Air Austral : la différence entre clientélisme et développement —1—

L’A380 : des billets d’avion moins chers sans subvention

28 décembre 2011, par Manuel Marchal

Le 13 janvier prochain, une assemblée générale des actionnaires d’Air Austral est convoquée avec un seul point à l’ordre du jour : la recomposition du Conseil de surveillance par la révocation de tous ses membres et la nomination de nouveaux. Les inspirateurs de cette demande veulent manifestement prendre le pouvoir, et la ’une’ du ’JIR’ d’hier est très claire à ce sujet. Au cœur de cette manœuvre, l’avenir du projet A380 qui permettra de faire baisser de 30% le prix du billet d’avion sans subvention. Ce projet va à l’encontre de la ligne clientéliste de Didier Robert, va-t-il le démolir comme il a démoli la rocade du Tampon, le tram-train, la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ou la géothermie ?

Le projet d’Airbus A380 d’Air Austral est une exclusivité mondiale. Il répond à un problème bien précis. Avec les avions actuels, il n’est pas possible de proposer des billets d’avion moins cher. Alors pour faire baisser le prix du voyage, la puissance publique est appelée à financer une dotation dite de continuité territoriale. À l’origine payée intégralement par l’État car de sa compétence, cette enveloppe est désormais payée par les Réunionnais via la Région depuis la prise de contrôle par l’UMP de cette institution. Les nouveaux critères définis par le gouvernement en accord avec la Région sont beaucoup moins favorables car l’aide au voyage est plafonnée à 360 euros au lieu de 500 euros. Les 40.000 Réunionnais à bas revenus qui avaient pu bénéficier de la continuité territoriale sous l’ancienne mandature sont donc exclus du dispositif, car l’aide versée aujourd’hui suffit à peine à compenser la hausse des tarifs provoqués par la hausse du prix du carburant.
La subvention est donc aléatoire.

Un projet réunionnais inspire le monde

C’est pour garantir des prix moins chers toute l’année pour tout le monde que le projet d’Airbus A380 densifié a été proposé par Air Austral au constructeur européen. En permettant à 840 passagers de monter dans le même avion, il est possible de baisser le prix du billet de 30%. Il faut pour cela que le géant des airs soit aménagé en classe unique.
Sceptique au départ, Airbus a été convaincu et a même remercié Air Austral de son initiative, a rappelé Paul Vergès lors de sa conférence de presse lundi. Car le projet d’Air Austral permet aujourd’hui à Airbus de proposer ce type d’avion dans son catalogue.
Car en Asie et au Brésil, l’Airbus A380 commandé par Air Austral est une réponse pertinente à l’accroissement de la demande de transport, tout en tenant compte du pouvoir d’achat de la population.
Quand l’A380 d’Air Austral sera mis en service dans moins de deux ans, il est certain qu’à moins de vendre à perte, Air France et les autres concurrents d’Air Austral ne pourront pas s’aligner sur son prix, à moins que leurs billets d’avion soient subventionnés par la puissance publique ce qui ne serait pas possible sauf à créer une distorsion de concurrence. Faire baisser les prix pour tout le monde sans subvention, c’est une révolution dans le transport aérien, c’est un projet de développement.

Le clientélisme pour garder de petits privilèges

Pour sa part, Didier Robert est un opposant fanatique au développement. Le projet d’Airbus et d’Air Austral entre donc en totale contradiction avec ses projets. Depuis son arrivée à la Région et dans le conseil d’administration du principal actionnaire de la compagnie réunionnaise, Didier Robert ne s’est pas fait remarquer par des déclarations fracassantes pour défendre la compagnie réunionnaise et son projet révolutionnaire. Bien au contraire, il s’est affiché ostensiblement auprès de l’ancienne compagnie du monopole, Air France, et de son instrument dans la région, Air Mauritius. Or, l’objectif d’Air France n’est pas de proposer aux Réunionnais des billets 30% moins chers sans subvention, sinon elle serait allée voir Airbus pour concevoir un projet équivalent à celui d’Air Austral.
Dans la démarche clientéliste de Didier Robert, la baisse des prix ne peut passer que par une subvention qui est ensuite mise en valeur comme argument de campagne électorale. Il s’agit de distribuer de l’argent à des électeurs potentiels en comptant sur leur reconnaissance le moment venu. Et les espaces de publicité achetés dans les journaux, à la télé et à la radio par la Région sont là pour rappeler aux bénéficiaires de la subvention, à qui ils doivent leur bon de réduction.
Deux lignes sont donc face à face, celle du développement qui milite pour que tous les Réunionnais puissent payer moins cher sans subvention, et celle du clientélisme qui signifie au final soutenir les concurrents d’Air Austral en utilisant l’argent de la collectivité pour réaliser des opérations clientélistes.

(à suivre)

Manuel Marchal

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