Un président de la République annonce un remaniement ministériel

Existe-t-il encore un Premier ministre à Paris ?

1er mars 2011, par Manuel Marchal

Dimanche soir à la télévision, Nicolas Sarkozy a pris toute l’opinion à témoin pour annoncer le neuvième remaniement ministériel depuis son arrivée à l’Élysée. Cette recomposition au plus haut sommet de l’État fait émerger l’équipe de campagne de la prochaine Présidentielle. François Fillon est réapparu hier dans les médias pour commenter les nominations. Mais pendant le moment décisif, où était le Premier ministre ?

Annoncé six mois à l’avance, le huitième remaniement ministériel sous la mandature de Nicolas Sarkozy avait eu lieu en novembre dernier. Il avait été longtemps question du remplacement de François Fillon, le Premier ministre. Plusieurs prétendants à Matignon s’étaient alors ouvertement déclarés. Mais au final, François Fillon a pu compter sur suffisamment d’appuis pour continuer à diriger le gouvernement. Michèle Alliot-Marie était une autre gagnante du remaniement de novembre, elle devenait en effet ministre des Affaires étrangères. Elle occupait donc une fonction éminemment stratégique au moment où la France allait présider simultanément le G20 et le G8, une grande première pour un État.
L’objectif de cette recomposition était intimement lié au calendrier électoral. Mais elle était aussi le résultat d’un rapport de force à un moment donné. À 18 mois de la prochaine Présidentielle, le président de la République n’avait pas eu les coudées franches pour remanier selon l’objectif qu’il s’est fixé : sortir d’une impopularité record pour tenter d’être réélu en 2012.

Remaniement avant les Cantonales

Moins de trois mois plus tard, la cote de popularité du chef de l’État ne cesse de chuter. La chute de plusieurs régimes sur lesquels s’appuyait la politique étrangère de la France donne une opportunité au chef de l’État.
Une fuite opportune concentre l’attention sur les liens entre la ministre des Affaires étrangères et un proche de l’ancien président de la Tunisie. Le deuxième acte est la révélation du séjour de François Fillon en Égypte alors que des manifestations contre le pouvoir avaient déjà lieu en Tunisie. Le coup de grâce allait être l’annonce d’un coup de fil passé par Michèle Alliot-Marie à l’ancien président tunisien pendant les émeutes qui allaient déboucher sur sa fuite.
Trois mois après le remaniement de novembre, François Fillon et Michèle Alliot-Marie sont fragilisés. Jean-Pierre Raffarin appelle alors le président à une initiative après les élections. Le chef de l’État décide d’agir encore plus vite et précipite le remaniement avant les Cantonales.

Réapparition après la bataille

Outre le départ de Michèle Alliot-Marie, la recomposition fait apparaître l’arrivée au Ministère de l’Intérieur du secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant. Brice Hortefeux, son prédécesseur à l’Intérieur, quitte le gouvernement pour un poste de conseiller de Nicolas Sarkozy. Il sera amené à jouer un rôle important au cours des 14 prochains mois, dans la perspective de l’élection présidentielle. Quant à Claude Guéant, sa présence au Ministère de l’Intérieur apporte la touche finale à cette recomposition, c’est un fidèle du président de la République qui verrouille un ministère hautement stratégique dans le plan de campagne du chef de l’État.
Durant les journées précédant le remaniement et le jour de l’annonce officielle, François Fillon est resté silencieux. Contrairement aux usages en vigueur, c’est le président de la République qui a annoncé les changements directement à l’opinion lors d’une déclaration à la télévision. Ce n’est qu’hier que le chef du gouvernement est sorti de son mutisme, pour commenter à la radio quelques nominations. Force est de constater que François Fillon apparaît donc comme un des perdants de ce remaniement. Sa tête a même été demandée par Yves Jégo, l’ancien secrétaire d’État à l’Outre-mer.
À 14 mois de la Présidentielle, l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy prend forme, elle connaîtra le baptême du feu lors des Cantonales du mois prochain.

Manuel Marchal

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