L’impact de la mondialisation ultra-libérale

Faire entendre la voix de La Réunion

21 septembre 2007, par Manuel Marchal

Les Accords de partenariat économique marquent une plus grande intégration dans la mondialisation ultra-libérale. De la manière dont seront prises en compte les spécificités de La Réunion dans cette intégration dépend l’avenir de nombreux producteurs. L’agriculture est particulièrement concernée.

C’est le 1er janvier que doivent entrer en vigueur les Accords de Partenariat Économique (APE) qui vont établir les nouvelles règles du commerce entre l’Union Européenne et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
La Réunion est concernée au premier plan. D’une part, parce qu’elle fait partie de l’Union Européenne, d’autre part, parce que parmi ses voisins sont dénombrés des ACP : Maurice, Madagascar, la Tanzanie, le Mozambique...
Ces Accords suivent la logique ultra-libérale donnée à la mondialisation par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Le 4 avril dernier, l’Union Européenne a proposé aux ACP l’accès illimité de son marché, avec une phase de transition jusqu’en 2015 pour le sucre.
Sachant que les pays ACP exportent les mêmes denrées que celles produites à La Réunion, cela souligne l’ampleur de la menace.

Les producteurs réunionnais menacés

Si une telle proposition était appliquée à la lettre à La Réunion, alors tous les produits tropicaux des ACP pourront arriver en masse dans notre île. Sachant qu’ils sont fabriqués à des coûts de main d’œuvre bien inférieurs, comment les producteurs réunionnais pourraient-ils alors vendre le fruit de leur travail ?
Pour la filière canne-sucre, cette menace est amplifiée par l’entrée en vigueur de "Tout sauf les armes", initiative de l’Union Européenne. Dès juillet 2009, le sucre des Pays dits les Moins Avancés (PMA) entrera en Europe sans quota, ni droit de douane. Les PMA anticipent cette mesure. L’an dernier, le Mozambique a exporté 175.000 tonnes de sucre. Et d’ici 2012, tout comme le Mozambique, la Tanzanie vise un objectif de 500.000 tonnes de sucre.
De plus, il ne faut pas perdre de vue la croissance de la production chez les géants démographiques. Le Brésil prévoit de récolter pour cette campagne 542 millions de tonnes de cannes, soit 15,2% de plus que la précédente qui avait déjà atteint un niveau historique. L’essentiel de cette hausse sera absorbé par la transformation en éthanol. Mais il n’empêche que le Brésil compte maintenir sa production sucrière à 30 millions de tonnes.

Défendre l’intérêt général

C’est dans ce contexte que se déroule l’intégration de La Réunion à la mondialisation ultra-libérale. Cela souligne l’importance vitale de la prise en compte des spécificités de La Réunion dans ce processus.
Autant dire qu’il est plus que jamais nécessaire de rassembler largement les Réunionnais autour de cette cause, afin que l’intérêt général de La Réunion soit pris en compte. Car les producteurs réunionnais, et en particulier les agriculteurs, ont beaucoup à perdre si cette mobilisation n’atteint pas son objectif. Dans une île déjà ravagée par le chômage et qui doit faire face à de nombreux défis, il est essentiel que la cause du développement du pays soit entendue et relayée au plus haut niveau international, afin qu’elle puisse être entendue par ceux qui déterminent l’orientation ultra-libérale de la mondialisation.

Manuel Marchal


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