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L’autonomie : le cas de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

mardi 27 avril 2021, par Editorialistes, Mathieu Raffini


Pour avoir un pays autonome, ce à quoi nous aspirons toutes et tous ici, l’autonomie alimentaire est par exemple fondamental, comme sur le plan énergétique.
Pour autant, un pays autonome se reconnait également par sa capacité à former et garder ses jeunes, et en particulier ses élites intellectuelles.


Faisons un constat rapide : il y a près de 60% de chômage chez les moins de 25 ans et le départ, s’il est choisi par certains, est forcé pour beaucoup. Déjà par l’espoir d’obscures formations (le CNARM) sans pour autant avoir de garantie d’emploi au retour. Ce schéma, en lui-même, doit déjà cesser.

Concernant l’université, nous avons la chance d’en disposer d’une de plein exercice, relativement conséquente, mais où de nombreux problèmes se posent :
Tout d’abord, la question des filières. Comment expliquer que la sociologie, pourtant fondamentale pour appréhender notre société ne soit pas disponible ? De même, que la psychologie qui, elle existe bien, mais uniquement dans un établissement privé (Université Catholique de l’Océan Indien) et ce jusqu’au master, où il faudra alors partir à Angers pour poursuivre ses études. Encore plus d’étudiants, potentielles élites du pays qui le quittent faute de formation.

Arrêtons-nous également sur la question de la science politique. Il n’existe aucun IEP d’équilibre du territoire à la Réunion, territoire pourtant de près de 860.000 habitants. La même problématique existe pour les écoles d’administration, où on est obligé de partir en France pour en suivre le cursus.

La question pourrait s’arrêter à la formation initiale, mais elle est la même pour la recherche. Limitée, sous dotée… Comment expliquer qu’un secteur porteur tel que l’hydrogène par exemple n’ait aucun débouché en termes de recherche à La Réunion ? Nous n’évoquerons même pas ici ce qui a déjà été dit avec la sociologie, la psychologie ou la science politique.
Néanmoins, s’il est bien un symbole de tout cela, c’est la chaire UNESCO sur l’esclavage et la traite négrière dans l’océan Indien qui été occupée par le défunt Sudel Fuma, et a beaucoup apporté. Il a été tenté de nommer une Nantaise dont on taira le nom, et dont les compétences étaient plus que douteuses pour reprendre le poste. Encore une fois, par cet exemple, nous ne laissons pas les Réunionnais s’émanciper.

Ainsi, avec l’Enseignement Supérieur et la Recherche, telle qu’elle est actuellement mise en place, on décide sciemment de ne pas former notre élite de demain, qui serait à même d’obtenir l’émancipation de notre pays. SI les crédits sont alloués par le ministère, et qu’il n’est ainsi pas étonnant que cette politique néocoloniale se poursuive par ce biais, rappelons que la Région a son mot à dire, ayant des compétences relatives à l’ESR. Gageons que nos futur.e.s élu.e.s s’en rappelleront.

Mathieu Raffini


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