Un très grave scandale à quelques semaines des élections

L’Alliance démontre l’utilisation des emplois-verts de la Région à des fins électoralistes par l’UMP

16 février 2011

L’Alliance a donné un nouvel exemple du retour en arrière imposé à La Réunion par l’arrivée de Didier Robert à la tête de la Région. Les emplois-verts de la Région sont maintenant uniquement utilisés pour tenter de fausser le résultat des élections. L’Alliance dénonce l’exploitation de la misère, et entreprend des démarches pour que cesse ce scandale. Si le contrôle de légalité n’est pas saisi, l’Alliance portera l’affaire devant le Tribunal administratif. Et ce n’est qu’un début.

Lors d’une conférence de presse hier à Saint-Denis, Maya Césari, Béatrice Leperlier, Catherine Gaud, Aline Murin-Hoarau et Michel Lagourgue ont dévoilé l’ampleur du scandale des emplois verts à la Région. Les conseillers régionaux de l’Alliance membres de la Commission permanente ont en effet constitué un dossier qui démontre l’utilisation, à des fins bassement électoralistes, de la misère et de la précarité.
Didier Robert a en effet décidé de doubler le nombre d’emplois-verts attribués par la Région à des associations œuvrant dans l’environnement. Mais il apparaît clairement que l’objectif n’est pas de permettre aux bénéficiaires de ses emplois de sortir de la précarité. Il s’agit uniquement de distribuer de l’argent public en fonction d’objectifs électoralistes.
Catherine Gaud rappelle le précédent de 2008, où la commune du Tampon, dirigée alors par Didier Robert, avait eu droit à 35% des emplois aidés CUI attribués aux 24 communes de l’île lors du premier semestre d’une année électorale. Elle ajoute également que des élections ont déjà été annulées à Saint-André et à Saint-Philippe au motif d’embauches massives d’emplois aidés.

« Atteinte au suffrage universel »

Cette fois-ci, l’exploitation de la misère prend une autre forme. Depuis le changement de direction à la Région, la gestion des emplois-verts est entre les mains de l’UMP. Il a été décidé de distribuer massivement des emplois-verts à des associations créées après juin 2010 dans les cantons renouvelables. Catherine Gaud note que les recrutements se font en urgence, et les travailleurs commencent leur contrat par des congés payés car il n’y a pas de chantier prévu. Cela n’est guère étonnant car les dossiers présentés ne sont pas complets. Manque souvent notamment l’autorisation du propriétaire ou du gestionnaire du lieu sur lequel est censé se dérouler le chantier. Cela n’empêche pas la majorité UMP conduite par Didier Robert de voter l’attribution de centaines de milliers d’euros pour chacune de ces associations.
Où est le respect pour les travailleurs ? Catherine Gaud déplore « des situations pathétiques où on exploite la misère en portant atteinte au suffrage universel ».
Béatrice Leperlier souligne que la première décision a été de supprimer le comité technique regroupant les différents partenaires institutionnels de la collectivité dans ce domaine de compétences. Ce comité permettait d’apporter un regard d’experts sur les propositions formulées par les associations demandeuses d’emplois-verts. La conseillère régionale pointe également la désorganisation qui règne dans le service instructeur du fait justement de l’orientation politicienne prise par la gestion des emplois verts.
158 personnes dont 12 encadrants attendent un renouvellement de convention depuis le mois de décembre. Elles sont privées d’emploi.

« Une gouvernance totalement irresponsable »

Aline Murin-Hoarau note que le gisement d’emplois que constitue l’environnement est dévoyé par la Région. Des chantiers qui ont prouvé leur utilité et des associations qui ont démontré leur compétence voient leurs demandes de renouvellement rejetées. C’est le cas de l’AGIDESU au Port.
Maya Césari rappelle que l’Alliance tire depuis longtemps la sonnette d’alarme. Le 17 août dernier, elle a demandé par écrit une évaluation sur le financement du plan "10.000 emplois-verts" : aucune réponse de la Région. Le 30 novembre, Didier Robert affirme dans la presse avoir toutes les garanties du gouvernement sur le soutien de l’État.
Mais lors de la dernière Commission permanente, la réalité s’est imposée : l’État se désengage et les Réunionnais doivent payer pour la Région à la place de l’État. La participation de l’État au salaire baisse de 10 points, et il ne finance plus que sur la base de 22 heures hebdomadaires au lieu de 24. À cela s’ajoute le doublement du nombre d’emplois verts financés par la Région.
Résultat : la collectivité doit faire voter en urgence une rallonge budgétaire de 6,5 millions d’euros pour boucher le trou. Ce qui démontre que la collectivité a à sa tête « une gouvernance totalement irresponsable », constate Maya Cesari.

Manuel Marchal


L’Alliance demande à l’État toute la transparence

Michel Lagourgue rappelle les actions entreprises par la Région pour éviter cette gabegie préjudiciable à l’équilibre financier et à la réputation de la collectivité Conseil régional. Outre la lettre du 17 août dernier, l’Alliance a adressé le 21 janvier un courrier au préfet demandant au représentant de l’État d’exercer le contrôle de légalité sur ces attributions d’emplois-verts décidées le 21 décembre dernier.
« Nous en voulons pas que cela soit du clientélisme », affirme Michel Lagourgue. « Si le préfet ne déferre pas cette décision au Tribunal administratif, l’Alliance saisira la justice ». Michel Lagourgue ajoute que cette affaire relève d’une enquête policière.
« On ne peut pas se permettre de se servir des emplois-verts pour faire une opération électorale à quelques mois des élections ».
Puisque la collectivité refuse de transmettre aux élus le nombre d’emplois-aidés qui lui sont attribués par l’État, les élus de l’Alliance à la Commission permanente de la Région demandent au préfet de leur communiquer cette information.
Les élus souhaitent également que le représentant de l’État communique la répartition par collectivité de tous les emplois aidés attribués pour ce premier semestre. Est-il vrai que l’augmentation du nombre d’emplois-verts donnés à la Région se fait au prix d’une diminution du nombre d’emplois attribués aux autres collectivités ?


Saint-Louis, Saint-Paul et Saint-André : des objectifs de l’UMP

Voici quelques exemples d’attribution d’emplois-verts par la Région lors de la Commission permanente du 21 décembre dernier.

Association date de création nombre d’emplois obtenus
Main tendue (Saint-Louis) 19 mai 2010 36+3 encadrants
Valorisation de l’environnement à La Rivière 19 mai 2010 60+5 encadrants
Papyrus (Saint-Paul) 11 août 2010 50+5 encadrants
CADESOL (Saint-Paul) 3 octobre 2010 73+7 encadrants
Baie des Pirates (Saint-Paul) 28 mai 2010 50+5 encadrants
Pont des Anglais (Saint-Paul) 21 mai 2010 50+5 encadrants
Association 3E (Saint-André) 10 juillet 2010 134+9 encadrants
A la Une de l’actuDidier RobertCantonales 2011

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Messages

  • Bien sur qu’il y a utilisation des précaires à des fin electoralistes. Bien sur il y aura moyen de faire annuler les élections en cas de victoire. Mais posons nous le problème de fond. Pourquoi cette situation dure t-elle toujours ? Pourquoi autant de précarité chez les Réunionnais cela dure depuis plus de 50 ans ? Pourquoi tant de génération perdu ? Avons nous vraiement voulu leur développement ? A quand une vraie mobilisation pour que tout cela change mais CHANGE vraiement... Regardons au dessus de nos épaules et voyons ce qui se passe en afrique du Nord, la ou régnait des semblant de démocratie...


Témoignages - 80e année


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