Budget Outre-mer 2010

Imaginer de nouvelles solutions pour l’Outre-mer

1er décembre 2009

Gélita Hoarau, sénatrice de La Réunion, est intervenue lors de la séance publique au Sénat du 26 novembre 2009 au sujet du Budget Outre-mer 2010. Elle a tenu à souligner que pour donner un nouveau départ à l’Outre-mer, il faut prendre en compte les exigences de la population. « Il faut donc des solutions concrètes et immédiates pour redonner confiance aux plus défavorisés dont le nombre ne cesse d’augmenter ». Voici le texte de son intervention.

« La discussion sur ce budget intervient vingt jours après le Comité Interministériel de l’Outre-mer qui a défini des mesures pour les DOM. 
Ce Comité Interministériel est lui la conclusion des Etats Généraux qui ont été organisés à la suite des évènements qui ont secoué les DOM au début de cette année.

Ces évènements ont révélé la gravité de la situation économique et sociale qui prévaut dans nos pays. En effet, et pour ne parler que mon département, je rappellerai que La Réunion connaît un taux de chômage élevé qui a augmenté de 21% en un an. De plus, la crise dans le logement est telle que plus de 30.000 demandes restent sans réponse. Je rappelle également que La Réunion connaît un nombre d’illettrés élevés (plus de 120.000) et plus de 52% de leur population vit en dessous du seuil de pauvreté, tel que défini en Métropole.

« Ouvrir un nouveau cycle historique »

La déclaration du Président de la République rejoint le constat unanimement partagé, à savoir que les solutions appliquées jusqu’ici dans les DOM ont montré leurs limites et qu’il faut imaginer d’autres solutions pour « ouvrir un nouveau cycle historique marqué par une relation rénovée avec la Métropole », pour reprendre l’expression du Président de la République.

Le Comité Interministériel de l’Outre-mer annonce 137 mesures pour sortir les territoires ultramarins de l’assistanat et aller vers un développement endogène créateur d’emplois et de richesses.
Mais la condition préalable à cette réalisation est de répondre aux exigences sociales de la population.
On ne peut pas demander à tout un peuple de s’engager dans un effort de développement durable si 110.000 d’entre eux ne savent ni lire, ni écrire, si 30% de ses hommes et femmes sont au chômage, si les mauvaises conditions de logement contribuent à marginaliser un grand nombre.
Il faut donc des solutions concrètes et immédiates pour redonner confiance aux plus défavorisés dont le nombre ne cesse d’augmenter.
Or, des solutions existent.

Pour chaque problème, des solutions sont possibles

Prenons l’illettrisme par exemple. Des pays ont fait la démonstration qu’ils pouvaient l’éradiquer. Et ces pays sont cités en exemple par l’UNESCO. C’est le cas des Seychelles. Là où nos amis Seychellois ont réussi, pourquoi ne pourrions-nous pas réussir aussi ? C’est une question de volonté politique et aussi de moyens qu’il convient d’envisager.

Cela est vrai aussi pour le logement social. La proposition du Président de la République de céder aux collectivités locales des terrains de l’Etat pour la réalisation des logements sociaux est une mesure allant dans le bon sens. En revanche, la proposition de loi visant à réformer les droits de préemption constituerait, si elle était adoptée, une lourde menace pour les collectivités locales dans leurs efforts à maîtriser le foncier. Quoi qu’il en soit, c’est un véritable Plan Marshall qu’il conviendrait de mettre en œuvre sur la base des préconisations des acteurs de la filière.

Concernant l’emploi, des propositions ont été formulées par certains participants aux Etats Généraux. Ces propositions visent à pérenniser les activités dans les domaines d’aide à la personne et de l’environnement. Leur mise en œuvre assurerait des milliers d’emplois à ceux et à celles qui en sont privés actuellement. Pourquoi ne pas s’engager dans cette voie alors que le Président de la République préconise lui-même la mise en place d’un GERRI social ?

Dans la fonction publique, le Chef de l’Etat a déploré le fait que de nombreux emplois ne soient pas exercés par les Ultramarins vivant sur place. Il propose et je le cite « d’assouplir considérablement certaines dispositions statutaires de la fonction publique » pour remédier à cette situation.
Je pense qu’il ne faut pas seulement s’en tenir aux catégories B et C. Les milliers de jeunes diplômés Réunionnais attendent qu’on aille plus loin.
(…)

Prendre des décisions concrètes pour l’avenir

Certains n’ont pas cru aux Etats Généraux et ont refusé d’y participer. D’autres ont voulu jouer le jeu, ayant apporté leurs contributions. Le Président de la République a énoncé certains principes et a ouvert des voies. Le moment est venu de prendre des décisions concrètes d’abord dans les domaines sensibles que je viens d’évoquer : l’illettrisme, le logement, l’emploi dans l’aide à la personne et l’environnement, la place des jeunes diplômés dans la fonction publique.
Car d’autres dangers sont à craindre pour l’avenir : menace pour l’octroi de mer, incertitudes après 2013 quant au marché sucrier et aux crédits européens, les suites des APE…

A ceux-là vient s’ajouter la menace sur des grands travaux déjà programmés. Je pense au Tram-train qui constitue non seulement la réponse au grave problème des déplacements à La Réunion mais aussi une véritable bouffée d’oxygène pour les entreprises et des milliers de travailleurs des Travaux publics. La Réunion demande à être traitée comme les autres régions en matière d’aide de l’Etat aux réseaux ferrés. Une réponse de principe redonnerait confiance à tout le monde.

Répondre aux défis du siècle

En plus de tout ce qui vient d’être dit, La Réunion doit résolument se tourner vers l’avenir et répondre aux défis du siècle : la démographie, la mondialisation des échanges, les changements climatiques, les avancées technologiques…
Elle propose des solutions crédibles comme l’autonomie énergétique portée à la fois par la Région, l’Etat et La Réunion économique ; l’auto suffisance alimentaire ; la coopération régionale renforcée ; l’économie de la connaissance (CHU, pôles d’excellence, recherche et développement…).

Ces solutions doivent être mises en œuvre sans tarder. Elles impliquent un engagement sans faille de toutes les Réunionnaises et les Réunionnais et une volonté politique partagée à tous les niveaux.
Le Comité Interministériel de l’Outre-mer a ouvert des voies. Il faut maintenant arrêter un programme concret, fixer les étapes et les moyens (ceux de ce budget devront certainement être abondés). C’est cela le sens que je donne aux relations rénovées de l’Outre-mer avec la Métropole.
Est-ce bien dans cette voie que le Gouvernement compte s’engager ? »

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