Le PCR inquiet par la réforme du RMI

Il est nécessaire d’adapter le RSA au contexte local

26 mai 2007

Martin Hirsch, nommé récemment Haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté dans le gouvernement de François Fillon a confirmé son objectif de transformer le RMI (Revenu Minimum d’Insertion), qu’il juge « totalement dépassé » et de s’atteler à la mise en oeuvre d’un Revenu de Solidarité Active, le RSA. Ce projet de loi touchant les allocataires les plus pauvres devraient être soumis au Conseil des ministres à court terme.

Le PCR, inquiet par cette réforme du RMI, a fait savoir, lors de sa conférence de presse hier matin, que cette loi devait tenir compte du contexte local.
En effet, « lorsqu’en 1988, le RMI a été créé, il avait pour but d’aider le bénéficiaire à retrouver un emploi. Mais cela n’était pas adapté au contexte réunionnais », précise Elie Hoarau. Il nous explique qu’en métropole, avec un taux de chômage relativement bas, environ 8%, le tissu économique peut absorber ces chômeurs. Le terme “insertion” dans RMI a donc tout son sens au niveau national. « Alors qu’à La Réunion, la question de l’insertion est illusoire et cela n’est pas de la responsabilité des RMIstes. Le tissu productif n’est pas assez dynamique pour intégrer les bénéficiaires du RMI », souligne le secrétaire du parti.

Il ne faut pas répéter les mêmes erreurs

Proposé par Martin Hirsch dans un rapport en 2005, le revenu de solidarité active (RSA) permet de cumuler un salaire et des transferts sociaux. Avec la garantie que toute heure travaillée signifie un gain de revenu. Ainsi, il vise à favoriser le retour à l’emploi des titulaires de minima sociaux qui souvent voient leurs revenus diminuer lorsqu’ils recommencent à travailler. Une douzaine de départements, à ce jour, se sont engagés dans une expérimentation de ce dispositif, en ne l’appliquant qu’aux seuls Rmistes. Le revenu de solidarité active concernerait en revanche tous les allocataires de minima sociaux.
Cette nouvelle allocation devrait, effectivement, permettre le retour à l’insertion professionnelle, mais il faut faire très attention à ne pas répéter les mêmes erreurs.
En effet, les emplois jeunes devaient permettre à de nombreux demandeurs d’emploi de se réinsérer dans la vie professionnelle. Mais, on se rend compte qu’après 5, voire 7 ans de travail, ils se retrouvent de nouveau au chômage.
Se pose donc le problème de la pérennisation de ces emplois. Et c’est en ce sens, que « nous nous opposerons à cette mesure si elle ne prend pas en compte la situation particulière de notre île », clame haut et fort le PCR.

L’environnement et l’aide à la personne, deux gisements d’emploi

Selon le Parti Communiste Réunionnais, il faut créer des emplois dans les secteurs d’avenir et l’environnement en fait partie. En effet, le monde a pris conscience qu’il faut protéger la nature. « Ici, à La Réunion, nous avons la chance d’avoir un parc national des hauts. Ce parc doit être mis en valeur, la biodiversité réunionnaise doit être protégée ». Et si La Réunion est placée dans le patrimoine mondial par l’UNESCO grâce à sa biodiversité, comme le souhaitent la Région et d’autres organismes, ce sont des milliers d’emplois qui peuvent être créés pour protéger notre environnement. Bien entendu, il sera nécessaire de former ces personnes, mais à terme, elles pourront retrouver un emploi stable, durable et gratifiant.

Avec le vieillissement de la population, mais pas seulement, les services d’aide à la personne connaissent un essor considérable. À La Réunion, précisément, nous manquons cruellement de structures d’accueil et d’encadrants pour les personnes âgées, handicapées, et même la petite enfance. Lors d’une étude réalisée récemment sur les besoins à La Réunion en matière d’aide à la personne, le Conseil Général a établi à 45.000, le nombre d’emplois nécessaires pour rattraper son retard par rapport à la métropole.
« Voilà donc des pistes de travail qu’il faudrait exploiter ». Élie Hoarau ajoute qu’il est nécessaire qu’il y ait une large concertation entre les collectivités locales, les associations d’RMIstes, etc... pour discuter de la mise en place de cette loi à La Réunion, et avant même que le projet de loi ne soit voté.
En effet, Claude Hoarau explique qu’il est possible d’intégrer les dispositions spécifiques dans un projet de loi national, et ce serait aux députés de soumettre ces dispositions particulières lors de l’examen du projet par le Parlement.
« Nous nous battrons fermement contre une application mécanique du RSA ici à La Réunion. On ne peut pas toucher à cette allocation de subsistance si on ne donne pas un emploi à ces gens », insiste Claude Hoarau.

Sophie Périabe

Parti communiste réunionnais PCR

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