L’Alliance pointe les « effets pervers » d’une ZFU miniaturisée

18 janvier 2007

Au nom de l’Alliance, Emmanuel Lemagnen, vice-président de la commission économique de la Région Réunion, a attiré l’attention sur la création de la Zone Franche Urbaine dont la création à Saint-André est effective depuis le 1er janvier. De l’effet d’annonce en période pre-électorale, à l’effet d’aubaine, tous les « effets pervers » d’une mesure « trop petite » ont été passés en revue.

« De ce qui nous revient des réunions qui se tiennent à la CIREST pour la Zone Franche Urbaine (ZFU), elles se tiennent en présence de gens - même pas des entreprises : des personnes physiques - qui viennent voir combien on va leur donner si elles déménagent ». Emmanuel Lemagnen se défend de donner dans la caricature et il manifeste un certain sens de la mise en scène lorsqu’il décrit, le long de la route qui sépare Sainte-Suzanne de Saint-André à Quartier Français, le destin de deux Supérettes identiques dont l’une est “franchisée”, l’autre pas. « Tout ce qu’on va obtenir, c’est l’élimination par une distorsion de concurrence des activités existantes et un appauvrissement du territoire. Entre la ZFU du Chaudron et celle de Saint-André, quelle entreprise va désormais aller s’installer à Sainte-Suzanne ? », demande-t-il, en subodorant, dans l’Est de La Réunion, « une vision à très court terme et très clientéliste ».
S’il dit qu’il peut comprendre la légitimité des ZFU dans les zones difficiles, en France, la lecture des critères retenus par la loi Borloo inspire à l’élu régional une autre vision pour notre île. « C’est toute La Réunion qui devrait être une ZFU : l’île entière répond aux critères. Si on “micro-régionalise”, on va arriver à l’inverse de l’effet recherché : pas de création d’entreprises, pas d’emplois, des exonérations sans effet levier et un appauvrissement du territoire », estime-t-il.
Rappelant que la Région a plusieurs fois appuyé la demande de création de telles zones, l’animateur de l’Alliance préfigure trois étapes indispensables à une telle création :
a) analyser les forces et les faiblesses réelles de l’économie de La Réunion ;
b) sélectionner les « effets de leviers » : exonérer un notaire ou un huissier, est-ce une priorité du développement local ? demande l’élu régional ;
c) faire en sorte que cette création consolide le PRD et le SAR. « C’est le SAR qui va, en dernière instance, déterminer l’implantation des entreprises ! S’ils veulent faire des déménagements sans s’occuper des équilibres d’ensemble, ils peuvent toujours se brosser... »
L’avertissement a le mérite de la clarté. L’élu régional estime qu’en terme d’équilibre territorial, le seul projet d’intérêt serait un projet de Zone franche globale, réunionnaise, étudiée en accord avec le SAR et les autres documents d’aménagement. « Ce n’est pas un maire tout seul qui va développer l’économie de sa commune ».
En somme, la « vraie perversité » de la ZF de la CIREST, c’est sa petite taille. Et pour conclure, l’élu de l’Alliance pressent que la proposition sera reprise dans la plate-forme que sa formation entend soumettre aux candidats à l’élection présidentielle, avec un vrai ciblage des activités économiques, des critères d’emploi et une harmonisation de l’aménagement du territoire.

P. D.


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Messages

  • Complétement d’accord avec la proposition de ZFU globale... Mais cette demande ne révèlerait-elle pas l’obsolescence de la politique fiscale liée au financement du modèle social français ?

    Il est donc urgent pour une meilleure lecture des exonérations accordées aux entreprises sur le territoire réunionnais, d’adopter une mesure de nature comptable, obligeant les entreprises et les artisans, à faire figurer dans leurs comptes, le montant de ces économies que leur confère la loi.

    Puisque ces aides ont vocation d’aider à l’emploi, d’aider à la pérennisation, que l’Etat ou un organisme régional, surveille l’évolution du nombre d’employés d’une année sur l’autre, l’évolution de la masse salariale et de la rémunération moyenne horaire de sorte que ces exonérations ne viennent pas que remplir la poche du patron.

    Ceux des bénéficiaires qui ne joueraient pas le jeu de la transparence et de la citoyenneté en redistribuant une partie de ces exonérations, seraient dans l’obligation de reverser à cet organisme tout ou partie des sommes "mal employées"..

    Rappelons qu’à ce jour pour un salarié SMICARD ou ayant un salaire supérieur à 1400 € brut mensuel, que :
    1) les exonérations de cotisations patronales sur la base du SMIC représente annuellement 3800 € , et 5000 € pour un salaire supérieur à 1400 euros brut mensuel.
    2) que le niveau de rémunération des catégories ouvriers non qualifiés, ouvriers qualifiés et employés demeurent nettement inférieurs au revenu moyen de ces catégories en Métropole avec un écart annuel de 900 euros annuel pour un ouvrier non qualifié, de 2400 euros pour un ouvrier qualifié et de 500 euros pour un employé (source site Agence de Développement de la Réunion www.adreunion.com, données de rémunération moyenne pour l’année 2002).


Témoignages - 80e année


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