Vaste circonscription, la 2e compte 167 bureaux de vote - dont 105 dans la seule commune de Saint-Paul, divisée en cinq cantons qui totalisent 64.803 inscrits.
La virée d’Huguette Bello a commencé à huit heures du matin, dans près de la moitié des 36 bureaux du premier canton : la ville, Savannah, la Plaine Saint-Paul... A Savannah, une anomalie grave - trois pages manquantes au cahier d’émargement - a été signalée dès la première heure de vote. Ce sera le seul incident notable de la journée.
Plus de trois heures plus tard, lorsque la candidate est elle-même partie voter dans le 2e bureau de La Possession, elle avait rencontré les personnes présentes dans une quarantaine de bureaux des 1er, 2e et 3e cantons - qui ensemble, en totalisent 59, avec plus de 36.500 électeurs inscrits.

Mais, comme un peu partout dans l’île, les électeurs ne se sont pas précipités vers les urnes : cela a été le premier constat de la journée.
« Il faudra compter avec un second tour », commente Huguette Bello, devant l’évidence. Pourquoi si peu d’intérêt ? « Les gens n’ont pas une idée assez précise du rôle d’un député » relève la candidate, en notant aussi des différences importantes dans la façon dont les médias interviennent dans les élections. D’autres explications seront avancées au cours de la journée.
Le mauvais niveau des débats politiques, dans la campagne pour ces élections législatives, a aussi joué un rôle - estime-t-elle - dans l’absence de motivation des électeurs. La députée sortante note que son principal adversaire, maire de Saint-Paul, a beaucoup « municipalisé la campagne », avec des arguments « de bas étage » dit-elle, écœurée. « Ils m’ont traitée de voleuse, menteuse, et je ne sais quoi encore... », dit la candidate, qui a soigneusement évité de saluer au passage ceux de ses adversaires qui se sont ainsi « oubliés dans des propos de campagne déshonorants ».

Huguette Bello et les électeurs

Assez vite, la journée de la candidate va être marquée par deux faits dominants : l’excellent accueil qu’elle reçoit partout, mais aussi la faiblesse de la participation au vote.
Dans les 2e et 3e cantons, il lui a fallu près de trois heures pour passer de Sans Souci au Guillaume, et redescendre par la Grande Fontaine. L’école du Hangar abrite les 33e et 34e bureaux : un bâtiment flambant neuf, construit à flanc de coteau. La forte dénivellation se traduit par la présence de nombreux escaliers plutôt raides. « Beaucoup de béton, des barrières en fer et peu de verdure », note Huguette Bello, qui ne part pas sans jeter un œil sur les classes maternelles. « Ça c’est un nid de moustiques » dit-elle en espérant que dès lundi, la rigole où stagne un peu d’eau sera nettoyée. La plupart des bureaux de vote sont installés dans les écoles : certaines disposent de rampes d’accès pour handicapés, mais dans de nombreuses écoles, des rampes de contreplaqué ont été ajoutées pour la circonstance. Comment font les enfants ?

Très vite, les sons qui parviennent des autres communes confirment que la participation sera très faible. A Bois de Nèfles, dans les bureaux 29 à 32 (2e canton) les membres des bureaux de vote attendaient la sortie de la messe pour voir arriver les électeurs.
A l’école des Fourmis (Guillaume, bureau 54 à 56), des scrutateurs réunis en un petit groupe dans la cour, observent que beaucoup de familles sont occupées par la communion d’un enfant. Il s’ensuit un intéressant échange sur ce qui doit primer, dans l’ordre des priorités : la communion ou le vote ? D’autres considèrent qu’il aurait été plus judicieux de ne pas retenir la même date. « La date des élections est connue depuis environ un an » explique la députée, qui pense aussi que cette sorte de concurrence fait du tort à la République. Après Bac Rouge et le Guillaume, ce sera Bois-Rouge, Bellemène et la Grande Fontaine...
D’une façon générale, à Saint-Paul, d’après les informations recueillies dans les bureaux, la participation était à peine à 12% à onze heures, en dessous de 20% à midi ; encore en dessous de 30% à 15 h. Vers 17h, les commentaires feront état d’environ 39% de participation dans Saint-Paul, 37% au Port et à la Possession. Ce chiffre aura atteint 45% à la clôture des bureaux, une heure plus tard...
Dans l’ensemble, la participation - plus faible qu’au premier tour des législatives de 2002 - sera un des aspects de ce scrutin dont s’empareront les analystes.
Mais la journée n’est pas encore finie. La pose déjeuner se passe à la permanence, avec les quelques militant(e)s qui l’aident à orchestrer le travail. Josiane a mitonné un succulent cari volaille qui inspire à la candidate un sketch “à la Vabois”...

“Continuez !” “Tenez bon !”

La pose est de courte durée et bientôt Huguette Bello reprend sa tournée : sur la côte d’abord, à l’Hermitage, la Saline les bains, Saint-Gilles (Carosse), l’Eperon, Saint-Gilles les hauts, Villèle, la Saline...
Dans l’après-midi, après 16h, la fréquentation des bureaux de vote est devenue un peu plus soutenue ; elle n’atteindra pourtant pas la moitié des inscrits : 45,66% dans l’ensemble de la circonscription, et 45,62% à Saint-Paul.
Mais plutôt que de se lamenter sur les électeurs absents, la députée sortante a gardé de cette journée « l’excellent contact » avec les électeurs, électrices et membres assesseurs qu’elle a croisés dans les 63 bureaux (sur...) où elle s’est rendue. L’équivalent d’un meeting itinérant avec près de cinq cents personnes. « Pour la plupart, je ne les connaissais pas et beaucoup ont salué mon travail à l’Assemblée nationale. Beaucoup de femmes sont venues me voir pour me dire “continuez !” “Tenez bon !” J’ai reçu beaucoup d’encouragements », constate Huguette Bello, qui a noté au passage que ces encouragements sont venus d’horizons politiques divers.

P. David