Comité général du PCR : intervention de Maurice Gironcel

Face à la crise, les propositions du PCR

21 juillet 2014

Dans le rapport présenté par Maurice Gironcel, secrétaire général, c’est tout d’abord un tableau de la situation économique et sociale de La Réunion, qualifiée de « hors norme » par l’INSEE. Ce sont ensuite les propositions du PCR, dans un programme en six points. Voici le contenu de l’intervention de Maurice Gironcel.

Maurice Gironcel décrit le financement du Fonds réunionnais de développement : les transferts financiers de la France vers La Réunion ne devront plus comme maintenant profiter aux monopoles existants et participer à l’accentuation des inégalités. Ces transferts doivent être maintenus mais contribuer au développement du pays.

La situation économique et sociale de La Réunion est connue de tous. Elle est si grave, qu’elle est qualifiée de « hors norme » (INSEE 2013).

- Un taux de chômage le plus élevé de la République (30%). Avec l’augmentation de la population, il s’aggravera encore plus puisque dans les 15 ans à venir la population active augmentera de 50.000 personnes. Le taux d’emploi à La Réunion est très faible : 44%, soit 20% de moins qu’en France, et 26% de moins par rapport aux objectifs européens, qui sont de 70% de taux d’emploi.
- Un niveau de vie très bas, avec 42% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté français.
- Un taux d’illettrisme record (116.000 pour 830.000 habitants).
- Un PIB (produit intérieur brut) par habitant de 17.700 euros, soit 40% inférieur au PIB français.
- Des inégalités insupportables en matière de revenus. À La Réunion, 20% des plus riches concentrent 47% des richesses et 20% des plus pauvres concentrent quant à eux 7% des richesses.
- Dans le domaine de la santé publique, La Réunion détient le triste record d’être au sixième rang mondial concernant le taux de population atteinte du diabète.
- Le taux de mortalité infantile est de 7,6 pour mille à La Réunion, contre 3,8 pour mille en France.
- Le développement des services du fait de la départementalisation et de l’augmentation de la population fait que ceux-ci pèsent de plus en plus sur la structure macro-économique de l’île (avec 84,5% de la Valeur Ajoutée pour le secteur tertiaire, alors que les secteurs primaire et secondaire représentent d’un côté 1,5% et de l’autre 14% selon l’IEDOM en 2012). Ce déséquilibre entre les secteurs d’activités s’accentuera encore, compte tenu de la pression démographique.
- Sur le plan du logement, les attentes sont importantes. Plus de 25.000 familles sont en attente d’un logement décent.

Cette situation n’est pas nouvelle et elle ne fait qu’empirer d’année en année ; et cela, quel que soit le gouvernement en place.

Pourquoi tant d’inégalités et d’injustices ?

Parce que dès 1946, date de la loi transformant les quatre « vieilles colonies » françaises en départements, qui a apporté des améliorations certaine à la vie des Réunionnais, a été néanmoins déviée de son objectif d’égalité dès le départ par le gouvernement, qui a instauré des inégalités qui allaient par la suite s’aggraver.

En effet, à cette date, le gouvernement décidait de rémunérer ses agents servant à La Réunion plus qu’en France pour tenir compte du coût de la vie (53% de sur-rémunération actuellement). Des employés de certains services privés (banques, assurances …) ont par la suite arrachés des avantages similaires tandis que les autres catégories de la population de loin la plus nombreuses ne bénéficiaient d’aucun complément de revenus ; or le coût de la vie est le même pour tous.

Ceci est la base même des inégalités existantes à La Réunion. Comme notre population n’a pas cessé de croître et avec elle le nombre de services publics (et privés), les inégalités ont considérablement augmenté. Selon l’INSEE, La Réunion est le département de la République où les inégalités sont les plus grandes.
Signalons que la décision de l’Etat de sur rémunérer ses agents a crée une rupture avec le principe républicain qui veut l’Egalité dans la Fonction Publique qu’elle soit étatique ou territoriale. En effet, les maires à La Réunion sont dans l’incapacité de titulariser tout leur personnel puisqu’il leur faut sur rémunérer l’ensemble des agents.

Sur le plan économique, La Réunion, de colonie de production qu’elle était, est devenue un territoire de consommation au fur et à mesure de la mise en place de la départementalisation avec les flux financiers de la France vers La Réunion.

De ce fait, des monopoles se sont constitués (automobile, pétrolier, grande distribution…) et ils ont recyclé à leur profit l’essentiel de ces flux. C’est la perpétuation du « colbertisme », qui prévalait sous le régime colonial.

Ce régime du « tout importation » freine la production réunionnaise, ce qui accélère la montée du chômage.

La réponse des gouvernements successifs à ces problèmes d’inégalités et d’injustices a toujours été la même : un peu plus ou un peu moins de défiscalisation pour les entreprises privées, un peu plus ou un peu moins de contrats aidés pour les chômeurs. Ces mesures ont conduit La Réunion dans la situation dramatique et préoccupante que l’on connaît aujourd’hui et l’actuel pouvoir continue dans la même direction avec les mêmes conséquences.

Telle est la situation qui caractérise la crise structurelle qui sévit à La Réunion. Mais elle va s’aggraver encore sous l’effet de trois phénomènes.

Premièrement : la crise conjoncturelle qui sévit dans le monde et en Europe ne laisse aucune marge à la France pour répondre aux urgences de La Réunion. Et cette crise s’ajoute à la crise structurelle réunionnaise.

Deuxièmement : avec la pression démographique, les besoins de la population réunionnaise vont s’accroître dans tous les domaines.

Troisièmement : du fait de la mondialisation des échanges les échéances européennes (fin des quotas sucriers en 2017, incertitude sur l’octroi de mer, les Accords de Partenariat Économiques - APE…) font peser de graves menaces sur toute l’économie réunionnaise et principalement l’économie cannière. (Yvan interviendra spécialement sur l’échéance 2017 pour la canne).

Le PCR est le seul parti à dire qu’il faut faire une autre politique le plus rapidement possible car avec la progression démographique nous n’avons plus aucun sursis.

Tous les ans, ce sont 10.000 jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Le PCR est le seul à dire qu’il faut changer radicalement de cap et il est le seul à proposer des solutions globales et cohérentes, dont il est prêt à débattre avec toutes les organisations politiques, syndicales et associatives démocratiques afin d’aboutir à un projet réunionnais commun le plus largement partagé. Voilà pourquoi le PCR est plus que jamais nécessaire au pays.

Que propose le PCR ? Un programme en 6 points.

1 : Redonner confiance à tous les laissées pour compte de la politique actuelle.

Cela est primordial pour la cohésion même de notre société d’où la réalisation d’un plan d’urgence sociale comportant deux points :

- Pour l’emploi : la création de deux grands services d’intérêt public dans l’environnement et l’aide à la personne ; un moratoire pour le recrutement dans la fonction publique…
- Pour le logement : un plan pluriannuel de construction de logement sociaux (appel à projet pour des modèles économiques)
- Pour le pouvoir d’achat : un relèvement de tous les minimas sociaux.

2 : Mettre en œuvre les grands chantiers pour faire face aux défis du 21ème siècle.

- Mettre en œuvre un plan de transition énergétique et réaliser l’autonomie énergétique.
- Assurer la sécurité alimentaire.
- Sortir du tout-automobile avec le ferroviaire.
- Adapter l’aménagement et les équipements du pays aux effets du changement climatique.
- Renforcer les secteurs traditionnels : agricultures, agro-alimentaire, artisanat, tourisme…

La réalisation d’un tel programme en plus de relever les défis majeurs du siècle est un gisement considérable d’emplois.

3 : Créer un fonds réunionnais de développement, alimenté par la solidarité républicaine, européenne et réunionnaise.
A propos de la solidarité réunionnaise, les transferts financiers de la France vers La Réunion ne devront plus comme maintenant profiter aux monopoles existants et participer à l’accentuation des inégalités. Ces transferts doivent être maintenus mais contribuer au développement du pays.

4 : Promouvoir une véritable politique culturelle et éducative.

5 : Insérer La Réunion dans son environnement géo-économique en pleine mutation et obtenir pour ses élus les moyens de négociations avec les responsables des pays voisins pour un co-développement régional solidaire et durable.

Les pays voisins de La Réunion (la Chine, l’Inde) sont des pays émergents en passe d’occuper les toutes premières places parmi les puissances mondiales.

A quelques centaines de kilomètres seulement de La Réunion, Madagascar verra sa population de 25 millions d’habitants aujourd’hui atteindre 50 millions dans vingt ans. Ces ressources minières et pétrolières sont en train d’être mises en valeur ce qui fera d’elle en quelques décennies un pays riche et développé.

Il est criminel de tenir La Réunion en dehors de cet espace géo économique qui est le sien. A l’intégration à l’Union européenne il est impératif d’intégrer La Réunion dans son espace india océanique. De plus une telle intégration est en autre synonyme de création d’emplois.

6/ Mettre en place une gouvernance réunionnaise démocratique, libre et responsable, avec les pouvoirs de décisions pour tout ce qui concerne notre peuple et, sur le plan institutionnel : un territoire, une assemblée.

Comment faire aboutir ce programme ?

Le populariser le plus largement possible pour avoir l’adhésion de la population. Cela passe notamment par un renforcement du Parti et de ses moyens de communication.

Rassembler, unir les Réunionnaises et les Réunionnais sur l’essentiel.

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