Sénat : Projet de loi de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement


Gélita Hoarau souligne les avancées de La Réunion

29 janvier 2009

Mardi 27 janvier dans la soirée, le Sénat entamait le débat sur le projet de loi de programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement.
 La Sénatrice Gélita Hoarau, dans son intervention, a notamment souligné les avancées de La Réunion en matière de maîtrise de l’énergie, de l’utilisation des énergies renouvelables, de la diminution des émissions de gaz à effet de serre et de la préservation de la biodiversité. 
Elle a également présenté des amendements (sur lesquels nous reviendrons dans nos prochaines éditions) portant sur la biomasse, l’agriculture et l’utilisation des zones endiguées et le bouquet énergétique.
 Nous reproduisons ci-dessous l’intégralité de son intervention lors de la discussion générale du projet de loi, avec des intertitres de Témoignages
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Dès les années 90, la Région Réunion s’est engagée résolument dans une stratégie de développement durable, notamment avec la maîtrise de l’énergie, la recherche et l’utilisation d’énergies renouvelables, la préservation de la biodiversité et la lutte pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Cela n’est pas le fait du hasard, puisque le Président de la Région Réunion est le Sénateur auteur de la proposition de loi votée en 2001 à l’unanimité ici même au Sénat d’abord, puis à l’Assemblée nationale, faisant de la lutte contre les effets du réchauffement climatique une priorité nationale. Aussi, le Président Vergès a tenu à faire de ces problèmes un axe fort de son action régionale.

Autonomie énergétique pour 2025

Dès 1999, lors du colloque organisé par le Syndicat des Energies Renouvelables au siège de l’UNESCO, la Région Réunion s’est fixée pour objectif l’autonomie énergétique de l’île dès 2025. Ce projet ambitieux, qui est d’atteindre l’autosuffisance en matière de production d’électricité, est exemplaire au niveau mondial. Il a impulsé une nouvelle politique énergétique basée sur l’utilisation de la biomasse, des énergies solaire et éolienne et la recherche sur les énergies marines ainsi que la géothermie. Cet objectif est au cœur du Plan Régional de Développement Durable adopté en novembre 2006. Il a aussi inspiré l’an dernier le programme GERRI du gouvernement et le projet de “Ile verte” de La Réunion Economique.
Plus récemment, lors de la conférence de l’Union européenne et l’Outre-mer avec l’UICN, qui s’est déroulée à La Réunion en juillet 2008, sur les stratégies face au changement climatique et à la perte de la biodiversité, La Réunion s’engageait à réduire de 100% en 2050 le taux de pollution en CO2 dans l’île. Dans le même temps, le G8, réuni en Europe, fixait pour cette échéance son objectif de réduction à 50% seulement.

Au-delà de ces proclamations, La Réunion peut déjà afficher un certain nombre de résultats montrant qu’elle est en mesure d’atteindre ces objectifs.
La Réunion détient une des plus grosses fermes nationales de panneaux photovoltaïques d’une capacité de 1,5 méga watt. Grâce à des aides substantielles de la Région d’abord, puis de l’Etat, La Réunion possède un des meilleurs taux d’équipements en chauffe-eau solaires au monde. 36% de la production d’électricité dans notre île sont obtenus à partir d’énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne, biomasse avec les 2 centrales thermiques bagasse/charbon). Ce pourcentage devrait s’accroître dans l’avenir avec les projets d’énergie solaire en cours de réalisation.

Protection de la biodiversité

Le Grenelle de l’Environnement accorde une importance particulière à la préservation de la biodiversité et aux services qui y sont associés.
De ce point de vue, La Réunion dispose encore d’une biodiversité riche et unique au monde. L’Union Européenne, lors de la conférence avec l’UICN, que j’ai évoquée précédemment, a déjà souligné la contribution importante de notre département au patrimoine mondial de la biodiversité et l’urgence de mener des actions de masse pour préserver la richesse de ce patrimoine gravement menacé. Dans cette optique, La Réunion a décidé de créer une Réserve naturelle marine et un Parc national qui recouvre 42% de son territoire. L’importance de cette superficie soumise aux contraintes qui s’imposent pour sanctuariser ce périmètre montre l’intérêt que portent les Réunionnaises et les Réunionnais à leur patrimoine.
Sa sauvegarde et sa mise en œuvre nécessitent la création de milliers d’emplois. A ce sujet, nous avons eu l’occasion de proposer à Mr le Haut Commissaire aux Solidarités Actives contre la Pauvreté la création dans ce domaine d’un vrai service public qui entrerait dans le champ d’application du RSA.

A La Réunion, la prise en compte de l’urgence écologique constitue donc une volonté politique forte et concrète. Elle se traduit déjà par des résultats qui ont d’ailleurs été soulignés au plus haut niveau de l’Etat. Mais beaucoup reste encore à faire.

Maîtrise de la consommation

Votre projet de loi, Monsieur le Ministre, est un outil qui pourrait aider La Réunion dans les efforts qu’elle accomplit dans ce domaine. Mais il convient de l’amender pour qu’il ne soit pas en deçà de la volonté affichée par notre département.
C’est ainsi, par exemple, que l’article 49 limite à 50% le taux de pénétration des énergies renouvelables (ENR) pour l’ensemble de l’Outre-mer, alors que La Réunion, qui s’est inscrite dans une démarche d’autonomie énergétique basée sur la Maîtrise de la Demande en Energie, table sur un taux de 100%.
En outre, le programme relatif à la maîtrise des consommations semble se limiter à l’adoption d’un plan climat dans chaque collectivité en 2012. Or, cet axe est prioritaire et mérite donc la mise en œuvre, dès maintenant, d’actions concrètes, notamment la fixation d’une date pour la mise en place de la réglementation thermique par décret interministériel. Ces mesures doivent cependant tenir compte des niveaux d’engagement différents dans chaque DOM, afin de ne pénaliser aucun d’entre eux.

Votre projet de loi, Monsieur le Ministre, affiche des ambitions certaines. Il dénote toutefois quelques insuffisances, notamment sur les moyens financiers et leurs répartitions entre tous les partenaires (Etat, Collectivités locales, etc...). Cependant, il se distingue aussi par son innovation. Mais le développement durable implique une remise en cause des comportements actuels ainsi que des modèles de développement qui conduisent à des catastrophes économiques, sociales et écologiques. Il doit aussi faire surgir une nouvelle façon de penser de toutes et de tous, fondée sur la solidarité des humains entre eux et de ceux-ci avec toutes les espèces animales et végétales de leur planète.
Cette prise de conscience collective passe aussi par des actions ponctuelles ou individuelles et, même si nous sommes dans une petite île, nous souhaitons apporter notre modeste contribution.

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