
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
4 novembre 2022
Cela fait dix ans que Laurence Vergès nous a quitté. Son décès a laissé une famille en deuil, il a aussi marqué La Réunion. Le 6 novembre 2012, lors des obsèques, Elie Hoarau s’est exprimé au nom du Parti communiste réunionnais. À cette occasion, il a souligné combien le destin de Laurence Vergès s’inscrit « dans l’histoire même de la constitution de notre peuple ». Voici des extraits de cet hommage.
Laurence est arrivée à La Réunion en 1954, tout juste âgée de 30 ans, avec leurs deux filles, Claude et Françoise, âgées de 4 et 2 ans. Très rares sont ceux sachant que cette jeune femme avait déjà un riche passé politique.
À 20 ans, militante du Parti communiste français, elle avait participé à la libération de Paris. À 21 ans, elle est au Ministère de la Reconstruction, à 23 ans, après l’éviction des ministres communistes du gouvernement, elle travaille auprès de Jean-Pierre Vernant, grand résistant et qui devint le grand helléniste que l’on connaît. Elle travailla ensuite auprès de Laurent Casanova, responsable des Affaires culturelles au PCF.
C’est à cette époque qu’elle rencontre Paul Vergès qui était membre de la section coloniale du Parti communiste français, là où sont accueillis et se croisent tous les responsables des mouvements de décolonisation et de libération de la planète ; Paul Vergès, le compagnon de toute une vie, avec lequel, jusqu’à son dernier souffle, elle a partagé tous les combats.
Cette vie a été consacrée à La Réunion où elle a mené des luttes dans tous les domaines.
En septembre 1958, Laurence participe à la transformation de la section réunionnaise de l’Union des femmes françaises en l’Union des femmes de La Réunion (U.F.R.). Cette dénomination marquait ainsi, dès le départ, une volonté d’organiser la lutte en faveur de toutes les femmes vivant à La Réunion.
En 1958, toujours, Laurence intègre la Rédaction puis l’Administration de “Témoignages”. Sa contribution hebdomadaire est consacrée, vous l’aurez deviné, à la condition féminine.
Un soutien sans faille à son époux
Qui, parmi les jeunes générations, peut imaginer le courage, l’énergie et la santé qu’il fallait avoir pour partir, comme Laurence, au volant d’une petite voiture sur les routes de l’époque pour aller faire des reportages, des portraits de femmes, coupeuses de cannes, femmes-planteurs, ouvrières, femmes-courage, ou bien encore aller parler de contraception, de droits sociaux, d’égalité sociale à des femmes des quartiers éloignés de tout ?
De la mi-mars 1964 à la fin juillet 1966, la vie de Laurence a été rendue encore plus difficile. Paul Vergès, ayant été condamné à de la prison ferme pour de prétendus « délits de presse », décidait d’entrer en clandestinité dans son île, au sein de son peuple qui le protégera deux années et demie durant.
Ces délits de presse étaient imaginaires, il s’agissait en fait pour le pouvoir de réprimer la liberté d’opinion.
Le 17 octobre 2017, le Président de la République a officiellement reconnu « la répression sanglante » commise à Paris le 17 octobre 1961 contre des manifestants algériens désarmés. C’est pour avoir relaté ce massacre, pour avoir mis “Témoignages” au service de la vérité, que Paul Vergès avait été condamné à de la prison ferme.
Durant cette longue période de clandestinité, c’est Laurence qui, en plus des nombreuses tâches et responsabilités qu’elle assumait habituellement, devra faire face aux tracasseries policières, élaborer maints stratagèmes afin de permettre à ses enfants de rencontrer leur père.
Rien ne lui sera alors épargné, lettres anonymes, menaces, etc. Mais, dans cette nouvelle épreuve, elle apprendra pourtant que des personnes n’ayant aucun lien avec le mouvement communiste étaient prêtes à aider Paul Vergès tant elles étaient indignées des procédés mis en œuvre. Ainsi, un chirurgien-dentiste gaulliste acceptera de soigner Paul Vergès alors recherché par toutes les polices.
Cette clandestinité durera 28 mois, jusqu’au vote d’une loi d’amnistie en juillet 1966 anéantissant la peine d’emprisonnement pour délit de presse. Au mois de février dernier, écrivant à un ami, Laurence disait son admiration pour son compagnon « qui, toujours, s’est dévoué sans compter pour son île ». Même lorsque le prix à payer ou les circonstances de la vie se sont avérés effroyables, Laurence n’a jamais élevé de plainte.
Cofondatrice de la “Commission Culture Témoignages”, Laurence y fédéra les bénévoles profondément épris de culture, comme elle l’était elle-même. Et, un an plus tard, en octobre 1989, débuta un cycle inédit de conférences passionnantes s’adressant le soir au grand public et la journée aux lycéens et lycéennes que les conférenciers allaient rencontrer dans les lycées. Ce cycle fut inauguré par Maryse Condé, à laquelle succédèrent notamment Jorge Amado et Zélia Gattaï, Albert Jacquard, René Dumont, Yves Coppens, Luis Sala-Molins, Jacques Vergès et Thierry Jean-Pierre, René Depestre, Rachid Mimouni, André Brink, Jean Ziegler, Sylvie Brunel.
Ce souci des autres n’était pas limité à son île. Dès son arrivée à La Réunion, Laurence s’est investie, aux côtés du Dr Raymond Vergès, d’Isnelle Amelin, Marinette Tardivel, Sylvia Laugier, Bernadette Léger, Marie Gamel et Paul Vergès, dans les actions conduites à l’initiative du Comité de Solidarité de Madagascar créé en mai 1950 par Gisèle Rabesahala afin d’assurer la défense des 5.000 détenus malgaches emprisonnés depuis la révolte du 29 mars 1947.
Laurence retrouvait ainsi Gisèle Rabasahala dont elle avait fait la connaissance à Paris et avec laquelle elle noua des liens d’amitié pour la vie.
Et pourtant, ainsi que nous le disions en commençant cet hommage, même lorsque Laurence a été désignée pour représenter le PCR dans des batailles électorales, même si elle ne ménageait pas sa peine lors des kilomètres parcourus en porte à porte, même si, comme à son habitude, elle en profitait pour rendre service aux personnes visitées, même si de nombreuses personnes lui témoignaient leur sympathie, Laurence ne s’est jamais installée sur le devant de la scène. Volontaire pour les tâches les plus dures, mais réfractaire à la notoriété ainsi qu’aux honneurs. On l’a vue même refuser une décoration que le pouvoir lui proposait.
Laurence s’inscrit dans l’histoire même de la constitution de notre peuple ; des femmes et des hommes venus de France et d’Europe, de Madagascar, des Comores, d’Afrique, de l’Inde, de Chine et de l’Asie, et qui ont fait de La Réunion leur pays, et des Réunionnaises et des Réunionnais leur peuple, qui se sont battus pour eux ; ce sont ces hommes et ces femmes-là qui ont fait La Réunion, et Laurence est une d’entre elles.
Laurence Vergès s’était beaucoup impliquée dans « Témoignages ». En plus d’être administratrice du journal, elle faisait des reportages pour soutenir les combats des femmes.
Reproduction d’un texte paru en octobre 2017
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Messages
17 novembre 2022, 12:00, par PARVEDY
D’abord,je voudrais dire un grand Merci de nous faire relire et de nous rappeler par ce témoignage sur la vie de Laurence Vergès ,rappeler toutes les noms de ces femmes qui ont contribué aux combats des femmes Réunionnaises.Citez cette grande Dame Gisèle Rabasahala dans le combat pour son peuple à Madagascar. J’ai eu le plaisir de la recevoir à mon domicile et passé quelques moments lors d’une fête de l’humanité.