L’avenir de La Réunion ? « un tante-bazar » !

Les métaphores alimentaires d’un dirigeant socialiste

10 mars 2007

Décidément, les principaux dirigeants de la fédération socialiste locale semblent s’être donné le mot pour rabaisser la campagne au niveau le plus bas possible ! Après G. Annette et Michel Vergoz, Jean-Claude Fruteau a décidé de descendre une marche supplémentaire.
Mercredi, le dirigeant et député socialiste a tenu une conférence de presse pour plaider en faveur de Mme Royal. Mais plutôt que de mettre en valeur les mérites de sa candidate, Jean-Claude Fruteau - après avoir littéralement ébloui les journalistes en leur livrant sa vision du monde - a brutalement mis fin à ce brillant exercice pour s’en prendre à l’Alliance dont il supporte mal, dit-il, l’outrecuidance consistant à vouloir que les candidats à la Présidentielle tiennent compte de l’existence d’une plate-forme exprimant la vision d’avenir d’une large majorité de Réunionnais.
Pour Jean-Claude Fruteau, les Réunionnais n’ont pas à venir embêter Madame Royal avec tous leurs petits problèmes qui n’intéressent pas les Français. Nous sommes trop petits, « juste un grain de sable », a-t-il précisé dédaigneusement*.
Et il a ajouté : « Il ne suffit pas de définir une tante bazar pour La Réunion et de demander à tous les candidats s’ils soutiennent ou non cette tante bazar avant de se prononcer ».
Il est vrai que M. Fruteau, grammairien agrégé, s’est fait le spécialiste de la métaphore alimentaire. En 2005, pour nous exhorter à voter “OUI” au référendum sur la constitution européenne, il avait usé d’un argument “politique” injurieux : « vote “OUI”. Donn pa koudpié dann zot zassièt manzé ». Le moins qu’on puisse dire c’est que, dimanche 29 mai 2005, les Réunionnais lui ont amplement démontré qu’ils ne plaçaient pas leur dignité, ni la conscience qu’ils ont de leur avenir, au niveau de la gamelle du dirigeant socialiste.
Mais il faut croire que, dans les frimas strasbourgeois, la mémoire de cette cuisante leçon s’est estompée au point que, mercredi dernier, voulant soutenir sa candidate au moyen d’un argument décisif, J-Cl. Fruteau a récidivé dans le mépris.
La plate-forme de l’Alliance traite du destin de La Réunion pour les 25 années à venir. Population augmentée de 28% ; changements climatiques ; protection de l’environnement ; aménagement du territoire ; construction de 200.000 logements ; création d’activités et de richesses débouchant sur des milliers d’emplois ; mise en place simultanée des conditions d’un développement durable ; substitution des énergies fossiles par le recours aux énergies inépuisables ; diversification des modes de déplacements ; règlement de la question de l’eau ; création de pôles d’excellence ; stratégie soutenue de co-développement ; sort des planteurs de canne ; lutte contre l’illettrisme, etc ; le tout dans un cadre géographique, démographique, social radicalement différent de celui de la France, voilà ce qu’avec dédain J-Cl. Fruteau qualifie de « tante bazar ».
Rarement on aura vu un avocat, au moment de soumettre sa cause au grand jury populaire de l’électorat de La Réunion, insulter à ce point les jurés dans leurs projets d’avenir tout en les sommant de se prononcer en faveur de la candidature qu’il dit défendre.
Vous n’imaginiez pas cela possible ? Pourtant Jean-Claude Fruteau l’a fait.
La question qui se pose est simple : cette conception du débat en vue de la Présidentielle est-elle propre à Jean-Claude Fruteau ou bien est-elle partagée par ses amis d’ici et de Paris ?

Jean Saint-Marc

* J-Cl. Fruteau devrait réfléchir au nombre de ces belles mécaniques, certaines de leur triomphe, qu’un grain de sable a pourtant enrayées.


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