Comment sortir de l’impasse causée par Didier Robert et son incapacité à finir la route en mer en 11 ans de mandat

Ericka Bareigts pour la transparence sur le chantier de la « NRL »

9 avril 2021, par Manuel Marchal

Quelques jours après la livraison du viaduc de la NRL, Ericka Bareigts a répondu hier en conférence de presse aux accusations de Didier Robert, président de Région. Ce dernier affirme que si le chantier de la route en mer a pris du retard, c’est à cause des recours dont celui d’Ericka Bareigts. La maire de Saint-Denis met le président de Région au défi de prouver ses allégations la visant personnellement, et appelle à faire toute la transparence sur la situation technique, financière et judiciaire du chantier de la route en mer. Un chantier que Didier Robert a été incapable de mener à bien en 11 années de mandat, en raison d’un manque d’éthique dès le départ, souligne la maire de Saint-Denis.

Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis.

Dans le dossier de la route en mer dite nouvelle route du littoral ou NRL, Ericka Bareigts constate qu’il n’y a pas de transparence, pas d’éthique : « il y a soit une incompétence ou un mensonge inouï organisé dès le début du projet ».
« La NRL était l’engagement majeur de Dodier Robert, elle répond à un problème de sécurité ». Mais à trois mois des élections régionales, « elle n’est pas finie ». Manifestement, le président de Région fait reposer sur d’autres la responsabilité de cet échec. Ce dernier affirme que sans les recours, notamment d’Ericka Bareigts, le chantier n’aurait pas pris autant de retard. « Je mets au défi le président de Région de publier un contentieux déposé par Ericka Bareigts sur la NRL, c’est un mensonge. Didier Robert doit assumer ses responsabilités et pas renvoyer sur d’autres ».
Pour expliquer l’incapacité de Didier Robert à tenir sa promesse d’une NRL sécurisée et gratuite, la maire de Saint-Denis affirme en substance que ce dossier est mal construit parce qu’il a mêlé l’intérêt général à l’intérêt personnel.
Tout commence lors de l’arrivée de Didier Robert à la tête de la Région en 2010. Son prédécesseur, Paul Vergès, avait obtenu de l’État et de l’Europe les crédits nécessaires pour la construction du tram-train et de la Nouvelle route du littoral. Didier Robert s’est empressé de démolir ces deux projets au profit d’un seul : une route en mer à 6 voies. Le président du Conseil régional fraîchement élu a donc renégocié avec le gouvernement l’utilisation de l’argent obtenu par Paul Vergès. En situation de cumul des mandats, Didier Robert devait également quitter sa place de député, ce qui devait ensuite entraîner une élection partielle. Pour éviter de laisser le peuple décider, Didier Robert a négocié une mission parlementaire, ce qui a permis à sa suppléante, Jacqueline Farreyrol, d’être députée sans passer par les urnes. Cette mission parlementaire a duré un an, elle devait déboucher sur un rapport Robert sur le tourisme, où est ce rapport et « était-ce nécessaire de négocier une mission alors que Didier Robert venait d’être président de Région ? », interroge Ericka Bareigts.

Mélange d’intérêts personnels et d’intérêt général

C’est dans le contexte de cette négociation pour satisfaire des intérêts personnels de Didier Robert que se sont déroulées en 2010 les discussions avec l’État pour le financement de la route en mer. « Cette négociation n’est pas à la hauteur des besoins du chantier. La part de l’Etat est de 580 millions d’euros pour une route en pleine mer, alors que l’évaluation de ce chantier était de 1,6 milliard ». Et de préciser qu’ « interrogé par l’opposition sur les dérapages, en 2012 Didier Robert prétendait que l’estimation ne sera pas dépassée, tout en affirmant qu’« il y a des élus qui savent gérer et les autres » ».
« C’est d’une irresponsabilité inouïe », souligne la candidate aux régionales, « car quand on lance un marché on sait qu’il y a une marge ». Elle demande où est l’analyse préalable de gestion de risques. A-t-elle été faite ?
Pour la partie digue, il était prévu « 19 millions de tonnes de roches sorties de la terre réunionnaise ». Le schéma des carrières ne correspondait pas aux besoins en matériaux du chantier, Didier Robert n’avait donc pas d’outil juridique garantissant l’approvisionnement en matériaux pour son chantier.
« C’est sur cette base tronquée que les accords de Matignon sont signés sans prise en compte des aléas et sans solliciter l’Etat pour le financement des dépassements ». Ce sont les faits, et « ce n’est pas bien de mentir avec des conséquences aussi importantes », affirme Ericka Bareigts.
Le chef de l’exécutif régional avait pourtant la possibilité de terminer la route pendant ses 2 mandats successifs. Il aurait dû prendre acte de l’incapacité de trouver les matériaux nécessaires pour faire la moitié du parcours en digue et changer de solution technique en prolongeant le viaduc entre la Grande-Chaloupe et La Possession. La barge réalisée spécialement pour poser les piliers du viaduc était toujours là, tout comme le centre de production des piliers au Port. Mais Didier Robert a refusé et s’est entêté dans sa solution initiale de digue car il a mélangé l’intérêt général et des intérêts particuliers, notamment ses promesses vis-à-vis de certains transporteurs.

« Il faut finir cette route »

Par conséquent, le chantier est à l’arrêt, et La Réunion est dans une impasse budgétaire, technique et sécuritaire. C’est une charge majeure pour les Réunionnais. Ce sont près de 2 milliards d’euros dépensés pour une route pas terminée. Ericka Bareigts fait part de sa volonté de terminer la route. Mais les accords de Matignon n’ont pas prévu cette impasse, « il faudra relancer de difficiles négociations » avec l’État, ajoute-t-elle. Et cela d’autant plus que « personne ne sait à quel niveau de dépenses nous serons ». En termes de contentieux, ce sont en effet plusieurs centaines de millions d’euros qui sont demandés par des entreprises à la Région Réunion en raison de l’impasse du chantier faute de matériaux disponibles. Par ailleurs, quelques semaines avant les municipales, un accord a été signé entre la Région Réunion et le Groupement des entreprises bénéficiaires du marché de la route en mer. Que contient cet accord ?
« Didier Robert doit mettre toutes les pièces sur la table pour que tout soit clair », dit en substance Ericka Bareigts. Car « pour finir la route, il faut la photographie judiciaire et technique de la situation ». Et d’ajouter qu’il faudra vérifier la qualité de tous les travaux. La livraison du viaduc à la Région Réunion a ouvert un délai d’un an pendant lequel des réserves peuvent être émises par le maître d’ouvrage.
« Il faudra trouver la solution technique. Car ce qui est proposé aujourd’hui est de sortir à la Grande Chaloupe pour prendre l’ancienne route », précise Ericka Bareigts qui ajoute qu’il faudra voir dans le monde ce qui est comparable et ce qui peut être fait relativement rapidement en étant attentif à la pression fiscale.
Autrement dit, Didier Robert « laisse une épine dans le pied de chaque Réunionnais ». Quoi qu’il en soit, si Didier Robert refuse de faire la transparence sur son chantier avant de quitter la présidence de la Région, alors l’équipe qui lui succédera le fera afin d’informer la population sur les tenants et les aboutissants de cette affaire.

M.M.

A la Une de l’actuDidier RobertJacqueline FarreyrolRoute du littoralRégionales 2021Ericka Bareigts

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • La nouvelle route du littoral entre la possession et Saint Denis sera certainement achevée probablement avec sa partie digue , mais vu le retard qu’elle a pris sur sa date de livraison prévue initialement en 2018 et vu l’augmentation du budget prévu ,qui sera probablement doublé il vaudrait mieux que la responsabilité de son achèvement soit confiée à d’autres personnes que celles qui sont responsables du retard déjà pris et des dépassements budgétaires déjà engagés .

    Plusieurs personnes ont déjà présentées leur candidature pour les prochaines élections régionales ; certaines ont toutes les compétences requises pour reprendre la responsabilité de l’achèvement de de cette nouvelle route du littoral sans nous précipiter dans un gouffre sans fond , j’espère que les électeurs réunionnais ne se tromperont pas cette fois ci, et choisiront celui ou celle qui pourra terminer ce projet titanesque sans couler le bateau Réunion .

    Mais ce qui est certain c’est que si on on ne remplace pas ceux qui sont aux commande actuellement ,on leur donnera plein pouvoir pour continuer de nous enfoncer un peu plus en se moquant de tout le monde y compris de la justice de notre pays , qui malheureusement ne peut intervenir le plus souvent que lorsque les carottes sont cuites . Nous n’avons pas à la Réunion , même si nous sommes aidés par l’Etat et par l’Union européenne , les moyens de payer une route à 350 millions d’euros le Km quand en France le coût moyen des autoroutes est de l’ordre de 6,2 millions d’euros selon une étude
    très sérieuse réalisée par le SETRA , un service officiel chargé de l’étude des transports sur le territoire national . Avec 40% de sa population au dessous du seuil de pauvreté et un chômage qui touche près de 50% des jeunes de moins de 30 ans et des retards considérables pour certains équipements , notamment dans l’enseignement , la santé, les activités industrielles, commerciales et artisanales , nous avons autre chose à faire avec nos fonds publics plutôt que de les dépenser sans compter dans des projets pharaoniques qui sont en réalité des pompes à fric qui renvoient en Europe l’argent qui est destiné à notre développement sans que nous en profitions réellement et nous font prendre des risques que nous pourrons éviter .. Car lorsque la route sera livrée les chômeurs seront toujours là , les réunionnais seront toujours aussi pauvres et n’auront plus la possibilité de construire les grands équipement qui leur seront nécessaires faute d’argent .

    Certes nous avons l’habitude de payer ce dont nous avons besoin un peu plus cher qu’en France , mais nous obliger à payer 56 fois plus cher une route qui aurait pu coûter beaucoup moins cher c’est une abomination qu’il faut stopper immédiatement . Si la justice ne peut pas stopper ce scandale immédiatement parce qu’elle est tenue de respecter certaines règles de fonctionnement , le peuple lui peut le faire à l’aide son bulletin de vote le jour des élections .