Négociations du budget de l’Union européenne

L’avenir de La Réunion se décide encore sans les Réunionnais

22 février 2020, par Manuel Marchal

C’est en ce moment que se négocie le prochain budget européen dans un contexte totalement nouveau en raison du départ du Royaume-Uni de l’UE. La France peine à faire entendre son point de vue au sujet des fonds consacrés à l’agriculture. Il en sera sans doute de même pour la politique régionale qui pèse 2 milliards d’euros à La Réunion. Ce sont des discussions qui engagent l’avenir de La Réunion, sans que les Réunionnais puissent avoir leur mot à dire.

Conseil de l’Union européenne à Bruxelles.

En France, le Salon de l’Agriculture va se dérouler dans un contexte particulier. En effet à Bruxelles se décide actuellement la future Politique agricole commune (PAC). C’est avec la politique régionale le budget le plus important de l’Union européenne. C’est en effet une des plus anciennes politiques communautaires, elle résulte du transfert de compétences des États vers l’Union européenne.
Cette discussion a lieu alors que le Royaume-Uni vient de quitter l’UE, il est le premier État à le faire. C’est un contributeur important au budget qui n’est plus là. État Cela amène à un débat autour de deux logiques.

PAC : rien n’est joué

La France dit vouloir absolument défendre une enveloppe identique, à savoir 375 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Cette position est loin d’être partagée. En effet, des États voudraient qu’une partie des fonds affectés à l’agriculture servent à financer des actions en lien avec l’environnement. D’autres États souhaitent augmenter le budget destiné à la gestion des réfugiés en prenant dans les crédits de la PAC. La Commission a proposé un budget de 370 milliards, repoussé par la France.
L’attitude du gouvernement entretient une certaine confusion. En effet, François Guillaume, ministre de l’Agriculture, a annoncé vendredi qu’un accord a été trouvé pour le maintien à l’identique du budget de la PAC. Il a été démenti quelques heures plus tard par son ministère, dont un porte-parole a déclaré ceci à l’AFP : pour la France, « la base de négociation repose bien sur un maintien du budget de la PAC, mais tous les pays ne sont pas d’accord et aucun accord définitif n’a encore été acté ». Pour sa part, le ministre a lancé un appel aux agriculteurs, leur demandant de ne pas manifester au Salon de l’agriculture. Autrement dit, rien n’est joué et le pire, une baisse des aides, n’est toujours pas exclu.

Et les 2 milliards de la politique régionale ?

Ces discussions difficiles ne sont qu’un début. Le même problème se posera pour la politique régionale. Rappelons que l’action de Paul Vergès et d’Elie Hoarau au Parlement européen a permis à La Réunion de bénéficier de plus de 2 milliards d’euros de crédits de l’Europe pour une période de 6 ans, au titre de cette politique qui vise à réduire les inégalités entre les Régions de l’Union européenne. Cette manne est désormais gérée par la Région. En raison du départ du Royaume-Uni, elle risque bien de diminuer au moment où cette collectivité a déjà baissé son budget de plus de 250 millions d’euros. Voilà qui annonce des lendemains difficiles dans notre île, surtout pour ceux qui dépendent des fonds distribués par la Région.

La Réunion une priorité ?

Les conséquences du BREXIT ne sont donc pas près de s’estomper. Le départ du Royaume-Uni a accéléré la crise de l’Union européenne, ce qui ne peut qu’avoir des répercussions à La Réunion du fait de la dépendance de notre île aux décisions prises à Bruxelles et à Paris. Car dans ces discussions, le gouvernement veut d’abord préserver les intérêts français, car La Réunion n’est pas et ne sera jamais la première priorité pour les négociateurs français. En effet, entre la recherche de débouchés pour une industrie et des services qui emploient des millions de personnes et la défense des intérêts d’une île de moins million d’habitants à près de 10.000 kilomètres de l’Europe, son choix est fait et il en sera toujours ainsi. Tant que les Réunionnais n’auront pas la responsabilité d’être les acteurs des décisions qui engagent leur avenir, ils ne pourront compter sur personne pour défendre au mieux leurs intérêts.

M.M.

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Messages

  • Tou sak nin débu ninn fin. An 81 loportinité Lérop par la réjyonalizasyon la fé ké Vergęs la abandone le soubataj po lotonomi et li la parti Brisel. Sak li la fé té gayar notaman po le klima. Mé jordi si sé Lérop i anser nout gozyé, tèt i fodré nou repans kosa i pouré èt inn Rényon otonome...

  • vous oubliez que nous avons un réunionnais qui a été élu député européen sur la liste des insoumis de Mélenchon et que le gouvernement Français est aussi habilité à défendre nos intérêts devant les instances européennes en fonction des revendications des interlocuteurs locaux .
    Notre avenir dépend quand même un peu de la capacité d’intervention de nos représentants qu’ils soient réunionnais ou métropolitains et peut être également de notre capacité de nous mobiliser à la Réunion pour attirer l’attentions sur nos difficultés . .
    Il y a certainement des choses que l’on peut faire nous mêmes pour nous faire entendre si nos gouvernants et nos élus n’arrivent pas à se faire entendre .

  • Bonjour Maillot Joseph Lucay

    Certes nous avons deux réunionnais élus députés Européens.
    Mais que peuvent il s faire , m^me en admettant qu’ils s’entendent, dans l’intérêt de réunionnais. ce qui est loin d’être acquis.
    Les députés Européens n’ont que très peu de pouvoir. M. Omarjée s’est pourtant investit dans le passé.
    Que peut il faire vraiment ?

    Les vrais décisions sont prises par des gens nommés et non élus que sont les commissaires Européens,les membres de l’Eurogroupe, la BCE et l’organisation du commerce mondial.
    Dans le cas de nomination je me permets de citer Corneille :
    " La faveur l’a pu faire autant que le mérite"

    L’Europe actuelle n’est plus démocratique.

    Allez au revoir


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