Deuxième circonscription

Jour de vote à Corbeil

18 juin 2007

Corbeil, en bordure de La Saline, ondoie parmi les champs de cannes balayés par les alizés. À 11 heures, 20% des 499 inscrits (contre 8% le dimanche du 1er tour à la même heure) sont venus voter dans la petite école maternelle perchée en surplomb de la route départementale.

Un incident survenu le matin avec la vice-présidente a laissé à celle-ci une marque cuisante du passage d’Huguette Bello dans le 65ème bureau.
« On ne vérifie pas les identités dans ce bureau », protestait la candidate, surtout énervée de voir que ses remarques avaient été mal reçues. « Ils ne savent pas y faire et on ne peut rien leur dire. Ils le prennent de haut ! », protestait-elle.

Une heure de l’après-midi, dans le 65ème bureau. Devant la désinvolture avec laquelle les responsables du bureau de vote ignorent le code électoral, comment ne pas se demander ce que peut bien avoir de « participative » la démocratie saint-pauloise : même les assesseurs désignés par la mairie ne connaissent que très approximativement la procédure de vote. Mais si personne ne leur a dit comment faire, à qui la faute ? Apparemment, à la mairie - ou au bureau électoral - on ne s’est pas occupé de savoir si les habitants savent opérer dans les règles.
Normalement, l’assesseur placé près de l’urne - président ou vice-président - lit à haute voix le numéro écrit sur la carte, et seulement le numéro, le temps de laisser l’assesseur voisin trouver sur le registre le nom correspondant, qu’il lit à haute voix ; c’est seulement à ce moment-là, après vérification de l’identité, que l’électeur glisse son enveloppe dans l’urne, acte ponctué d’un sonore “a voté !” Ce n’est pas compliqué, il suffit de simuler la scène 5 ou 10 minutes pour savoir faire.
La vice-présidente raconte : une femme est morte dans le quartier, alors nous avons décidé de nous relayer auprès du corps, dit-elle en créole. Elle était donc derrière l’urne, pendant que le président était avec la famille de la morte, et elle menait les opérations. « Bien sûr, je ne vais pas dire à chaque instant “a voté”, “a voté”... », se justifie-t-elle, comme si ces mots n’étaient pour elle qu’une ritournelle sans intérêt.

Au village, tout le monde se connaît. C’est comme si cette mise en scène de la démocratie leur paraissait être une incongruité, une théâtralisation inutile.
Si les politiques - en particulier le premier d’entre eux, le maire - ne jouent pas leur rôle en expliquant pourquoi les règles doivent être les mêmes partout, même si tout le monde croit se connaître, cela peut très vite se gâter. C’est ce qui s’est passé à Corbeil, où la commission de contrôle s’est déplacée dans l’après-midi, à la demande de l’un des assesseurs, qui avait vainement demandé, dans la matinée, que l’on respecte les règles.
En attendant les électeurs, la vie du village se déroule dans le bureau au rythme des histoires égrainées par chacun : une galerie de personnages où émerge Michel Admette et “son loto, la mark Tonïs”, inspirée par quelqu’un du coin... Enfin, c’est ce qui se dit à Corbeil... Vient le tour du taxiteur du village, ses tournées et virées dans les environs... et au-delà... La fête “de la canne agricole” dimanche prochain...
À Corbeil, l’incident du matin était motivé : au début, on ne vérifiait pas les identités ; plus tard, on les a vérifiées, mais seulement après le vote, et pas avant. Et que vont faire les responsables municipaux devant la mention portée au procès-verbal ?

P. David


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