Les mesures urgentes et prioritaires : l’emploi et le développement économique - 3 -

Fonction publique et Conférence permanente pour l’emploi

Notre candidat : La Réunion

10 avril 2007

Appliquer les mesures constitutionnelles et législatives pour favoriser l’embauche de Réunionnais dans la fonction publique à La Réunion et créer d’une Conférence permanente pour l’emploi regroupant les différents partenaires : ces deux mesures visent à être des outils pour relever un défi considérable. Deux mesures sur lesquelles l’Alliance demande la position de tous les candidats à la Présidentielle. Si, aujourd’hui, La Réunion compte plus de 100.000 chômeurs, la population active augmentera de 144.000 personnes au cours des 20 prochaines années du fait de l’accroissement démographique. Ce sont donc près de 250.000 emplois à créer pour que le droit des Réunionnais à un travail soit respecté.

L’emploi dans la fonction publique

Dans ce domaine aussi, la situation de La Réunion n’est pas comparable à celle la Métropole. Il convient de procéder à un inventaire des besoins tenant compte : du retard dans l’encadrement dont souffre La Réunion, des besoins nouveaux induits par la progression démographique et des remplacements à pourvoir du fait des départs à la retraite.
Pour atteindre les ratios d’encadrement équivalents aux départements de Métropole, des milliers d’emplois doivent être créés dans les secteurs de la fonction publique, du para-public et des collectivités locales.

C1 - Créer un Institut Régional d’Administration (IRA)
Cet outil doit permettre aux jeunes diplômés Réunionnais de se former aux métiers de la fonction publique.

C2 - Renforcement des moyens de l’IUFM et de l’Université
Compte tenu des besoins en matière d’enseignement, il convient de définir un plan de formation renforcé pour préparer les jeunes de La Réunion aux métiers de l’éducation.

C3 - L’application des dispositions constitutionnelles
L’application des dispositions constitutionnelles avec, en particulier, le droit à l’expérimentation, combinée avec les dispositions législatives et réglementaires existantes (système de bonification par exemple), favorisera l’accès des Réunionnais aux emplois nouveaux créés.

La Conférence permanente pour l’emploi

Cette Conférence permanente regroupera l’État, les Collectivités, les Chambres consulaires, les organisations syndicales patronales et salariales, ainsi que les associations de lutte pour l’emploi et de lutte pour l’insertion.
Elle doit permettre un meilleur fonctionnement du marché de l’emploi ; elle aurait pour missions principales :
• définir les besoins
en postes au plus près de la demande tant dans les secteurs de l’économie concurrentielle, de l’économie alternative que dans dans le secteur public, et de prévoir les formations adaptées ;
• évaluer l’impact des mesures prises en faveur de la création d’emplois (évaluation des dispositifs de la Loi d’Orientation pour l’Outre-Mer et de la loi programme, évaluation des aides des collectivités etc...) ;
• garantir une meilleure transparence du marché de l’emploi ;
• inciter les entreprises à contracter des pactes pour l’emploi avec l’ANPE et/ou l’Université.
L’État doit encourager ces mesures dans l’esprit de la loi en faveur de la gestion prévisionnelle des emplois.


Paroles de Réunionnais

Jacky Balmine, Secrétaire de la Fédération BTP de la CGTR

« Les 35 heures peuvent créer deux fois plus d’emplois dans le BTP »

Quelles sont, à votre avis, les conditions à préparer pour que les grands contrats qui font le socle du programme de l’Alliance soient un réel facteur de dynamisme de l’économie réunionnaise ?
- La première chose serait de ne pas refaire ce qu’on a fait pour la route des Tamarins, où la formation à certains métiers a été commencée très en retard. Certains jeunes ont fait leur formation alors qu’on avait fini le recrutement pour la route des Tamarins depuis longtemps et que le groupement SBTPC-Vinci avait fini de recruter pour le nouveau port. Je l’ai dit franchement aux jeunes devant quelqu’un de la Chambre de Commerce qui m’a regardé de travers, mais je pense qu’il ne faut pas mentir là-dessus.
Pour les grandes réalisations - le tram-train, la route littorale, la route future de moyenne altitude... - cela va mobiliser beaucoup de travailleurs du BTP. C’est tout à fait exceptionnel, ce que le Président Vergès a réussi. Il faut tout mettre en œuvre pour que les travailleurs formés pour la route des Tamarins ne restent pas sur le carreau quand ce chantier va se terminer. Si des jeunes, en sortant de la route des Tamarins, ne trouvent pas très vite à travailler ici sur d’autres chantiers, ils vont partir : ils auront de telles références qu’on va très vite chercher à les embaucher ailleurs. Avec le savoir-faire acquis, il faut tout faire pour qu’ils restent et qu’ils puissent transmettre à d’autres.
Pour le tram-train, il y aura beaucoup plus d’emplois encore, à peu près le double de ce qu’il y a sur la route des Tamarins. Le Bâtiment va vraiment décoller, et il ne faut pas faire des formations que pour des conducteurs d’engins ; il faudra aussi des cadres, et il faut pousser pour que des Réunionnais aient toute leur place dans l’encadrement.
Le tram-train aura besoin de 3.000 salariés pour son seul fonctionnement. Il faut qu’on arrive à anticiper les besoins en postes, pour prévoir les formations adaptées. Et il faut commencer tout de suite, si on ne veut pas entendre les patrons dire qu’ils font venir des travailleurs de l’extérieur parce qu’on n’a pas ce qu’il faut ici.
Et il y a aussi une dernière chose : si on arrive à maintenir les 35 heures, dans le BTP, cette mesure peut créer deux fois plus d’emplois. Il ne faut pas écouter les sirènes de Sarkozy, du genre “travailler plus pour gagner plus”... ça n’a aucune réalité !.

Propos recueillis par Pascale David



Marie-Claire Hoareau, Secrétaire adjointe de l’UNSA

L’Institut Régional d’Administration pour faciliter l’accès des jeunes à l’emploi

Marie-Claire Hoareau, vous êtes Secrétaire adjointe de l’UNSA. Que pensez-vous de la proposition contenue dans la troisième partie du volet Emploi qui réside dans la création d’un Institut Régional d’Administration, un outil qui doit permettre aux jeunes Réunionnais de se former aux métiers de la fonction publique ?

La création d’un Institut Régional d’Administration est une revendication qui a été portée depuis de nombreuses années par l’UNSA Education et aujourd’hui par l’UNSA. Nous estimons que si notre système éducatif s’est amélioré et permet, aujourd’hui, à de nombreux jeunes d’atteindre des niveaux d’étude satisfaisants, pour autant, leur insertion professionnelle dans les secteurs privé ou public n’est pas encore assez performante. Et pourtant, de nombreux emplois sont créés chaque année. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des outils et des moyens leur permettant d’accéder plus facilement à ces emplois. La création d’un Institut Régional d’Administration concourra à cette facilitation. Nos jeunes auront ainsi à leur disposition une structure qui existe dans d’autres régions, elle leur permettra de montrer leur potentiel comme nous avons pu le constater au niveau de l’IUFM. Rappelons aussi que les IRA donnent une formation permettant à ceux qui la suivent de passer des concours nationaux.

Propos recueillis par Matthieu Damian


Daniel Briandy, Directeur de l’association les Béliers

« Il y a matière à créer une filière professionnelle »

Je pense qu’il faut mener une réflexion générale sur l’environnement et la situation des personnels précaires qui travaillent dans ce secteur. On pense aux “emplois verts”, mais l’environnement ne doit pas être uniquement abordé sous l’aspect de sa gestion et de sa protection qui demandent déjà beaucoup de travail. L’environnement est à mettre en lien avec d’autres secteurs comme le tourisme, l’agriculture, qui peuvent, ensemble, générer de nouvelles niches d’emplois. L’environnement, c’est aussi le travail scientifique sur les espèces rares de la faune et de la flore, sur les énergies, la gestion et la valorisation des ressources, une politique de traitement des déchets... il y a matière à créer une filière professionnelle. Mais, selon moi, il faut d’abord dresser un bilan, répertorier les besoins et les priorités, puis décliner des programmes de formations qui permettront à certaines personnes qui ont certes de l’expérience, mais un faible niveau scolaire, de pouvoir accéder à des qualifications, voire des spécialisations, pour déboucher sur des emplois durables. Pour ma part, l’environnement est un atout de poids pour La Réunion sur bien des aspects.

Propos recueillis par Stéphanie Longeras


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