Affaire des visas

Halte à la discrimination

8 juin 2011, par Manuel Marchal

Quand une personne originaire de La Réunion se rend à Maurice ou à Madagascar, elle n’est pas obligée d’avoir préalablement un visa, et personne ne lui demandera de prouver qu’elle a suffisamment de devises pour subvenir à son séjour. Mais le gouvernement empêche la réciprocité. Voilà comment s’instaure une discrimination entre les peuples de la COI.

Quand un Réunionnais se rend à Madagascar pour faire du tourisme ou rendre visite à sa famille, il lui suffit d’avoir sur lui un document de voyage et un passeport. S’il n’a pas de visa et si son séjour est inférieur à 90 jours, il peut en obtenir un à l’aéroport.
Mais lorsqu’un Malgache veut venir à La Réunion, il n’a aucune chance d’entrer dans notre pays dans les mêmes conditions, qu’il soit un touriste affinitaire ou d’agrément. Le gouvernement a en effet décidé d’imposer un véritable parcours du combattant.
Tout d’abord, il faut se rendre au consulat pour retirer un imprimé. Ce document doit être rempli et accompagné de pièces justificatives, liste non exhaustive :

- acte de naissance,

- attestation de mariage,

- certificat d’hébergement de la personne ou de l’hôtel qui accueille le touriste, si l’hébergeur est un particulier, ce dernier doit fournir un avis d’imposition et ses trois derniers bulletins de salaires.

- attestation de travail du demandeur de visa datée de moins de 3 mois,

- attestation bancaire, extrait de compte et attestation de revenus,

- photos

- lettre déclarant sur l’honneur les dates du séjour

- attestation de réservation du billet d’avion aller et retour…

Un mois de salaire non remboursé si refus

Une fois tous ces documents obtenus, le demandeur de visa doit les photocopier avant de prendre rendez-vous au consulat pour faire traiter son dossier. Lorsque l’on sait qu’à Madagascar, le salaire d’un fonctionnaire tourne autour de 50 euros, le prix des photocopies grève déjà fortement le budget. Mais notre demandeur n’est pas au bout de ses peines.
Pour prendre rendez-vous, le touriste doit obligatoirement appeler un numéro, uniquement à partir d’un poste fixe, au prix de 1.000 ariary la minute. Ce rendez-vous doit avoir lieu au moins 90 jours avant la date du départ vers La Réunion.
Lors de sa convocation, le touriste malgache doit remettre son passeport, la totalité des pièces demandées en double exemplaire, et verser l’équivalent d’un mois de salaire uniquement en espèces à la caisse du consulat. Cette somme dépassant 800.000 FMG, ce sont les frais de dossiers qui ne sont pas remboursables en cas de refus du visa.
Ensuite, le futur voyageur doit attendre la réponse du consulat qui arrive sous forme d’une convocation à venir retirer le passeport. En cas de refus du visa, l’autorité consulaire n’a aucune obligation de la motiver sauf dans quelques cas particuliers.

Pouvez-vous montrer votre argent ?

Si le touriste a obtenu son visa, alors il doit obligatoirement prendre une assurance qui couvre les éventuels frais médicaux. Son montant, c’est la moitié d’un mois de salaire.
Une fois que le passeport est revêtu du visa, l’entrée à La Réunion n’est pas garantie pour le touriste. La police aux frontières peut la refuser. Elle peut également exiger que le touriste justifie de ses moyens de subsistance à La Réunion. C’est une discrimination très humiliante, car le touriste doit montrer qu’il a bien les devises sur lui. S’il reste 10 jours chez un parent, il doit avoir 300 euros, et s’il passe une semaine à l’hôtel, c’est 350 euros.
Enfin, la dernière humiliation a lieu au retour au pays, car il peut être demandé au touriste de venir signaler son retour au consulat.
Voilà comment sont traités les Malgaches qui veulent faire du tourisme à La Réunion.
Cette discrimination concerne les autres peuples originaires de la Commission de l’océan Indien à l’exception de l’île Maurice. En effet, un touriste mauricien est exempté de visa pour un séjour inférieur à 15 jours. Il doit néanmoins fournir attestation d’hébergement, d’assurance, et prouver qu’il a des devises sur lui.
Au moment où Didier Robert va bat’karé à Maurice pour blablater sur les Iles Vanille, les discriminations subies par les peuples avec qui nous avons les plus forts liens historiques et culturels continuent.

Manuel Marchal



Entrée sans visa pour les citoyens d’un seul pays de la COI

Le gouvernement introduit une discrimination entre les citoyens des pays de la COI. En effet, seuls les Mauriciens peuvent entrer gratuitement à La Réunion, ils sont en effet dispensés de visa. Voilà comment Paris entretient la division entre nos peuples. Voici un extrait du guide du demandeur de visa fourni par l’ambassade de France à Port-Louis.

« La Réunion : Régime de circulation pour les Mauriciens

Les ressortissants mauriciens sont dispensés de visa pour entrer à l’ile de La Réunion s’ils y vont pour moins de 15 jours (accord de circulation du 2 Avril 2007). Ils doivent cependant voyager munis d’un passeport en cours de validité et d’une attestation d’accueil (ils doivent présenter à l’arrivée l’original de cette attestation) ou d’une réservation d’hôtel, une assurance voyage et des devises. Un cachet est apposé sur leur passeport à l’arrivée aux aéroports Roland Garros et Pierrefonds ou au port de la Pointe des Galets. Un cachet est également apposé au départ de La Réunion.
Les ressortissants mauriciens doivent être munis d’un visa pour entrer à l’ile de La Réunion s’ils y vont pour plus de 15 jours, sauf s’ils sont titulaires d’une carte de séjour en cours de validité les autorisant à résider en France et s’il y est mentionné "validité territoriale totale". »

Il est à noter que le gouvernement a introduit une autre discrimination pour les voyages des Mauriciens. Car s’ils se rendent en France, ils peuvent séjourner 90 jours sans visa, contre 15 à La Réunion qui est pourtant le pays le plus proche.

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