Le ministre avait fait savoir qu’il s’exprimerait sur la mondialisation, ce mouvement actuel du capitalisme qui occasionne « le déplacement des lieux de production de richesses, l’extension et la modification de la géographie des échanges ». « Cette mondialisation, qui quelquefois nous inquiète, qui quelquefois aussi angoisse les entreprises, peut-être aussi (...) sur un certain nombre d’aspects, des atouts pour les territoires ultramarins », a-t-il ajouté.
C’est cette « conviction ministérielle » qui lui fait affirmer la volonté politique « de jouer la carte de la mondialisation pour capter des richesses ». Et dans cette optique, les échanges maritimes ont un rôle de poids, qui détermine la place du port de La Réunion.
Le ministre a ensuite évoqué le nouveau schéma portuaire et le positionnement des ports d’Outre-mer sur ces routes maritimes, l’évolution du statut de ces ports, et ces « adaptations » nécessaires dont les pouvoirs disent toujours qu’elles seront faites dans un esprit “gagnant/gagnant”, et dans le souci d’apporter « les outils dimensionnés à la concurrence d’aujourd’hui ».
Dans la vision ministérielle exposée jeudi soir, le port de La Réunion peut être le premier port de la zone, en dépit des « activités fortes » déployées par l’île Maurice. « L’Ile Maurice n’a pas les investissements, elle n’a pas les outils modernes d’exploitation », a développé Yves Jego, après avoir rappelé que la masse des investissements de l’Etat déjà faits ou en cours sont de l’ordre de 150 millions d’euros (1 milliard de francs). Ces investissements doivent permettre au port, en se développant « sur un 3e site » - a dit le ministre devant son « ami Virapoullé » -, d’atteindre le seuil critique qui permettra à La Réunion « de prendre toute sa place dans la concurrence de l’Océan Indien », tout en donnant droit à la complémentarité des ports entre eux, au sein de l’association qui s’est récemment réunie aux Seychelles. « Dans cette association, j’aimerais que Port Réunion devienne le premier et qu’il ait pour ambition de passer devant ceux qui sont pour le moment en activités plus fortes que les nôtres », a ajouté Yves Jego.
Dans les orientations du gouvernement ainsi exposées, le fait de voir dans l’Outre-Mer « une forme d’exemplarité » à décliner dans tous les domaines - du développement durable aux activités maritimes - renvoie à une vision souvent développée ici par le Président de la Région, comme une invitation à sortir des rapports coloniaux. Mais qui peut affirmer aujourd’hui que la mondialisation, ces « bouleversements des grands équilibres du monde », ne sert pas aussi à la reconstitution de vastes empires ?

P. David