Contre le plan d’austérité

Grèce : l’opposition au gouvernement persiste

13 novembre 2012, par Céline Tabou

Des milliers de personnes ont manifesté dimanche 11 novembre devant le Parlement où les députés devaient voter le budget de rigueur 2013, prévoyant la poursuite de la récession et de nouvelles coupes dans les salaires et retraites.

A l’appel des principaux syndicats du privé (GSEE) et du public (Adedy), les Athéniens se sont rassemblés sur la place Syntagma, centre de la contestation depuis 2010, contre les plans successifs d’austérité en échange des prêts UE-FMI pour éviter à la Grèce la faillite.

Le passage en force des mesures

Selon la police, citée par les agences de presse, le plus important rassemblement était composé du Front de lutte des travailleurs (Pame), proche des communistes, avec 10.000 manifestants. De leur côté, les syndicats et les partis d’opposition ont rassemblé près de 5.000 personnes. Malgré une intensité moindre qu’il y a quatre jours, le défilé s’est déroulé dans le calme des deux côtés. Dénonçant la loi-cadre pluriannuelle prévoyant des coupes de 18 milliards d’euros d’ici 2016, dont la moitié en 2013, de nombreux manifestants ont perdu espoir, mais continuent de se mobiliser.

Un manifestant a indiqué à l’“Agence France Presse” : « Nous sommes là pour prouver qu’on ne se résigne pas ». De son côté, le Parlement grec a adopté, dans la nuit de dimanche à lundi 12 novembre, le nouveau budget de rigueur de 2013 afin que le pays échappe à une faillite rapide et que celui-ci puisse de nouveau compter sur le soutien de ses bailleurs de fonds. 167 députés sur les 300 ont voté en faveur de ce budget. Le principal problème de cette loi reste le même depuis le début de la crise de la dette en 2010. Il s’agit d’accepter 9 milliards d’euros d’économies pour 2013 et « une sixième année consécutive de récession », ou « risquer de placer le pays asphyxié en défaut de paiement dans un délai relativement rapide ».

La coalition au pouvoir résiste

Le budget a obtenu 167 voix sur les 168 estimés. Ces voix se concentrent sur les trois partis, soutiens de la coalition au pouvoir : la droite Nouvelle-Démocratie, les socialistes Pasok et la gauche démocratique Dimar. 128 députés des partis de l’opposition ont voté contre et 4 se sont abstenus sur les 299 présents (sur 300), selon le décompte officiel. Le leader du Pasok socialiste, Evangélos Vénizélos, a de nouveau soutenu l’austérité, après l’avoir mise en place en 2010 et en avoir payé le prix lors des dernières élections. « La Grèce est arrivée au bout de ses forces », a-t-il dit, en appelant à une résolution du problème de la dette à la veille de la réunion à Bruxelles des ministres des Finances de la zone euro.

Fotis Kouvélis, chef du Dimar, a voté le budget, mais s’est abstenu sur la loi pluriannuelle. De son côté, le leader de l’opposition Alexis Tsipras, qui dirige le parti de gauche radicale Syriza, s’est inquiété de la situation de la dette. « La dette n’est pas soutenable, seule Mme Merkel le croit », a-t-il déclaré à l’“AFP”, en réitérant sa proposition « d’un effacement de dette avec clause de croissance ».
A quelques jours de grèves et de protestations anti-austérité pan-européennes, le 14 novembre, qui devront toucher les pays du Sud de l’Europe, Alexis Tsipras a appelé à une « solution globale pour l’effacement d’une grande partie de la dette de ces pays ».

Céline Tabou

L’austérité devient insoutenable

D’après le site économie-matin, le FMI a expliqué qu’il y a « un risque que l’austérité devienne politiquement et socialement intenable dans les pays de la périphérie » de la zone euro, notamment en Grèce, au Portugal et en Espagne. En octobre 2012, le FMI avait demandé aux dirigeants européens de « lever le pied sur la rigueur ». Selon un rapport publié le 8 novembre, à l’occasion du prochain Sommet du G20 au Mexique : « Il faudra encore des années pour mener à bien les réformes budgétaires et structurelles » dans ces pays. Lors de son assemblée générale en octobre à Tokyo, l’institution avait reconnu que les plans d’austérité avaient un impact négatif sur la croissance dans les pays européens soutenus financièrement. Le FMI a également mis en avant un autre risque pesant sur la zone euro, certains pays pourraient retarder leur recours aux mécanismes d’aide pour des « raisons politiques », comme ce fut le cas pour l’Espagne.

Le Fonds a également évoqué une « nouvelle aggravation des tensions » qui obligerait les gouvernements à accélérer leur ajustement budgétaire, avec la possibilité de pertes pour la croissance encore « plus importantes ». Le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,6% en 2013 avec une crainte d’une diminution à 2%, pouvant entraîner une récession des économies avancées.
Union européenneSyriza

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