
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
15 novembre 2016
Paul,
Tu as traversé la vie, ta longue vie, ta riche vie, avec conviction, détermination, idéalisme, mais aussi avec calme, humour, malice, attention aux autres, humilité face aux plus humbles, respect. Et avec courage aussi, beaucoup de courage.
La vieillesse, l’approche de la mort ne t’avaient pas changé d’un iota : actif, lisant les journaux tous les jours, réfléchissant à l’avenir du monde et de notre île, retrouvant tes camarades pour de longs échanges, allant à des soirées et conservant, bien sûr, ce goût prononcé pour la vie et les réunions de famille.
D’ailleurs, tu avais oublié d’être vieux. Ton corps, lui, avait vieilli, c’est vrai, mais ta tête, alors là, ta tête, pas du tout. Sur ton lit d’hôpital, tu évoquais encore des souvenirs lointains avec une précision de dates et de détails dont peu sont capables. Tu lisais les journaux et tu t’inquiétais, aux vues des nouvelles du monde de l’avenir des petits enfants d’aujourd’hui. Une inquiétude si forte et si sincère.
Tu as toujours su garder ta révolte
, dire non quand il le fallait, non à l’injustice, non à l’oppression, non à la manipulation, non à la colonisation, non aux inégalités. Tu as su le dire et tu as su le vivre, mettant tes actions au service de tes convictions, t’engageant avec Jacques auprès des forces françaises libres, choisissant, au nom de la liberté de la presse, la clandestinité pendant vingt-huit mois loin de ta famille, allant en prison, en sortant, démissionnant de ton poste de député, te représentant ensuite à d’autres mandats, avec des défaites, avec des victoires, recevant des coups et des pierres, dont l’une d’ailleurs marqua ton front à jamais, gravant ton engagement dans ta chair.
Tu as su rêver aussi. C’est très important de rêver, disais-tu. Cela permet de penser la politique, d’avoir de l’ambition pour l’avenir de son île et du monde. Rêver et puis faire vivre son rêve, le transformer en actes.
Et réfléchir. Être curieux de tout, du four portois, à l’énergie des mers, des recettes de cuisine (que tu faisais excellentes) à l’avenir de la démographie. Lire et lire encore pour apprendre, pour transposer, pour imaginer, pour décider, pour éclairer, pour maîtriser son sujet, pour montrer le chemin. « Bon là, je vais réfléchir » disais-tu et tu restais longtemps immobile, parfois accompagné d’un cigare.
Et ça, tu as su le faire, montrer le chemin ! Amener la Réunion vers son destin, avec bienveillance et détermination. Donner une autre lecture que celle du pouvoir en place, montrer le cap du destin de l’île, arracher cette fameuse égalité sociale.
Longtemps avant les autres tu avais compris l’importance de l’autonomie dans le destin de l’île, celui des changements climatiques, créant l’ONERC, celui de l’impact de la démographie. Mais tu étais un peu trop en avance et tu voyais un peu trop loin pour ceux dont la vision s’arrête aux échéances électorales et à leur propre destin. Tu as été moqué, critiqué, combattu. « Tu te rends compte » disais-tu « maintenant, ils sont tous d’accord ! » Et oui, des dizaines d’années plus tard, tout le monde te dit visionnaire, y compris le Président de la République lui-même !
Tu as su défendre d’autres combats aussi. Celui pour l’égalité et le respect des femmes par exemple. Tu évoquais souvent l’abomination du viol, celui du maître sur l’esclave, comme celui de l’homme « moderne » sur sa femme. Tu t’es battu aux côtés des peuples opprimés, pour l’Afrique du Sud et Mandela, pour le Mozambique au côté du Frelimo, pour l’indépendance de Madagascar et pour tant d’autres causes. Tu t’es battu pour la culture, l’identité, les transports, l’éducation, la langue créole et que sais-je encore.
Tu as tant combattu, sur tant de sujets, que chaque Réunionnais et chaque Réunionnaise te doit, souvent sans le savoir, une partie de l’amélioration de ses conditions d’existence.
Tu as su aimer aussi. Tendrement, attentivement, avec une infinie douceur. Ta femme d’abord, ta Laurence, elle-même si douce, si aimante, si courageuse, si militante. Elle était toujours à tes côtés et sans elle, tu n’aurais pas été toi. Vous vous donniez la main pour marcher, veillant l’un sur l’autre, jusqu’au bout de sa vie.
Et puis ta tribu, ta famille, les enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants. Avec Laurence, vous avez fondé une véritable dynastie qui a essaimé partout dans le monde. Tu en étais fier, une des rares choses dont tu te vantais.
Et puis tes amis, tes camarades, auxquels tu étais toujours fidèle et attentif.
Et puis les autres, tous les autres. Tu aimais, je crois, chaque Réunionnais et chaque Réunionnaise. Tu as marqué tous ceux qui ont eu la chance de t’approcher par la profondeur de ton raisonnement et l’amplitude de ta pensée. Les réseaux sociaux regorgent aujourd’hui de photos où on te voit à côté de l’un d’eux, de l’une d’elles.
Avec le temps, tu étais devenu une légende qui ne laissait personne indifférent. Tu regardais cela avec recul et ironie. Tu étais si simple dans ta vie. Tu vivais très modestement, n’ayant que très peu de goût pour les choses matérielles, sauf bien sûr la nourriture, le bon vin et les cigares.
Tu es parti sur la pointe des pieds, un sourire malin aux lèvres, calme et lucide, rejoindre Laurence, Laurent, Jacques et les autres. Avec discrétion, comme tout ce qui t’était personnel.
Tu aimais la vie et tu as su être vivant pleinement, intensément, intrépidement. Tu as vécu noblement, librement, courageusement.
Comme tu le disais souvent, en évoquant ton père, on ne quitte pas le champ de bataille, tant qu’on est vivant. Le soir de ta mort, tu jetais encore un coup d’œil aux journaux de l’île.
Tu l’as quitté, ce champ de bataille. Mais tous ceux qui te rendent hommage aujourd’hui y sont encore. C’est à nous maintenant de prendre la suite, de te relayer, de dire non à l’inacceptable, de rester vigilants, engagés et courageux.
Lutter pour ses convictions, et ne pas renoncer, ce sera la meilleure façon de continuer à te montrer combien on t’aime.
Catherine Gaud
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