L’école traverse une crise sans précédent

5 février 2011, par Sophie Périabe

Hier, la députée-maire de Saint-Paul a souhaité alerter l’opinion publique sur le système scolaire actuel. Diminution des postes d’enseignants, baisse des contrats aidés, un budget revu à la baisse, « jamais un gouvernement n’avait fait autant de mal à l’Éducation nationale », déplore Huguette Bello.

C’est un bien sombre tableau qu’a dressé la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello, sur la situation de l’Éducation nationale en France.
À la rentrée 2011, 16.000 postes seront supprimés dans l’Éducation nationale. La Réunion, elle aussi, n’échappe pas au plan de rigueur voulu par le gouvernement Sarkozy. « Nous aurons 162 postes en moins, 75 dans le primaire, 81 dans le secondaire et 6 dans le privé », précise Huguette Bello.
En prenant pour exemple sa commune, elle soutient qu’à la prochaine rentrée, « 12 classes seront fermées ; l’année dernière, nous avons eu 15 fermetures ». Et ce sont les petites classes de maternelles qui sont les premières touchées. Toujours sur Saint-Paul, seuls 30 enfants de 2 ans et demi ont la chance d’être scolarisés, alors que « tous les marmailles propres de cet âge devraient être à l’école ». Ayant été elle-même enseignante, la députée-maire a rappelé l’importance de la scolarisation à cet âge, « c’est là qu’on peut les initier aux chants, à la musique, leur donner le goût du livre ».
Selon Huguette Bello, l’éducation, tout comme la santé, est un pilier d’une société. On ne peut donc pas faire des économies sur l’éducation de nos enfants.

« Le lien entre inégalités sociales et inégalités scolaires n’a jamais été aussi fort »

Dans notre île, la situation est encore plus dramatique. « Le nombre de sortants du système scolaire sans qualification est deux fois supérieur au taux national », avance Huguette Bello. « Le lien entre inégalités sociales et inégalités scolaires n’a jamais été aussi fort », ajoute-t-elle. En effet, l’école ne joue plus le rôle d’ascenseur social comme cela était le cas pour nos aînés.
Aujourd’hui, le fossé entre les classes sociales se creuse, « alors que l’école devrait corriger ces inégalités », souligne la députée-maire. Pour exemple, « 60% des enfants issus de familles favorisées arrivent à passer la classe de 1ère, ce pourcentage chute à 22% pour les enfants issus de familles défavorisées. En 60 ans, La Réunion n’a jamais connu de décisions aussi révoltantes, cela va à l’inverse de ce que réclament les familles », dénonce Huguette Bello.
Dans le même temps, alors que le gouvernement demande toujours plus à la population, les proviseurs d’établissement et les recteurs bénéficient de prime de 6.000 euros pour les premiers et de 22.000 euros pour les seconds. « Actuellement, on gère l’école comme on gère une entreprise. Comment peut-on envisager l’école comme une marchandise ? », s’emporte Huguette Bello.
La députée-maire appelle donc à la résistance, une résistance qui s’organise en métropole. Les syndicats ont programmé un mouvement de grève le 10 février prochain. Dans notre île, aucune mobilisation n’est prévue pour le moment.

SP

Huguette Bello

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