L’examen du compte administratif se transforme en débat sur le bilan de la mandature

L’Alliance démontre 5 années de gaspillage à la Région Réunion

1er juillet 2015, par Manuel Marchal

L’octroi de mer, le rapport d’activité de la Région et le compte administratif 2014 étaient notamment à l’ordre du jour de la séance plénière du 30 juin 2015 de l’assemblée régionale. À quelques mois des élections régionales, l’occasion était donnée de faire un bilan de la mandature de Didier Robert dans une ambiance de fin de règne pour le sénateur et bientôt ex-président de la Région. Les conseillers de l’Alliance ont été les seuls à intervenir, ils ont refusé le compte administratif et ont été rejoint dans ce vote par les conseillers du PS.

5 années gaspillées à la Région. Les diviseurs qui ont fait battre l’Alliance portent une lourde responsabilité.

À quelques mois du renouvellement du Conseil régional, l’heure était au bilan de la mandature de Didier Robert. Seule à interpeller la majorité, l’Alliance a constaté les impacts des choix faits depuis 2010. Alors que les jeunes Réunionnais auraient besoin de 4 lycées supplémentaires, aucun n’est sorti de terre depuis que Didier Robert est le président de la Région.

Maya Cesari met en avant un aspect révélateur de la pauvreté de ce bilan. La majorité sortante n’a pas hésité à s’attribuer les mérites de la construction du lycée de Sainte-Anne. Inauguré par Didier Robert quelques semaines après son élection, il avait été lancé et construit sous la mandature de Paul Vergès.

Si le projet d’un nouveau lycée à Saint-Denis commence à être étudié, c’est le flou le plus total pour le lycée de la mer au Port, et le lycée du tourisme à la Petite Île.

La conseillère régionale de l’Alliance a souligné que cet abandon de la jeunesse est un choix qui se traduit dans la gestion des fonds européens délégués à la Région. Ainsi, la collectivité a décidé de limiter à 37 millions d’euros la part du Fonds européen de développement régional qui soutiendra la construction et la rénovation des lycées.
Cette somme est à comparer aux 150 millions d’euros de fonds européens qui doivent être utilisés pour construire une route en mer. Quant au projet de transport guidé, c’est là aussi l’inconnue.

Faillite de la politique touristique

Yasmina Panchbaya a constaté que le bilan de la politique du tourisme remis aux élus ne comprend pas les chiffres de la fréquentation touristique. Cet oubli est-il étonnant ? Malgré tout l’argent dépensé, le nombre de touristes est aujourd’hui moins important qu’avant l’arrivée de Didier Robert à la présidence de la Région.

La conseillère régionale a coupé court aux justifications répétées par Didier Robert et ses amis. Malgré la crise en Europe, Maurice et les Seychelles ont connu une hausse de la fréquentation touristique. La subvention versée pour acheter des billets d’avion ne pousse pas les compagnies aériennes à baisser les prix. Or, le prix du billet d’avion est un obstacle reconnu au développement du tourisme à La Réunion. Une piste à creuser pourrait être l’arrivée de nouvelles compagnies aériennes à La Réunion.
André Thien Ah Koon a rappelé les promesses de Didier Robert dans ce domaine : 600.000 touristes et la construction de 8.000 chambres d’hôtel. C’est bien loin de la réalité. Le conseiller régional de l’Alliance a dénoncé les billets d’avion subventionnés par la Région pour aller en France, ainsi que le projet de Didier Robert de baisser le prix du voyage vers Maurice en recourant là aussi à une subvention.

Ces décisions ont un effet très clair : amener les touristes réunionnais à dépenser leur argent en France ou à Maurice plutôt qu’à La Réunion.

La majorité des Réunionnais abandonnés

En matière d’aménagement du territoire, les conséquences des choix sont là aussi désastreux. Béatrice Leperlier a noté que la politique de la Région est contraire aux piliers du développement durable. Le dernier exemple en date est le projet de la méga-carrière de Bois-Blanc pour fournir les galets nécessaires au projet de route en mer. La nouvelle route du littoral en elle-même est une attaque contre la biodiversité. Les 60 millions consacrés aux compensations environnementales servent à couvrir des dérogations qui concernent 54 espèces menacées. Quant aux Réunionnais, ils sont oubliés dans leur grande majorité puisque l’essentiel des investissements sont prévus dans une route de 12 kilomètres reliant deux villes du Nord de La Réunion.

André Thien Ah-Koon a interrogé sur les 150 millions promis pour l’aéroport de Pierrefonds. Que deviennent-ils ? Le Sud est totalement abandonné, a constaté le maire du Tampon. Où est la contournante du Tampon, l’allongement de la piste de Pierrefonds ?

Ambiance de fin de règne

Au lieu de cela, des fonds sont dépensés pour payer des emplois verts que le conseiller de l’Alliance soupçonne d’être une milice populaire au service de la Région. Un récent article de presse a en effet souligné que le collectif des associations bénéficiant d’emplois verts subventionnés par la Région avait été contacté par la collectivité, pour grossir artificiellement une foule bien clairsemée lors d’une manifestation anti-gouvernement lancée par… Didier Robert.

L’examen du compte administratif fait en effet apparaître une explosion des dépenses de fonctionnement. Elles ont doublé depuis 2010, a constaté Camille Sudre. Cela compromet définitivement la possibilité de réaliser une nouvelle route du littoral. La Région a été incapable de maîtriser ses dépenses de fonctionnement, poursuit l’élu. Pour être en mesure d’assurer le financement de la NRL, ce poste n’aurait pas dû dépasser environ 350 millions d’euros en 2014. Le compte administratif fait apparaître une dépense de 400 millions d’euros en 2014, 50 millions de plus que la limite.

Ce déséquilibre résulte de dépenses devenue pérennes, comme le financement de la continuité territoriale à la place de l’État. Son montant annuel inscrit en fonctionnement équivaut à celui de la construction d’un lycée, qui est un investissement.
Seules des recettes exceptionnelles ont permis une épargne positive, a ajouté Béatrice Leperlier.

Face à ces questions précises, Didier Robert était un peu seul pour répondre et n’a pas fait preuve d’une grande originalité, répétant tel un disque rayé des éléments de langage qui ne passent plus du tout auprès de l’opinion, ponctués d’attaques personnelles qui décrédibilisent la collectivité. Cette séance plénière sentait bien la fin de règne.

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