A la Préfecture hier, le ministre de l’Outre-mer est accueilli par deux “clans”, deux causes distinctes. Les uns, sous les bannières de la CGTR, font valoir le refus de suppression d’emplois d’agents des Finances. Les autres s’emploient à afficher des pancartes à l’effigie d’un parti menacé de “suppression”. « UMP, j’y suis, j’y reste », peut-on lire notamment. Yves Jégo sera donc vite rappelé à l’actualité locale, marquée par l’élection d’une présidente dite de “droite” avec le soutien d’élus dits de “gauche”.

A la presse, le ministre indique être au courant de cette situation, mais insiste sur le fait que sa première visite ministérielle se veut « dans un esprit de découverte, d’écoute, de dialogue (...), pour comprendre », et pour travailler sur les grands dossiers qui concernent La Réunion. Les mauvaises langues disent que c’est plutôt pour calmer les mécontents de l’UMP, sinon il aurait été aux Antilles, ou ailleurs dans le vaste Outre-mer français.
Le ministre rappelle que les grands dossiers réunionnais sont d’une grande importance, et qu’il s’empresse de s’y atteler. Pour ce qui est du boycott de sa visite, Yves Jégo réitère son appel au dialogue, insistant par ailleurs sur la richesse d’une ouverture politique dans l’intérêt commun. Il déplore que certains élus réunionnais l’aient mis en cause dans l’élection « contre nature » au Conseil général. « Ces mises en cause sont sans fondement », déclare-t-il, alors que Nassimah Dindar arrive à la Préfecture avec deux élus initialement derrière la candidature de Jean-Louis Lagourgue pour la présidence du Conseil général. Quelques élus du Parti Socialiste, mais aussi le maire et le conseiller général de Saint-Philippe, Hugues Salvan, sont présents à la Préfecture.

A propos de Mayotte

Au-delà de la question polémique de l’attitude d’élus déçus, c’est finalement sur les grands dossiers de l’Outre-mer que s’attardera le Secrétaire d’Etat. Il veut écouter, dialoguer, trouver des solutions communes, et travailler. La presse aura noté sa volonté de faire avancer la préparation de la Loi Programme pour l’Outre-Mer (LOPOM), ne négligeant pas la prise en compte des interrogations des élus et des Réunionnais. Saura-t-il rassurer ? « Je veux porter ici l’ambition de l’Etat, qui est celle de faire avancer les grands dossiers, et ces grands dossiers sont ceux que les Réunionnais attendent », déclare Yves Jégo. Ministre de l’Outre-mer, il sera aujourd’hui en visite à Mayotte, et a expliqué sommairement la situation du colonel Bacar, retenu par les gendarmes en poste à Mayotte.
Aucune déclaration sur les incidents qui concernaient la Grande Terre hier. Radio Ylang, en direct de Mayotte, parlait, sur une radio locale, de rumeurs de morts, de blessés, mais aussi de prises à parti de la part d’Anjouanais mécontents du traitement de faveur envers le colonel Bacar. Le Ministre Jégo ne dira aucun mot qui confirmerait ou infirmerait les incidents à Mayotte, se contentant de rappeler que « le colonel Bacar est sous la surveillance de la gendarmerie à Mayotte », pendant que les services français étudiaient sa demande d’asile politique. Bref, le ministre nouvellement nommé est déjà dans le feu de l’action...

L’intérêt général prévaut !

Après l’hommage aux morts pour la Nation française, devant les gradés des forces militaires françaises en présence sur l’île, et les élus qui boycottaient le boycott d’anciens élus de l’UMP, le maire de Saint-Denis, Gilbert Annette, lui adresse, dans le grand salon de l’ancienne Mairie de Saint-Denis, ses doléances pour qu’avance la construction des logements sociaux, pour que soit prise en compte la jeunesse dionysienne, pour l’emploi, pour l’éducation, pour le développement durable. Attentif, le ministre affirme vouloir emprunter le chemin d’une logique gagnante. Le ministre sera reçu ensuite au Conseil général, où la présidente n’aura de cesse de rappeler l’importance d’un travail en commun, en faveur de l’intérêt général des Réunionnais, et non plus un effort politique contraint par des conflits d’intérêt personnel.
Le ministre rappellera quant à lui sa volonté de travailler pour l’avancement des grands dossiers, et réaffirme sa volonté d’apprendre, de comprendre, de réussir l’installation du dialogue entre élus de la République. Nassimah Dindar aura fait preuve d’une grande intelligence politique, relevant les grands défis de La Réunion, dont l’emploi, la continuité territoriale, le déplacement à La Réunion. Et de mettre en exergue les réponses demandées par les Réunionnais, le mieux-vivre demain. D’un point de vue européen, il était aussi question de l’avenir de notre île en tant que Région Ultrapériphérique (RUP), et des dispositions de la Loi Programme pour l’Outre-Mer. Affaire à suivre.

Bbj

Zot la di

• Yves Jégo, Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer :

« C’est pour moi un double moment d’émotion, puisque c’est mon premier déplacement en tant que Ministre de l’Outre-mer. C’est une deuxième émotion de revenir ici, 1 an après être venu avec Nicolas Sarkozy. Je n’imaginais pas évidemment il y a 1 an qu’il me ferait l’honneur de me confier cette responsabilité, et j’aurais le bonheur de revenir. Je viens dans un esprit de découverte, d’écoute, de dialogue. Je viens pour comprendre, et puis je viens pour travailler, parce qu’il y a de grands dossiers et des sujets importants qui sont sur la table de toutes les institutions de l’île, des projets d’aménagement, des projets de développement. Nous avons une loi qui est en préparation, et j’ai entendu qu’il y avait un certain nombre d’interrogations. Je viens aussi répondre aux interrogations. Je viens rassurer ceux qui sont inquiets, dans un esprit de franchise, parce que c’est ma nature, et puis dans un esprit de dialogue, parce que je crois que les sujets sont tellement importants qu’il faut que nous formions et que nous trouvions les voix du dialogue. J’ai hâte de pouvoir commencer à travailler sur tous les dossiers, et je suis très heureux que la presse m’est fait l’honneur de sa présence pour mes premiers pas dans la maison de l’Etat ».

A propos du boycott de sa visite

A propos de la situation à Mayotte, il déclare uniquement :

« Aujourd’hui, le colonel Bacar est sous surveillance de la gendarmerie à Mayotte. Effectivement, nous réfléchissons aux conditions de son assignation à résidence, pour étudier sa demande d’asile politique, qui sera étudiée selon les lois et règlements de la République ».

Bbj