Le président de la République veut placer la question institutionnelle dans les thèmes de la campagne de l’élection présidentielle
François Hollande veut supprimer le poste de Premier ministre et réduire le Sénat à un rôle symbolique
8 juin 2016
Hier sur Europe1, François Hollande a indiqué ce qui pourrait être un axe de la campagne qu’il mènerait pour sa réélection. Il voudrait que la question institutionnelle soit dans les débats de la présidentielle 2017, et proposerait de supprimer le poste de Premier ministre et d’enlever au Sénat la possibilité de voter les lois. La Haute Assemblée serait réduite à un statut de conférence des collectivités territoriales.
François Hollande
La candidature de François Hollande à la présidentielle de 2017 se précise de jour en jour. Le président de la République a fait des annonces hier sur les ondes de la radio Europe1. Lors de la campagne de 2012, François Hollande avait fait de la lutte pour l’emploi une priorité, il demandait à être jugé sur l’évolution du chômage et s’engageait à ne plus solliciter les suffrages des électeurs s’il avait échoué dans ce domaine.
Hier sur Europe1, le chef de l’État a changé de registre. Il souhaite que la question des institutions soit un des grands thèmes de la campagne de la présidentielle de 2017, c’est le sens de ces déclarations.
C’est une nouvelle déclinaison de son mot d’ordre maintes fois employé de simplification. Cette fois, ce sont le Premier ministre et le Sénat qui sont visés. Il considère que le président de la République est le véritable détenteur de la responsabilité de gouverner, car tout remonte vers lui. C’est pourquoi il propose de supprimer le poste de Premier ministre. Il veut également raccourcir la durée des débats parlementaires. Il voudrait donc que seule l’Assemblée nationale puisse voter les lois. Le rôle de Sénat serait réduit de fait à une conférence de représentants des élus des collectivités territoriales.
Vers un président simple chef d’une majorité parlementaire ?
La tendance est donc au renforcement de la présidentialisation du régime et à son orientation partisane. Sans Premier ministre, ce serait donc le président de la République qui assumerait directement le rôle de chef de la majorité. Difficile dans ces conditions de parler d’un président de la République au-dessus des partis. Ensuite, retirer au Sénat le droit de voter les lois signifie que l’initiative législative ne pourra venir que des parlementaires élus dans la foulée de l’élection présidentielle. Le Sénat ne pourra plus apporter un certain contre-pouvoir quand sa majorité n’est pas la même que celle de l’Assemblée nationale.
Les mesures renforcent donc le poids déjà écrasant de l’élection présidentielle par rapport aux autres scrutins dans la vie politique française. Cela ne favorisera sans doute pas la mobilisation des citoyens lors des régionales, départementales et municipales où sont pourtant désignés des élus dotés de compétences plus larges qu’auparavant.
Si au cours de la prochaine élection présidentielle, le débat s’oriente vers les questions institutionnelles, alors cela réduira d’autant la place du social alors que la réponse à l’urgence est ce qui correspond le plus aux attentes immédiates de la population.