Appel à la non-participation au référendum du 12 décembre prévu en pleine crise sanitaire et à son report après l’élection présidentielle

Kanaky-Nouvelle Calédonie : « l’État n’arrive pas à concilier l’obligation de décolonisation avec le maintien de ses intérêts »

20 novembre 2021

Le Comité stratégique indépendantiste de non-participation au référendum du 12 décembre en Kanaky-Nouvelle Calédonie a tenu jeudi une conférence de presse. Il dénonce l’attitude de l’Etat qui, malgré la demande de report et les arguments développés en ce sens, veut maintenir à tout prix le référendum à la date prévue malgré la crise sanitaire. Pour le Comité, l’État « n’arrive visiblement pas à concilier son obligation de décoloniser la Nouvelle-Calédonie avec le maintien de ses intérêts stratégiques dans le Pacifique ».

Suite à l’ouverture des frontières de la Kanaky-Nouvelle Calédonie, le pays est à son tour touché par la pandémie de coronavirus. Ceci est à l’origine d’une crise sanitaire qui empêche la tenue dans des conditions normales du référendum sur l’avenir de la Kanaky-Nouvelle Calédonie à la date prévue, c’est-à-dire le 12 décembre. Les indépendantistes demandent donc son report à septembre 2022. Malgré cela, l’État veut que le vote ait lieu à la date prévue, ce qui montre que Paris veut « solder le problème » avant le début de la campagne de l’élection présidentielle, scrutin auquel le président de la République sera probablement candidat à sa propre succession. En réponse, les indépendantistes ont lancé un appel à la « non-participation » et ont refusé de livrer le matériel de propagande de la campagne référendaire.

L’État est-il encore neutre ?

Jeudi, le Comité stratégique indépendantiste de non-participation au référendum du 12 décembre en Kanaky-Nouvelle Calédonie a tenu jeudi une conférence de presse. Il reproche à l’État de « sortir de sa neutralité ». Ils estiment que l’État a la volonté « de voler au secours de la droite locale », essentiellement anti-indépendantiste. Les partis favorables à la décolonisation du pays ont à leur crédit la progression de l’indépendance dans l’opinion. Lors du premier référendum en 2018, l’indépendance avait rassemblé 43,3 % du corps électoral contre 46,7 % en 2020 avec plus de 80 % de participation lors du second vote sur le sujet. Rappelons également que les présidents du Congrès de Kanaky-Nouvelle Calédonie et du Gouvernement du pays sont des membres du FLNKS, front de libération constitué pour la décolonisation du pays.
« L’Etat n’arrive visiblement pas à concilier son obligation de décoloniser la Nouvelle-Calédonie avec le maintien de ses intérêts stratégiques dans le Pacifique », souligne le Comité.
Cette « non-participation » ne sera pas un boycott comme cela avait pu être le cas notamment lors du référendum du 13 septembre 1987 qui permettait de voter à condition de ne justifier que de 3 ans minimum de résidence dans le pays, ce qui était un moyen de réduire l’importance du peuple kanak qui revendique la fin de la colonisation de son pays.

Comment « trouver un chemin commun » ?

La « non-participation » sera pacifique et n’exclut pas un retour à la table des négociations. « Le 13 décembre, le FLNKS viendra à la table des discussions mais pour parler d’indépendance et pas d’autre chose », a dit Alosio Sako, membre du bureau politique de la coalition indépendantiste pour qui « le résultat de ce scrutin tronqué ne constituera pas une base légale pour renouer les fils du dialogue »
Le 14 novembre sur Europe1, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, avait une opinion opposée à ce sujet : « La non-participation c’est un droit en démocratie. Il n’y a pas de vote obligatoire donc le fait de ne pas participer n’emportera pas de doute sur la légitimité juridique ».
Il a précisé que « Vous avez un corps électoral qui est pratiquement à 50/50. Le 13 au matin vous aurez d’un côté 50 % de la population, un peu plus un peu moins, qui dira « l’affaire n’est pas terminée, l’autodétermination doit prospérer », et vous aurez une autre partie de la population, loyaliste, militant pour la République, qui dira « trois fois de suite on a eu notre Non, désormais nous avons acquis notre droit à rester dans la République ». « Pour l’Etat et le gouvernement, l’enjeu va être de trouver un chemin commun. ». Et de souligner qu’ « il faudra de toute façon redonner la parole aux Calédoniennes et aux Calédoniens d’ici juin 2023 ».

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