Sénatoriales : un scrutin de clarification à La Réunion
Gélita Hoarau double son potentiel de voix
27 septembre 2017, par
Les élections sénatoriales se sont conclues à La Réunion par la désignation de quatre sénateurs de droite sur quatre alors que cette obédience politique n’en avait que deux sur quatre au précédent vote. Dans ce scrutin de clarification, l’enseignement principal reste le résultat de Gélita Hoarau, qui a doublé son potentiel de voix.
Les élections sénatoriales sont un scrutin particulier. Les sénateurs sont en effet désignés par le vote de grands électeurs qui sont soit des élus, soit des délégués supplémentaires accordés aux communes plus fortement peuplées.
Les élections sénatoriales 2017 plaçaient la droite en position de force. Elle dirige en effet la Région et le Département, ainsi que la plupart des communes. De plus, elle avait réussi à s’entendre pour présenter une liste unique.
La « plate-forme » ne fait pas le plein
Le résultat appelle plusieurs commentaires. La liste de la plate-forme de la droite remporte 3 sièges. Il lui a manqué 41 voix pour obtenir 4 sénateurs sur 4 et donc la réélection de Michel Fontaine. Pendant ce temps, Brigitte Hoarau, tête de liste de la République en marche, a obtenu 96 voix. Mais d’où peuvent venir ces voix ? Une crise est en train d’éclater sur cette question. Le score de la plate-forme de la droite va encore approfondir la fracture entre Didier Robert et Michel Fontaine.
Au moment de ces élections sénatoriales, le PS disposait du plus important potentiel électoral derrière celui de la plate-forme de la droite. En effet, le PS dirige Saint-Denis, Saint-Benoît, Saint-Joseph ainsi que Sainte-Rose. Les socialistes avaient donc un nombre de grands électeurs largement suffisant pour assurer l’élection d’un sénateur. Au final, il n’en a eu aucun. La Fédération PS et la ville de Saint-Denis ont d’ailleurs fait élire une personne qui s’est toujours située à droite. Du côté du PS, la crise n’a pas attendu, Wilfird Bertile a décidé de démissionner et a rendu public ce choix hier.
Recul du PS et de son allié PLR
Le déclin du PS à La Réunion se confirme. Aux législatives de 2012, il avait gagné 5 députés sur 7, il n’en a plus qu’un. Aux sénatoriales de 2011, le PS avait obtenu un sénateur, il n’en a plus alors qu’il disposait du second plus important réservoir de grands électeurs de La Réunion. Le PS paie aujourd’hui sa ligne anti-communiste.
Le même constat est à faire du côté de son alliée Huguette Bello qu’il a instrumentalisé contre le PCR. Le PLR n’obtient lui non plus aucun élu.
Il était pourtant possible d’avoir un autre résultat que l’élection de quatre sénateurs de la même obédience politique. Gélita Hoarau était la sénatrice sortante et la seule femme à se représenter. Un des principes de la politique, c’est la priorité au sortant. C’est sur la base du principe de « priorité au sortant » que le PCR a donc proposé une union aux forces de progrès pour un sénateur.
Du respect des principes
Gélita Hoarau avait proposé une alliance de Saint-Joseph à Saint-Denis en passant par Le Port, Ce projet a été refusé sous divers prétextes. Tout d’abord, Gilbert Annette a rejeté la main tendue en affirmant travailler avec PLR. L’alliance PS-PLR a fini par une division, pourquoi avoir menti ?
Quant à PLR, il refusait de respecter le principe de la priorité au sortant en exigeant la tête de liste comme préalable à tout accord avec le PCR. PLR affirmait officiellement avoir la « légitimité » pour avoir un sénateur. Finalement, PLR s’est rangé derrière Wilfrid Bertile, un socialiste dissident. Là aussi, pourquoi avoir menti ?
Malgré tout ces obstacles, Gelita Hoarau n’a pas renoncé et est resté sur le plan des principes. Le résultat a été un doublement de ses voix par rapport à son potentiel de départ alors du côté des autres listes, c’était le nombre attendu voire une régression. Ce doublement du potentiel électoral repose notamment sur le respect des principes en politique, un message qui a su convaincre des grands électeurs à franchir le pas en votant pour Gélita Hoarau, alors qu’elle n’était pas soutenue par leur maire.
M.M.