Projet de loi réformant La Poste à l’Assemblée nationale

Huguette Bello solidaire des usagers et des postiers

21 janvier 2005

La députée réunionnaise est intervenue hier à la tribune de l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen du projet de loi gouvernemental “relatif à la régulation des activités postales”. On lira ci-après le texte de l’intervention d’Huguette Bello, avec des inter-titres de “Témoignages”. À noter que ce projet de loi a déjà été voté en première lecture par la majorité UMP du Sénat.

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Pour transposer la directive européenne de 2002, l’option libérale et financière a été retenue envers et contre tous : contre les usagers, les salariés, les élus. Les conséquences d’un tel choix sont pourtant connues et analysées, en France comme à l’étranger, et dans bien des domaines. L’actualité de ces dernières années est éloquente.
À brève échéance, les missions du service public postal risquent, à leur tour, d’être profondément bouleversées. Ainsi de la péréquation tarifaire, qui permet d’appliquer un tarif uniforme sur l’ensemble du territoire. La question de la durée de vie de ce mécanisme se pose notamment pour les régions d’Outre-mer qui, pour l’instant, font partie du domaine réservé. Mais qu’en sera-t-il d’ici 2009 ? Doit-on s’attendre à une augmentation des tarifs de la correspondance entre les DOM et la France métropolitaine ?

Vers la fermeture de bureaux de poste

Naturellement, l’ouverture totale du marché des services postaux nous est présentée comme le sésame de tous les bienfaits : mais les bienfaits seront pour les grandes entreprises, où 95% des entreprises ont moins de 10 salariés, cette évolution sera surtout synonyme de difficultés supplémentaires.
Il est également raisonnable d’être inquiet pour ce qui concerne les conditions d’accès au réseau postal. Il y va, bien sûr, de l’égalité des citoyens, quels que soient leurs revenus et leur localisation, mais aussi du développement équilibré des territoires.
Tout le monde sait que la présence d’un bureau de poste peut conditionner la vitalité d’un quartier ou le sauver d’une lente agonie. À La Réunion, les guichets de La Poste accueillent, chaque année, l’équivalent de 6 millions d’usagers, soit 19.000 personnes par jour. Dans un tel cas de figure, appliquer le critère de la seule rentabilité financière entraînerait immanquablement la fermeture de bureaux de poste.

L’inégalité entre les usagers et les territoires

Il faudrait être, par ailleurs, bien naïf pour penser que la concurrence se préoccupera de la couverture de l’ensemble du territoire. Le projet de loi ne lui en fait pour l’instant aucune obligation. Une telle perspective est d’ailleurs taxée, dans les hautes sphères, de “protectionnisme”.
Quant à la création d’un établissement de crédit postal, il est plus que probable, vu la structure juridique et le climat ambiant, qu’il devienne rapidement autonome par rapport à La Poste et qu’il adopte les critères de sélection en usage dans les banques. Toute une partie de la clientèle traditionnelle de La Poste, celle dont les revenus sont les plus modestes, en fera les frais.
À La Réunion, où une grande partie de la population vit grâce aux minimas sociaux, l’accès aux services financiers de base se trouve fragilisé. La solution retenue n’était pourtant pas inéluctable.
Beaucoup d’usagers se posent donc désormais la question suivante : “Pendant combien de temps La Poste restera-t-elle le seul établissement à ne pouvoir refuser l’ouverture d’un compte ?”
À vrai dire, au lieu de consolider le service public postal, ce texte, qui prétend le moderniser, est en train de programmer, de façon méthodique, l’inégalité entre les usagers et les territoires. J’ajouterai que, loin d’enrayer le processus de précarisation des personnels, il risque au contraire de l’amplifier ?


La CGTR pour une action unitaire public - privé le 5 février

Nous reproduisons ci-après un communiqué diffusé hier par l’union des Fonctions publiques CGTR.

La CGTR Fonction publique a constaté que la grève du 20 janvier 2005 dans les différentes fonctions publiques a été diversement suivie.
Si des secteurs ont très peu participé et même parfois pas suivi du tout, la période des vacances scolaires a conduit les organisations y compris la notre à estimer par avance que la mobilisation n’était pas possible.
Or, il apparaît clairement que dans les secteurs où la mobilisation a été organisée notamment par les militants de la CGTR, par l’information et la sensibilisation des salariés aux effets catastrophiques de la politique salariale du gouvernement en termes de pouvoir d’achat, le nombre de grévistes est loin d’être négligeable.
C’est ainsi qu’aux Finances, le nombre de grévistes représente plus du tiers du personnel au Trésor public et 23% aux Impôts. Compte tenu du contexte, cela démontre que la combativité des travailleurs de la Fonction publique n’a pas été atteinte par les politiques gouvernementales contre le Service public.
De cette expérience, la CGTR Fonction publique estime qu’il est possible de faire de la prochaine manifestation unitaire du 5 février 2005, une démonstration de la force des travailleurs du Privé et du Public contre les attaques répétées du gouvernement et du MEDEF contre les acquis sociaux.


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