États généraux : en avant le projet réunionnais — 8 —

L’alternative du co-développement

24 octobre 2009, par Manuel Marchal

Au moment où se construit un nouveau rapport entre La Réunion et ses voisins, les élus réunionnais font des propositions pour que cette réalité nouvelle soit prise en compte dans les mesures qui seront décidées lors du Conseil interministériel du 6 novembre.

Le 29 août dernier, la Commissaire européenne au Commerce signait au nom de l’Europe, et donc au nom de La Réunion, un accord changeant fondamentalement les relations entre les pays de notre région et l’Europe. Cet accord dit que tout ce qui est considéré comme un produit issu d’un pays de la région peut entrer sans quota ni droit de douane dans n’importe quelle région de l’Union européenne, et donc à La Réunion. Le contenu de cet accord suscite les craintes des producteurs locaux, puisque si des dérogations existent sur un nombre limité de produit, pour le moment seulement le sucre, les "clauses de sauvegarde" ne feront que reculer l’échéance. Et un jour ou l’autre, toute l’économie de La Réunion sera intégrée dans une zone de libre-échange sans tarifs douaniers comprenant non seulement les 27 pays de l’Europe comme aujourd’hui, mais aussi tous les pays de notre région.

Ces pays n’ont pas la même histoire que nous, et ils n’ont pas non plus le même système social. Ils ont des coûts de production nettement inférieurs, mais ils fabriquent les mêmes produits. Autrement dit, l’application mécanique d’un tel accord fait craindre la répétition à une très large échelle de la catastrophe qui a ruiné des milliers de planteurs de géranium et de vanille à La Réunion.
Dans un communiqué, Élie Hoarau, député au Parlement européen, annonce qu’un dernier espace de débat s’ouvre car cette assemblée doit dire si cet accord est conforme. Mais pour aller dans le sens de l’intérêt général, il est nécessaire de se rassembler afin de proposer une alternative à ce libre-échange destructeur.

Dans le document conjoint adopté par la Région et le Département dans le cadre des États généraux, les élus proposent de « relancer un dialogue APE constructif et équilibré à partir des matrices de développement des accords intérimaires qui seront bientôt signés, des priorités définies dans le cadre de la COI et du Programme Opérationnel de Coopération territoriale de La Réunion ». L’ambition est d’intégrer le fait que La Réunion peut être un partenaire du co-développement des pays de la région, cela implique donc de rechercher des complémentarités plutôt que d’être des concurrents.
Cette dimension du co-développement était déjà présente dans le document adressé par le président de l’Alliance à tous les candidats à l’élection présidentielle, et tous, y compris Nicolas Sarkozy, ont fait part de leur intérêt pour cette idée. Pour faire de ce projet une politique, une gouvernance est proposée. Elle vise à créer les conditions pour que les Réunionnais aient leur mot à dire dans ces discussions qui concernent l’avenir de leurs productions. Dans ce but, c’est la Région, élue directement par les Réunionnais, qui est proposée comme chef de file dans la compétence de la coopération régionale.
Un autre aspect favorisant le co-développement est de favoriser la mobilité des personnes, puisque par ailleurs, du fait de l’APE, les marchandises peuvent circuler sans limite de la région vers La Réunion.

Manuel Marchal


« Un dialogue mature » plutôt que l’affrontement

La Réunion est une « terre de projets », voici en préambule ce qu’a déclaré le préfet de La Réunion lors de l’assemblée générale de l’ADIR jeudi au Port. Il a également tiré des enseignements de la crise, estimant en substance que « les difficultés doivent contraindre à un dialogue mature et pas à l’affrontement ».
Au bout de 60 ans d’errements, et de deux ans et demi de divagations, la réalité finit donc pas s’imposer à tous. La crise amène à rappeler que le partenariat institutionnel est la seule solution pour progresser.


Progresser ensemble avec le partenariat institutionnel

Dans son intervention lors de l’assemblée générale de l’ADIR, le préfet a souligné que la co-gestion par la Région et l’État des fonds européens est exemplaire selon Bruxelles.
Cette déclaration donne un coup de projecteur sur l’AGILE, une structure partenariale créée à l’initiative de la Région pour assurer la gestion de ces fonds. Cette initiative rappelle que les Réunionnais n’ont pas besoin d’attendre qu’un fonctionnaire de passage vienne dire ce qui est bon de faire. Elle rappelle que les Réunionnais sont capables d’imaginer des outils adaptés à leur situation. Et grâce aux Réunionnais, c’est l’action des deux partenaires, l’État et la Région, qui est reconnue par l’Union européenne.
Le tram-train est un autre exemple de ce partenariat institutionnel qui fait progresser tout le monde. La Rencontre internationale des PPP a décerné au projet réunionnais le "Prix du défi relevé". C’est une reconnaissance de l’efficacité réunionnaise, sur les plans politiques et économiques. Et cette reconnaissance rejaillit également sur le partenaire de la Région dans ce projet, l’État. Puisque le tram-train est un partenariat, sa reconnaissance internationale récompense et fait progresser tous ces partenaires.
Autre exemple : le maloya. L’initiative réunionnaise permet à la République d’être mise en avant par l’UNESCO. Car quand l’Organisation des Nations unies pour la Culture inscrit le maloya dans le patrimoine mondial de l’humanité, elle considère que c’est aussi une part de la diversité culturelle de la République. Tout le monde devrait donc être fier de cette reconnaissance, ce qui rend d’autant plus étonnante l’absence de communiqué de félicitation du fonctionnaire représentant le gouvernement à La Réunion.

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