Développement économique : quelles filières nouvelles ?

L’autonomie énergétique au centre de la croissance

3 novembre 2012, par Manuel Marchal

Au moment où un système vieux de 60 ans est en train de s’écrouler, toute l’économie est remise en cause, car le nombre important de créations d’emplois ne suffit pas à couvrir la croissance démographique. Depuis plusieurs années, le PCR et l’Alliance ont proposé de placer l’autonomie énergétique au centre de l’économie. Cela répond à un besoin et anticipe une situation. À partir du moment où nous pourrons produire toute notre énergie, alors nous serons maîtres de notre politique de développement.

La moitié des Réunionnais sont en dehors du travail durable, et ce sont des groupes extérieurs au pays qui dominent des secteurs stratégiques de l’économie dans l’énergie, le transport, le BTP, la distribution, notamment. Parce qu’ils en tirent une rente de situation, ces groupes n’ont pas intérêt à voir les choses changer. Ils peuvent s’appuyer sur une partie de la classe politique prête à toutes les compromissions pour continuer encore à bénéficier des confortables subsides que procure l’assimilation. Depuis les indépendantistes jusqu’à Didier Robert, en passant par Vergoz et Bello, une coalition était à l’œuvre pour empêcher l’Alliance de garder la Direction de la Région. Elle savait qu’avec l’Alliance au pouvoir, le chantier du tram-train allait démarrer, ce qui devait accélérer la marche vers l’autonomie énergétique.

Ces filières nouvelles sont en effet des secteurs créateurs d’emplois, et qui ont aussi pour effet de montrer davantage aux Réunionnais qu’ils sont capables de reconstruire leur pays, avec moins de pollution au CO2. La prise de responsabilité des Réunionnais est une éventualité qui les fait frémir. Ils ont peur pour leur pouvoir dérisoire.

Deux ans après le coup de force contre l’Alliance, la situation s’est considérablement aggravée. Le projet d’autonomie énergétique apparaît toujours plus urgent. Il peut être relancé rapidement grâce à la volonté conjointe des opérateurs économiques qui se sont regroupés et des élus conscients de l’enjeu.

Avec plus de 157.000 demandeurs d’emploi, le peuple n’en peut plus. Les événements de février dernier nous rappellent que si rien ne change, si les emplois ne sont pas au rendez-vous, des tensions peuvent éclater. Les nouvelles filières autour de l’autonomie énergétique répondent aussi au besoin de maintenir notre cohésion sociale.

Manuel Marchal

Le bilan de l’intégration

Une économie inadaptée à la réalité réunionnaise

Aujourd’hui, plus de 157.000 Réunionnais sont inscrits à Pôle Emploi. Plus de 60% des jeunes sont au chômage, et ce taux atteint près de 70% pour les jeunes de moins de 25 ans, sortis du système scolaire sans diplôme. C’est l’échec d’un système inadapté à la réalité réunionnaise.

C’est en effet le système d’un des pays européens parmi les plus riches du monde qui a été plaqué sur une île tropicale à peine sortie de plus de 300 ans de domination coloniale. Une telle greffe ne pouvait pas tenir durablement. C’est pourquoi le pouvoir parisien a imaginé toutes sortes de subventions pour maintenir ce système la tête hors de l’eau. Comme rappelé hier, sans la défiscalisation et les exonérations de cotisation, tout ce serait déjà écroulé.

Il est vrai que Paris n’a pas le choix, car ce sont les décisions de ce pouvoir qui ont conduit à une telle aberration. En décidant d’instituer l’inégalité des revenus, le gouvernement français permettait à une minorité d’avoir un pouvoir d’achat suffisant pour acheter le mode de vie français, nourri à coup d’importations et de monopoles.

Tout le monde a pu constater que le changement de Direction à la Région a eu pour effet de renforcer les monopoles de l’énergie. L’entreprise française EDF a même été jusqu’à proposer de construire de nouvelles turbines au fioul !

Pour sa part, Didier Robert a subventionné les compagnies pétrolières pour qu’elles n’augmentent par leur prix pendant une campagne électorale, un fait suffisamment rare dans toute la République pour être souligné.

Au bout de plus de 60 ans d’errements, c’est le blocage total.

En résumé :

- une économie dominée par des intérêts extérieurs ;

- la totalité des moyens de transport (véhicules et carburant) est importée à des prix exorbitants ;

- des créations d’emplois en nombre insuffisant ;

- des jeunes contraints à l’exil ou au chômage ;

- la domination d’une économie au service d’un mode de vie à l’occidentale dans un pays où le pouvoir d’achat ne suit pas.
Propositions

La libération des énergies grâce à l’autonomie énergétique

Avec l’Alliance à la Région, le programme de l’autonomie énergétique avait été lancé. Le tram-train était financé, le contrat signé. Il ne manquait que le versement par l’État d’une dotation à laquelle ont droit toutes les Régions.

En 1999, Paul Vergès avait fixé l’objectif : autonomie énergétique en 2025. Des outils ont été créés pour l’atteindre, parmi eux, l’Agence régionale de l’énergie Réunion (ARER), aujourd’hui détournée de ces objectifs initiaux.

Grâce à l’ARER et à sa déclinaison opérationnelle de l’objectif d’autonomie énergétique, La Réunion était devenue une terre d’expérimentation des technologies des énergies renouvelables. C’était la perspective de milliers d’emplois durables à La Réunion, et la fin de la facture pétrolière.

Depuis deux ans, les projets ont été stoppés. Il n’est pas trop tard pour agir afin de garder l’espoir.

Voici comment pourrait se décliner une nouvelle économie autour de l’autonomie énergétique :

- formation de milliers de Réunionnais pour occuper les postes créés dans la fabrication, l’installation et la maintenance de centrales fonctionnant avec des énergies renouvelables : soleil, vent, géothermie, énergie de l’océan…

- construction du tram-train électrique : des milliers d’emplois dans la construction et le fonctionnement. Le tram-train et les réseaux de transports collectifs autour pourront former la première entreprise réunionnaise.

- formation de jeunes Réunionnais pour partager les technologies acquises avec les pays voisins pour une autonomie énergétique des Mascareignes et de l’Afrique australe.

- réorientation des fonds dépensés dans l’importation de carburants vers la création de richesses à La Réunion dans tous les domaines.
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