Après l’annonce de Didier Robert d’une aide aux vacances payée par tous les contribuables

L’Alliance exige que les Réunionnais soient respectés : on n’achète pas une conscience avec un billet d’avion

30 janvier 2015, par Manuel Marchal

Hier à la Région, les conseillers régionaux de l’Alliance représentés par Maya Césari, Catherine Gaud et Béatrice Leperlier ont donné leur position sur le nouveau dispositif d’aide aux vacances présenté par Didier Robert lors de ses vœux à la presse. L’Alliance a également fait part d’une proposition pour utiliser plus judicieusement les 24 millions d’euros que la Région compte engloutir dans cette opération pendant cette année électorale, et compte aussi demander un audit sur les bénéfices des compagnies aériennes à La Réunion : le pétrole baisse mais pas les prix.

Béatrice Leperlier, Catherine Gaud et Maya Césari ont alerté sur la réalité du de l’aide aux vacances annoncée par Didier Robert.

Béatrice Leperlier, Catherine Gaud et Maya Césari ont tenu hier une conférence de presse à l’Alliance. Les trois conseillères régionales ont donné la position de l’Alliance sur le nouveau dispositif d’aide au voyage promis par Didier Robert lors de ses vœux à la presse.
Maya Césari a constaté que c’est « une annonce démagogique, électoraliste et périlleuse ». Didier Robert présente cette aide comme un dispositif de continuité territoriale. « La continuité territoriale une compétence d’État, Didier Robert donne un coup fatal à une bataille », souligne-t-elle.
Maya Césari a expliqué que « depuis 2010, Didier Robert a décidé de co-financer le dispositif. Il a décidé de privilégier les ménages les plus aisés. Il a explosé les budgets qui ne sont pas contrôlés ». C’est ainsi qu’en 2010, la Région versait 8 millions d’euros pour financer la réduction des prix des billets d’avion, au même niveau que l’État. En 2014, si l’État a mis 13 millions d’euros sur la table, la Région a dépensé 24 millions d’euros.
« Au lieu de se battre pour faire respecter à l’État la nécessité que La Réunion ait une enveloppe plus conséquente, Didier Robert s’approprie cette compétence pour financer un dispositif 100 % Région. Il provoque le désengagement de l’État », a déploré la conseillère régionale.
Les 24 millions annoncés sont « une dépense majeure, sans retour sur investissement ».
« C’est uniquement une aide aux vacances. On ne peut pas revendiquer être traité comme la Corse par l’État tout en ouvrant ce dispositif », poursuit Maya Césari, car « c’est enlever de la poche des Réunionnais pour redistribuer autrement alors que cela devrait faire l’objet d’une contribution de la solidarité nationale ».
Ce nouveau dispositif n’est rien d’autre qu’une « démarche électoraliste et mensongère » qui va semer la pagaille en faisant coexister deux dispositifs concurrents financés par l’État et la Région.

En concurrence avec l’aide de l’État

Béatrice Leperlier a développé ce point. Tout d’abord, une annonce est balayée. L’Union européenne ne mettra pas un centime pour financer le dispositif car c’est une aide au vacances. Tout ce qui concerne la formation et l’emploi existe déjà dans d’autres dispositifs qui ne sont pas remis en cause.
Ensuite, aucune certitude n’existe sur la possibilité de ne pas notifier à la Commission européenne la création d’un nouveau dispositif de subvention des billets d’avion. Béatrice Leperlier constate que l’État n’est pas exempté de cette démarche. Ce n’est pourtant pas un dispositif nouveau mais une mise à jour d’un système déjà existant.
La Région risque donc d’engager des fonds publics sans qu’elle ait obtenu l’accord de le faire.
La concurrence entre les aides de l’État et de la Région vont déboucher sur une situation très simple : les voyageurs potentiels iront là où la subvention est la plus élevée.
La conseillère régionale constate que pour les personnes appartenant à la première tranche, elles auraient droit à 450 euros de la Région, ou 360 de l’État si jamais ce dernier maintien son aide au niveau actuel.
Conclusion : « l’aide mise en place par l’État irait aux oubliettes ». La dotation prévue par l’État ne serait donc pas dépensée, et Paris aurait donc beau jeu de dire que cela ne sert à rien qu’il vienne aider les Réunionnais à voyager. « Les conditions pour que l’État se désengage » sont réunies.
Ensuite, ce nouveau dispositif va obliger la création d’un nouveau service car LADOM ne s’en occupera pas. La Région prévoit donc le budget pour payer 10 personnes à temps plein. Enfin, précise Béatrice Leperlier, « rien n’interdit d’avoir deux billets par an » co-financé pour le premier par la Région et pour le second par l’État.

Déjà la pub avant que cela soit voté

Catherine Gaud a donné un aperçu des conséquences financières de cette nouvelle dépense. C’est « un dossier très symptomatique de la Région dont est gérée la collectivité, très symptomatique de la posture électoraliste ». Elle a montré qu’« avant même que le dispositif ne soit voté, le 3 février », une publicité d’Air Austral déjà dans la presse. Air Austral est une compagnie aérienne présidée par Didier Robert, et la publicité fait comme si le dispositif existait déjà, appelant les Réunionnais à préparer leurs vacances de l’hiver austral.
La conseillère régionale a ajouté que le dispositif actuel est peu utilisé par les plus pauvres.
« La cour des comptes a dit que cela favorise une augmentation du coût des billets d’avion », a dit l’élue de l’Alliance.

La jeunesse sacrifiée

L’Alliance a noté que depuis 2010, 80 millions d’euros ont été pris dans les caisses de la Région pour cette aide aux vacances. Tous les ans, des décisions modificatives sont votées pour payer les bons de réduction des billets d’avion, car le budget initial est toujours dépassé.
Pas étonnant que la ministre dise que « la dépense n’est plus contrôlable ». Cela met en danger les finances de la Région. C’est la conséquence de choix. Entre 2004 et 2010, l’Alliance avait construit 4 lycées. Aucun n’est sorti de terre depuis 2010. Or, la part régionale pour un lycée, c’est 20 millions d’euros, avec des emplois et des richesses créées à La Réunion.
L’éducation passe à la trappe. Catherine Gaud a dénoncé « un choix scandaleux » au détriment de la jeunesse.
Au lieu de demander à l’État de respecter l’égalité, la Région s’est substituée à lui et fait payer les Réunionnais. En cette année électorale, le scandale s’amplifie : « on achète les gens, on ne les respecte pas », a affirmé Catherine Gaud.
Le président de Région est dans cette ligne depuis des années. Catherine Gaud a d’ailleurs rappelé qu’en 2008, Didier Robert avait voté la baisse de 11 % du budget de l’Outre-mer. À l’époque, le gouvernement était de son bord politique. Aujourd’hui, il combat Paris car le gouvernement a changé de parti.
L’Alliance a donc de nouveau alerté sur la catastrophe et pense aux énormes difficultés à venir pour redresser la situation après la défaite de Didier Robert aux régionales.

Aidons les Réunionnais en France à venir en vacances à La Réunion


Pour que ces 24 millions ne soient donc pas dépensés dans un dispositif concurrent, l’Alliance propose de les utiliser pour permettre aux Réunionnais émigrés en France de venir en vacances à La Réunion. « Permettons aux Réunionnais qui ont accepté de partir en France de revenir ici. Cela développera le tourisme. C’est une activité qui sera créée », ajoute Béatrice Leperlier. Ceci permettra donc à l’État de s’occuper de l’aide au voyage pour les Réunionnais qui souhaitent aller en France. Les deux dispositifs seraient donc complémentaires. Mais, comme l’a dit en substance Catherine Gaud, Didier Robert acceptera-t-il d’aider des personnes qui ne voteront pas à La Réunion aux prochaines régionales ?

Et la surcharge carburant ?


Pour faire baisser les prix, l’Alliance s’intéresse à la surcharge carburant. Elle demande qu’un audit soit lancé sur cette prime payée par les passagers aux compagnies aériennes desservant La Réunion. « Le prix du pétrole a baissé, de 130 euros à 50 euros, pourquoi Air Austral n’en fait pas bénéficier ses clients ? »
Pour que cette injustice soit tirée au clair, l’Alliance demande la transparence, et pourquoi ne pas commencer par la compagnie qui a pour président Didier Robert, qui est aussi le président de la Région et de l’actionnaire principal d’Air Austral, la SEMATRA ?
Catherine Gaud est revenue sur une autre proposition de l’Alliance pour faire baisser le prix des billets toute l’année de 30 % pour tout le monde, c’était l’Airbus A380.

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