir supplémentaire de 2.500 mères cubes à Ravine Creuse. Cela permettra d’augmenter l’autonomie de l’alimentation en eau potable de Saint-André par une capacité supplémentaire de 22%.
À plus long terme, la création de 3 nouveaux sites de forages sont programmées : sur les sites de Bras des Chevrettes, Citronnier et Bocage.
En fonction de l’avancement des projets extra-communaux (tel que le projet MEREN du Conseil Général -basculement d’Est en Est) et des besoins, une unité de potabilisation pourrait être nécessaire.

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