De l’UMP à l’UMP en passant par Objectif Réunion

« Je n’ai pas l’intention de changer ma ligne de conduite » : satisfaire des ambitions personnelles par tous les moyens

3 février 2009

Didier Robert au bureau politique de l’UMP ou comment se fait-il qu’un responsable décide d’entrer dans la Direction nationale d’un parti dont il a dit s’être séparé voici trois mois et demi ?

Voici une semaine, Didier Robert entre dans le bureau politique de l’UMP.
Une telle décision prise par le député-maire du Tampon marque les esprits, et suscite les interrogations de tous ceux qui l’ont suivi dans sa démarche, ainsi que de l’opinion.
C’est ce que rappellent les déclarations de quatre membres d’Objectif Réunion parues dans le "JIR" de vendredi. Jean-Louis Lagourgue, Daniel Gonthier, Stéphane Fouassin et Cyrille Hamilcaro demandent des explications à Didier Robert. En réponse, il dit qu’il n’a pas changé.
Or, il y a à peine trois mois, voici ce que Didier Robert répondait à une question d’un journaliste (1).
Question : « Avez-vous quitté l’UMP avec René-Paul Victoria comme vous l’avez annoncé ? ».
Réponse de Didier Robert : « Depuis plusieurs mois déjà, nous ne sommes plus, René-Paul Victoria et moi-même, en phase avec le parti sur certaines de ces orientations et décisions. Nous ne sommes donc plus à l’UMP (2)  ».

Des élus déchirent leur carte

Cette interview ne date que du 9 septembre 2008, cinq jours avant les premières rencontres d’Objectif Réunion. Et le journaliste n’interroge pas Didier Robert, élu UMP, mais Didier Robert, délégué général d’Objectif Réunion.
Quant au moment du désaccord avec l’UMP, il peut être daté officiellement le 25 mars. Ce jour-là, 2 députés, Didier Robert en tête, 2 conseillers régionaux, 10 conseillers généraux annonçaient officiellement leur démission de l’UMP. Au-dessus de leur nom, "Le Quotidien" précisait le lendemain (3) : « voici la liste des élus dont il est d’ores et déjà acquis qu’ils rendent leur carte UMP et qu’ils quittent bien évidemment toutes les fonctions qu’ils exerçaient au sein de la fédération ». Le premier geste politique de ces élus allait être le boycott de la première visite d’Yves Jégo à La Réunion.
Entre le 25 mars et le 14 septembre, ce sont près de six mois qui se sont écoulés au cours desquels les battus des élections de mars dernier ont lancé un nouveau parti politique, l’ont appelé Objectif Réunion, et ont abouti à la tenue de leur première rencontre.
Mais depuis, plus rien. Sur Internet, le site d’Objectif Réunion affiche d’ailleurs toujours le mot de bienvenue de Didier Robert ; « député-maire Délégué général d’Objectif Réunion » aux rencontres de Pierrefonds. Et tout d’un coup, l’annonce la semaine dernière de l’entrée de Didier Robert dans le bureau politique de l’UMP apporte la clarification sur ce que Didier Robert qualifie de « ligne de conduite ».

L’UMP n’a pas changé

Car pour justifier sa décision d’entrer dans le bureau politique du parti majoritaire à l’Assemblée nationale, il n’hésite pas à déclarer que c’est l’UMP qui est venu sur la ligne d’Objectif Réunion ! Qui peut croire qu’en à peine trois mois, l’UMP décide de s’aligner sur les positions d’Objectif Réunion ? Rappelons que l’UMP est un parti qui compte notamment 309 députés, qui dirige le gouvernement et dont un de ses membres est président de la République. Qu’est-ce qui pourrait pousser une telle organisation à caler sa ligne politique sur celles de quelques élus victimes d’un piètre stratège ? À chacun d’être juge d’une telle affirmation !
Égal à lui-même, Didier Robert n’a pas changé sa ligne de conduite. Elle est très simple : faire avancer sa carrière par tous les moyens. C’est ce que rappelle l’expérience acquise au Tampon où il a combattu celui qui a fait de lui son dauphin, et c’est ce que montre ce qui est en train d’arriver à tous ceux qui ont suivi Didier Robert dans sa fameuse stratégie de conquête, puis de reconquête du Conseil général.

M.M.

(1) "Le Quotidien" du 9 septembre 2008.
(2)
Souligné par nos soins.
(3)
"Le Quotidien" du 26 mars 2008.


Une nouvelle victime de sa « ligne de conduite »

Didier Robert laisse tomber la députée de l’UMP-Réunion

Interrogé hier dans le "JIR" sur son choix entre Margie Sudre et Marie-Luce Penchard pour être l’élue de l’UMP pour l’Outre-mer au Parlement de Strasbourg, Didier Robert répond ceci : « il appartient aux intéressées, aux instances nationales et à la commission nationale d’investiture de l’UMP de trancher cette question. Je souhaite pour ma part que La Réunion soit, d’une manière ou d’une autre, représentée. Ce qui compte, c’est le projet politique pour l’Outre-mer au sein de l’Union européenne que défendra le ou la candidate retenu ».
Autrement dit, Didier Robert s’en remet totalement aux instances d’un parti dont il disait ne plus faire partie voici à peine trois mois pour régler la question, et pas un mot de soutien pour la députée sortante, qui fait pourtant partie de l’UMP-Réunion et qui a été élue avec lui au Conseil régional en 2004.
Pourtant, Didier Robert avait une occasion de faire entendre sa voix de membre du bureau politique de l’UMP. Pourquoi laisse-t-il tomber la seule élue de l’UMP-Réunion au Parlement européen, députée depuis 1999 et ancienne présidente de groupe parlementaire à Strasbourg ?
Une telle attitude n’est pas sans rappeler ce qui s’était passé en mars dernier juste après les élections cantonales, quand des élus ont voulu faire sortir la présidente sortante.

UMP : les vaincus se sabordentDidier Robert

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