1.000 emplois dans l’Education nationale, seulement 100 Réunionnais embauchés

L’AJFER dénonce un système qui « exclut les jeunes réunionnais des emplois publics »

6 novembre 2009, par Manuel Marchal

Voici le courrier adressé le 27 octobre dernier au président de la République par l’Alliance des jeunes pour la formation et l’emploi à La Réunion. Il rappelle que les propositions de la jeunesse réunionnaise n’ont pas été retenues dans la synthèse des ateliers des États-généraux, et rappelle que récemment a été révélé un nouveau scandale des recrutements dans la fonction publique à La Réunion : 1.000 emplois dans l’Éducation nationale et seulement 100 Réunionnais embauchés alors qu’un jeune Réunionnais sur deux est au chômage.

« Monsieur le Président de la République,
Les mouvements étudiants et sociaux qui ont touché les Antilles et La Réunion au commencement de l’année 2009 ont brutalement révélé le malaise profond qui frappe l’Outremer français.
Suite à ces mobilisations, vous avez pris l’initiative d’une vaste concertation des populations ultramarines.
Vous avez à plusieurs reprises souhaité que ces États-généraux puissent ouvrir un débat « sans tabous » relatif à la situation de l’outremer français ; dans le même esprit, vous avez encouragé les populations concernées à y exprimer leurs aspirations et leur vision de l’avenir et du développement de leurs territoires.
Or dès la mise en place de ces États-généraux, on a pu déplorer l’absence d’atelier et de structure de travail collectif spécifiquement dédié aux problématiques que soulevait la jeunesse réunionnaise dans la rue depuis quelques mois.

Partant de ce constat, la jeunesse réunionnaise, désireuse de participer pleinement à cette consultation s’est réunie au sein d’un "Collectif jeune pour les États-généraux" ; celui-ci a élaboré un projet intitulé "Nou lé kapab, 1.000 projets pour la jeunesse réunionnaise".
Ce projet a été construit à l’issue de différentes rencontres avec des jeunes, diplômés ou non, dans toutes les villes, tous les villages, tous les quartiers de notre île. Cette consultation a impliqué tant des jeunes en formation, que des jeunes frappés par le chômage, ou encore, des jeunes débutant leur vie professionnelle et familiale….
La diversité mise en œuvre au cours de la consultation a permis de donner une vision précise de la réalité ; les propositions dont est porteur le projet final reflètent les attentes de la jeunesse réunionnaise surtout en termes de formation et d’emploi.
Un constat alarmant est ressorti de cet entretien : celui d’une jeunesse mise en danger par l’absence d’emplois et de perspectives.
Lors des différents ateliers et lors de la visite du Premier ministre, nous avons remis ce projet aux différents interlocuteurs des États-généraux. Il a également été diffusé dans la population par le biais des différents médias.

Malgré cela, il apparaît aujourd’hui que les aspirations de la jeunesse, avenir de La Réunion de demain, n’ont pas retenu l’attention des rapporteurs des États-généraux de l’Outre-mer. Force est de constater qu’aucune des propositions formulées par la jeunesse n’a été intégrée au document transmis au gouvernement à l’issue de la consultation.
L’actualité récente a montré que le système qui, dans leur île, exclut les jeunes réunionnais des emplois publics, perdure. Ainsi, le rapport de la mission parlementaire du Sénat sur la situation des départements d’Outremer fait apparaître clairement que pour 1.000 emplois créés annuellement dans la fonction publique d’éducation, 900 sont attribués à des agents extérieurs à notre île.

Ceci n’est pas acceptable ; les jeunes réunionnais n’entendent pas devenir la génération sacrifiée ; ils n’accepteront pas de porter toute leur vie le fardeau d’un modèle qui a atteint ses limites et qu’il est urgent de réformer
C’est pour cela, que la jeunesse réunionnaise s’est à nouveau réunie autour de "l’Alliance des Jeunes pour la Formation et l’Emploi à La Réunion", afin de réaffirmer "Nou lé kapab, 1.000 projets pour la jeunesse réunionnaise", à l’approche de votre synthèse des États-généraux le 6 novembre prochain.
L’avenir de notre île, ne pourra pas se décider sans nous, c’est en ce sens que nous vous sollicitons afin de prendre en considération les aspirations de la jeunesse qui représente notre île et porte la Réunion de demain ».


Pas de "République fraternelle" sans confiance

Deux ans et demi après l’élection présidentielle se tient ce soir le Conseil interministériel sur l’Outre-mer. Or, lors de cette élection, l’Outre-mer a voté contre le candidat Nicolas Sarkozy, et à 60% à La Réunion.
Au lieu de répondre à cette crise de confiance, les gouvernements qui se sont succédé depuis se sont fourvoyés dans des décisions sectaires et partisanes, et dans la violence institutionnelle. Résultat : la crise s’est aggravée. Elle a été jusqu’à déboucher sur un mouvement social très important.
Face à l’impasse, la décision est prise d’organiser la concertation, ce sont les États-généraux de l’Outre-mer.
Aujourd’hui, le Conseil interministériel survient après cette concertation. Mais pour sortir de la crise, plusieurs conditions sont nécessaires.
Il s’agit tout d’abord de rétablir la confiance, ce qui suppose des rapports basés sur le respect. Il faut donc en finir avec la violence institutionnelle et faire confiance aux élus choisis par les peuples de l’Outre-mer. Ces élus sont aussi légitimes que les fonctionnaires nommés par Paris.
Rétablir la confiance, c’est également tirer les leçons des méthodes de fonctionnaires qui se comportent comme des gouverneurs, et dont certains à Paris voudraient faire un modèle de gouvernance.
Si la "République fraternelle" affichée sur la couverture de la synthèse des États-généraux est un objectif, alors cela passe par le partenariat institutionnel et donc le respect des élus que les Réunionnais se sont choisis. C’est cela la gouvernance moderne, celle de la responsabilité.

M.M. 

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