Premier Forum des jeunes chercheurs en sciences et technologie

Jeunes chercheurs de La Réunion, une force cachée pour l’avenir de La Réunion

16 mai 2008

A l’heure où l’on parle de l’Université en des termes peu positifs, les jeunes chercheurs de l’Université ont fait fi de l’ambiance dégradée qui règne sur le campus du Moufia pour organiser le premier forum des jeunes chercheurs en sciences et en technologie. Leur objectif est de montrer leur potentiel aux partenaires institutionnels et surtout au monde de l’entreprise qui les connaît encore bien trop peu et néglige des ressources humaines de haut niveau pour le développement durable de notre île.

L’Université de La Réunion comptabilise au total 284 enseignants-chercheurs et 270 doctorants, dont 82 à la Faculté des Sciences et Technologies.
Chaque année, 65 nouveaux doctorants s’inscrivent et 40 thèses sont soutenues, soit 60% des doctorants qui obtiennent le titre de docteur. Parmi eux 5 bénéficient d’une bourse d’Etat et jusqu’à cette rentrée 26 d’une bourse région réunion (voir encadré).

Mais quel est l’avenir des doctorants une fois leur long travail de recherche accompli et validé par une thèse ? Bien que le doctorat clôture un cursus de haut niveau, ce diplôme n’est pas une garantie d’emploi et les perspectives de carrière des jeunes docteurs restent préoccupantes. C’est la raison majeure qui a poussé l’Association des Docteurs et Doctorants de la Réunion (ADDR), créée en 2002 a organisé hier ce 1er Forum dans l’amphi Charpak de la Faculté des Sciences et Technologies. Les objectifs de l’ADDR sont la promotion de la recherche scientifique et l’insertion professionnelle des jeunes docteurs. Il s’agit pour Evelyne TARNUS, Présidente de cette association de provoquer des rencontres, les échanges d’idées entre chercheurs, de diffuser la connaissance auprès du grand public ; de susciter des vocations parmi les nouvelles générations d’étudiants et d’associer des acteurs - entreprises, chercheurs, élus - de plus en plus nombreux à réaliser qu’ils partagent des intérêts communs. « Les docteurs sont une force cachée. En dehors de leur thème de recherche qu’ils maîtrisent parfaitement, ils sont bilingues, formés à la communication, à la vulgarisation, ils ont connu la mobilité.... C’est un vivier de talent et il nous est apparu indispensable de provoquer cette rencontre. »

Réussite dans cet amphithéâtre où divers univers professionnels se côtoient et se surprennent parfois de retenir les mêmes problématiques pour assurer un développement durable à La Réunion sans s’être vraiment concerté.

Si l’on peut regretter la quasi-absence du monde économique en nombres de dirigeants d’entreprises ou d’industries présents, leur représentant M. Jean-François Moser, Président de l’Agence de Développement et Représentant de La Réunion Economique applaudit la grande quantité de matière grise présente dans l’Amphithéâtre Charpak. Il avoue que « le monde de l’entreprise connaît mal le monde de la recherche », mais précise qu’il se fera « l’avocat des jeunes chercheurs auprès des entrepreneurs et industriels de La réunion. »

En exposant la vision qui émane de l’association La Réunion économique : réunion île verte 2030, J. F. Moser convient qu’« on ne peut pas se payer le luxe de ne pas se regrouper » car il s’agit de transcender les difficultés que concentre La Réunion pour le meilleur développement. A travers l’embauche des jeunes chercheurs ou la notion de “doctorant conseil” évoquée par le Doyen de la Faculté des Sciences et Technologie Jean-Pierre Chabriat, les conseils des scientifiques pourraient être intégrés aux prises de décisions.

La Région Réunion est partie prenante depuis longtemps pour valoriser les ressources humaines réunionnaises. Raymond Mollard, Vice-Président du Conseil Régional, délégué à l’Education qui est intervenu au nom du Président du Conseil Régional et des élus, s’est félicité de la tenue de ce forum et a rappelé l’implication importante de la Région Réunion tant au niveau des financements des bourses des étudiants que des programmes de recherches et des équipements structurants nécessaires à l’évolution de la recherche scientifique à la Réunion porteuse d’avenir. Reste à tous de prendre conscience de la richesse de cette recherche, de la valeur ajoutée qu’apportent les chercheurs au développement de l’île.

Muriel Martineau


Un concentré des travaux de recherches à la portée de tous

Disparition des coraux en 2030 ou 2050, adaptation des récifs aux changements climatiques, hypothèse de l’existence d’un troisième volcan à La Réunion, simulation moléculaire pour inventer de nouveaux médicaments, comment faire du froid avec du soleil, modélisation et solution pour une diminution de la dépendance automobile...

20 doctorants ont exposé leurs travaux de recherches tout au long de la journée autour de quatre thèmes écosystème, santé, modélisation, énergie.

Pour certains, il s’agissait de leur première intervention en public. Si elles n’avaient pas de cadrage et de portée d’un point de vue strictement scientifique, leurs présentations soutenues par des diaporamas souvent remarquables ont permis à l’assemblée d’accéder aux recherches et découvertes scientifiques réunionnaises d’une manière vulgarisée et dynamique. Reprenant les connaissances scientifiques avec une base compréhensible pour tous, les doctorants ont posé clairement les problématiques de leur recherche puis leurs résultats.
Par ailleurs, ces jeunes chercheurs sont satisfaits de l’organisation de ce forum qui leur a permis d’échanger en interdisciplinaire et également avec d’autres personnes que celles gravitant dans et autour du milieu universitaire.

Pour Vianney Denis, en deuxième année de thèse au laboratoire Ecomar et dont le sujet porte sur l’adaptation des coraux aux perturbations climatiques et anthropiques, cette initiative permet de rencontrer des institutionnels dans un cadre moins formel, d’échanger et même de soulever certaines contradictions. Intervenant en début de matinée et évoquant la disparition des coraux entre 2030 et 2050 à cause du réchauffement climatique, il souligne que si les volontés politiques et économiques s’entendent par exemple sur le développement d’un tourisme durable, il faut réellement veiller à l’écologie marine et à la préservation des récifs. Comme l’a précisé J. F. Moser, on ne sait pas quelle sera la demande touristique dans le monde de 2030. Qui viendra à La Réunion pour ses montagnes... et pour ses récifs ? Les chercheurs travaillant sur une recherche qu’on dit fondamentale car elle ne semble pas avoir d’objectif économique à court terme sont les observateurs du réel et bien placé pour prévenir, pour dire “attention”... et l’avenir leur donne souvent raison.


Thèse : les différents types de financement possibles

Un peu plus de la moitié des doctorants bénéficient d’une bourse ou allocations pour mener a bien leur thèse.
Les bourses allouées à la formation des doctorants sont de différentes natures :

- Les allocations de recherche ministérielles (dites MENRT) sont de véritables salaires d’un montant brut mensuel de 1658€ (réévaluation de mars 2008). Il s’agit de CDD de 2 ans renouvelables une fois pour une année. Il en est donné 5 par an à L’Université de La Réunion.

- Les bourses de la Région-Réunion, d’un montant de 1200 euros ont une durée de 24 mois, reconductible une année. (pour l’année 2008, un total de 22 bourses ont été attribuées dont 4 en coopération régionale)

- Les bourses CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la REcherche) associent un doctorant, un laboratoire et une entreprise autour d’un projet commun. Il s’agit d’un CDD de 3 ans (parfois un CDI), à salaire variable selon les entreprises. A La Réunion, en moyenne, 2 ou 3 étudiants obtiennent des bourses CIFRE chaque année.

Certains doctorants ont par ailleurs un emploi qui leur permet d’être inscrits en thèse sans bénéficier d’allocations de recherche.


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