Jouer collectif

2 novembre 2012

Les images tirées du sport sont souvent les plus parlantes. Et peuvent s’appliquer à la reconstruction du Parti. Ainsi on sait que dans une équipe sportive- quelle qu’elle soit- il ne suffit pas de mettre ensemble les meilleurs joueurs. Encore faut-il qu’il y ait le sens collectif du jeu. 

Cela est vrai, donc, dans le Parti, où cette qualité nous a fait défaut. Je dis bien « nous », pour signifier que j’assume ma part de responsabilité et que, dans le cadre de la Reconstruction, je suis prêt à me remettre en cause. 

Mais le jeu collectif doit aussi exister entre le Parti et la société réunionnaise. Cela a longtemps été la force du Parti et de son journal, qui ont accompagné les mouvements profonds venus du cœur du peuple, les ont exaltés, ont aidé à les organiser. 

Ce fut le cas dans de nombreux domaines, et je prendrai le cas de la mémoire, et plus exactement, de la mémoire des esclaves sans sépulture. Yvan Dejean a rappelé dans le précédent « Nout Journal », qu’en tant que maire du Port, j’avais en 1991 inauguré la première stèle aux esclaves morts sans sépulture. J’avais alors parlé de "Réunionnais qui n’ont jamais connu leur Île". Il s’agissait précisément d’un hommage à tous ceux qui sont morts en mer, sur les navires négriers qui les transportaient dans des conditions infâmes. 

Près de 20 ans plus tard, une stèle a été installée à Saint-Louis, par la Région Réunion, dans le cimetière du Père Lafosse.

Ne pas tirer la couverture à soi

Sur proposition de Claude Hoarau, Paul Vergès, alors président de l’exécutif régional, procéda à l’inauguration, au cours d’une grande cérémonie, pour un monument destiné à faire rayonner la mémoire dans l’ensemble de l’île. Mais quel sens donnons-nous à ce cheminement de la mémoire ? 

Montrer que l’on est un vrai Parti au service du peuple, c’est éviter la récupération, éviter de tirer tout le temps la couverture à soi. 

Et dire la vérité : la vérité, c’est que la dévotion envers les âmes perdues est d’origine populaire. 

Que les militants communistes ou chrétiens (je pense à Père Payet et à Christian Fontaine dans le groupe « Témoignages chrétien de La Réunion) ont étudié cette pratique et l’ont révélée au grand jour. 

Que le PCR a mené le combat pour la mémoire, avec tous les militants, mais dans le but et dans le seul but de restituer au peuple la part d’histoire et de mythe qu’on lui avait volée. 

Ainsi, à l’origine des stèles de Saint-Louis et du Port, il y a donc eu le culte populaire, puis les nombreux militants, communistes et sympathisants, croyants ou non, laïcs et religieux, puis les élus…et puis, c’est à nouveau au peuple de jouer le prochain acte de la scène historique, avec l’aide que nous avons, modestement, apporté à ses luttes. 

Chacun a son rôle, indispensable, unique. Et si nous pensons, à juste titre, que des personnalités exceptionnelles on marqué nos luttes, leur vouer un culte aux dépens de toute l’équipe est le contraire d’un hommage. 

C’est selon moi cette simplicité et cette justice que nous devons retrouver, dans le cadre de la reconstruction de notre parti et de sa manière d’informer. 

Pierre Vergès 

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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