Le PCR et les conséquences de la décision du ministre de l’Éducation nationale

Fonction publique : 15.000 emplois pour les Réunionnais c’est possible

25 juillet 2012, par Manuel Marchal

Vincent Peillon a décidé d’étendre à La Réunion une mesure obtenue par l’intervention d’Alfred Marie-Jeanne pour la Martinique : la garantie pour les contractuels reçus à un concours d’enseignement d’être nommé dans leur île. Pour le PCR, cette avancée montre qu’il est possible d’aller plus loin. Le Parti relance l’idée d’un moratoire sur 15 ans afin que tous les postes se libérant dans la fonction publique soient pourvus par des Réunionnais lauréats de concours. Sur les prochaines 15 années, 15.000 emplois sont possibles.

Lors d’une rencontre hier avec les journalistes, Yvan Dejean, membre du secrétariat du PCR, et Julie Pontalba, membre de la direction collégiale du Parti, ont expliqué comment une décision du ministre de l’Éducation nationale ouvre une brèche qui permet d’envisager une tout autre gestion des compétences dans la fonction publique, ce qui ne pourra qu’inspirer le secteur privé. Sur la base des propositions rappelées hier, le Parti communiste réunionnais estime qu’au cours des 15 prochaines années, il est possible que 15.000 jeunes Réunionnais puissent avoir droit à un emploi pérenne dans la fonction publique.
Le 6 juillet dernier, le Parti communiste réunionnais avait organisé une conférence de presse pour alerter sur les discriminations subies par des Réunionnais reçus au concours de chef d’établissement. À compétence égale, des Réunionnais sont obligés de quitter leur île alors que des fonctionnaires venant de France ont un emploi ici. Cette communication rappelait également que depuis de très nombreuses années, le PCR demande que s’applique des règles expérimentales permises par la Constitution pour mettre fin à ces discriminations.

Nous devons aller plus loin

C’est en particulier l’idée d’un moratoire sur les recrutements dans la fonction publique. C’est-à-dire que chaque poste mis en mouvement dans toutes les administrations sera pourvu en priorité par un Réunionnais ayant les compétences requises, par dérogation au système habituel qui privilégie de fait le recours à une main d’œuvre venue d’ailleurs.
Ce moratoire permettra de faciliter la mobilité des Réunionnais au sein de la fonction publique, cassant le plafond de verre qui amène des compatriotes à renoncer à une promotion qui signifie l’exil, dit en substance Julie Pontalba. Car quand un Réunionnais est promu dans son administration, il libère alors un poste qui pourra être pourvu par un autre Réunionnais reçu à un concours, ajoute-t-elle.
Toutes ces avancées sont aujourd’hui envisageables suite à une décision du ministre de l’Éducation nationale. Le 17 juillet dernier, il a répondu favorablement à une demande faite par Alfred Marie-Jeanne, député de la Martinique, rappelle Yvan Dejean. En Martinique, les contractuels de l’Éducation nationale reçus à un concours ont désormais la certitude d’être nommés en Martinique. Quelques jours plus tard, « Vincent Peillon a étendu cette mesure pour la rentrée 2012 à La Réunion », poursuit le représentant du PCR. « Cette décision de Vincent Peillon a ouvert une brèche. Elle démontre qu’on peut déroger à la loi, et maintenant il faut aller plus loin », ajoute-t-il : « pourquoi ce qui est possible pour les contractuels ne le serait pas pour tous ceux reçus dans leur académie d’origine aux concours nationaux ? ».
Les besoins en enseignants sont énormes, c’est un gisement d’emplois pour la jeunesse réunionnaise.

Une traduction du changement

« Le gouvernement a vraiment l’occasion de faire quelque chose pour le changement et l’avenir des Réunionnais », précise Yvan Dejean.
« Le 31 juillet, une rencontre est prévue à Paris entre Marylise Lebranchu ministre de la Fonction publique, Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, et les parlementaires des DOM. La proposition du moratoire est la contribution du PCR compte-tenu de la situation particulière que nous connaissons à La Réunion à cause du chômage ».
« Ouvrons une perspective crédible pour notre jeunesse », appelle Yvan Dejean qui conclut en rappelant que la contribution du PCR entre dans le cadre du programme de François Hollande. « C’est le paragraphe 3 des 30 propositions pour l’Outre-mer, il gagnerait à l’appliquer ».

M.M.


La Constitution permet le moratoire

Julie Pontalba rappelle que le projet du moratoire était déjà présent dans le "Pacte pour un développement social et solidaire" publié en 1995, réaffirmé dans "le Nouveau contrat social" édité en 2006. Le document validé par la Conférence extraordinaire du PCR du 19 février prévoit ce type de mesures. Il a été remis à François Hollande qui a obtenu par la suite 71% des suffrages à La Réunion.
« Les contractuels peuvent au moins faire leur stage dans leur pays, pour nous c’est une brèche. Il faut aller plus loin, et l’étendre à tous ceux qui habitent ici », ajoute Julie Pontalba qui précise les contours du moratoire : « nous souhaitons que le gouvernement valide le concept du moratoire.
Que tous les postes vacants à La Réunion restent pour les Réunionnais qui ont leurs attaches morales et familiales ici »
.
Après le passage d’une mission sénatoriale à La Réunion en 2009, son rapporteur Eric Doligé avait signalé que sur 1.000 postes créés dans l’Académie, 900 étaient pourvus par des personnes venant de France. C’est à ce jour la seule indication disponible publiquement.
Sur cette base, le PCR estime que le moratoire permettra l’embauche de 15.000 à 20.000 Réunionnais dans la fonction publique en 15 ans. Car au renouvellement habituel vont s’ajouter les postes créés pour répondre à l’accroissement de la population d’un pays qui passera de 800.000 à un million d’habitants.
Le PCR propose que ce moratoire entre dans le cadre de l’expérimentation, inscrite dans la Constitution depuis 2003.


Le recrutement réunionnais a déjà existé

Yvan Dejean rappelle que dans l’histoire de La Réunion, à deux reprises il a été possible de déroger à la loi en matière de recrutement de personnels enseignants. Ce fut tout d’abord le concours de recrutement des instituteurs remplaçants (CRIR) dans les années 60. Il fallait être titulaire du brevet élémentaire et d’avoir 18 ans. Après le recrutement, la titularisation s’effectuait après plusieurs années de pratique validées par une inspection.
Il y eut ensuite, sous la présidence d’Eric Boyer au Conseil général, un protocole avec le recteur pour recruter des enseignants au niveau du DEUG alors que le droit commun les obligeait à détenir la licence.
Ces mesures dérogatoires ont permis de recruter des enseignants réunionnais tout à fait compétents, puisqu’ils sont intégrés dans l’Éducation nationale au même niveau que leurs collègues recrutés selon les règles du droit commun.

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