Paul Vergès appelle à la mobilisation

L’égalité des revenus pour Les Réunionnais

4 mars 2013, par Céline Tabou

Paul Vergès a pointé du doigt un problème dominant : le coût de la vie et les inégalités salariales qui en découlent. Rappelant que le PCR a été le seul parti à faire démissionner ses deux députés pour que les Réunionnais obtiennent l’égalité sociale, le sénateur a proposé aux victimes de se rassembler. Paul Vergès soutient la demande de l’Alliance d’une mission gouvernementale « pour dire la vérité sinon on va vers l’explosion sociale ».

Paul Vergès : « Dès le moment où l’État a décidé de mettre en place cet index de correction, il rend impossible l’unité au sein de la Fonction Public » .
(photo d’archives M.M.)

Le problème dominant reste le coût de la vie et les inégalités salariales qui en découlent a expliqué le co-fondateur du PCR. En effet, depuis 66 ans, le gouvernement a décidé de fixer le salaire de ses fonctionnaires d’État, sans pour autant prendre en compte les possibilités financières des communes, qui ne peuvent payer l’index de correction de plus de 53%. En connaissance de cause, le gouvernement a décidé d’augmenter les salaires de ses employés, face au coût élevé de la vie à La Réunion. Cependant, ce coût concerne l’ensemble de la population et notamment les employés territoriaux, qui subissent des inégalités depuis plus de 60 ans, a souligné Paul Vergès.

Un cadre défini par l’État

« Dès le moment où l’État a décidé de mettre en place cet index de correction, il rend impossible l’unité au sein de la Fonction publique », a dénoncé le sénateur communiste. Ce dernier a également rappelé que seul le Parti communiste réunionnais a lutté contre cette inégalité. « Il a fallu la démission de deux députés » pour obtenir l’égalité sociale entre la France et La Réunion a-t-il souligné. Mais il aura également fallu « attendre l’accord entre François Mitterrand et Jacques Chirac pour obtenir le décret d’extension du SMIC » a de nouveau rappelé Paul Vergès. En effet, « l’égalité entre les citoyens français ne signifie pas l’égalité entre les citoyens réunionnais » .

Cette inégalité entre les Réunionnais s’intègre dans un cadre défini par l’État qui génère un flux financier important sur le territoire, permettant la création des monopoles. En effet, l’attribution de l’index de correction a créé une fracture sociale au sein même de la Fonction publique, car c’est le seul secteur qui « est en croissance permanente » , a noté Paul Vergès. Ce dernier a observé que « le pouvoir d’achat d’un secteur social (les fonctionnaires sur-rémunérés) a créé les conditions des monopoles dans la grande distribution qui ont vu ces flux financiers » .

Alors que le ministre des Outremers et le président de la République, François Hollande, veulent lutter contre les monopoles, il ne faut pas omettre que ce sont les dirigeants « qui les ont créés » . D’autant plus que les récents grands chantiers lancés concernent principalement des grandes surfaces dans les communes de La Possession, Bras Panon, Saint-Leu et Saint-Pierre, « c’est la plus grande illustration de la contradiction » des pouvoirs publics.

La domination d’une classe sociale sur une autre

Cette économie monopolistique a remis en question l’ensemble de l’économie réunionnaise basée sur l’agriculture et l’agroalimentaire. En effet, des 14 usines sucrières à La Réunion, il n’en reste que 2, détenues par une grande société dont le siège social est au Brésil. La situation de la canne à sucre illustre pour Paul Vergès « un mal développement » car « l’héritage agricole et industriel est en crise au moment même où La Réunion est en pleine transition démographique » . En effet, les productions réunionnaises pourraient répondre aux besoins grandissants de la population. À travers notamment le concept d’autonomie alimentaire, qui réduirait les coûts et pourrait nourrir le million d’habitant à venir.

Dans un tel contexte, Paul Vergès a pointé du doigt « le spectacle d’hommes politiques qui disposent des emplois aidés et qui sont tous bénéficiaires de l’index de correction. Se pose la question de comment être patron de gens que l’on sous-paie. Il ya le devoir d’assurer l’égalité de traitement de tous les citoyens » .

Au travers de ces constats, Paul Vergès a mis en exergue la responsabilité de l’État dans cette situation. « On a interdit le développement économique et social à La Réunion, comment corriger ces siècles d’erreurs ? » . Le sénateur a indiqué qu’il « ne faut pas stigmatiser ceux qui bénéficient de ces avantages de l’État », mais qu’il faut mettre « fin aux inégalités pour ceux qui n’en bénéficient pas. C’est pour cette raison que l’État doit prendre en charge une étude sur le pouvoir d’achat à La Réunion, sur la base des revenus » .

Céline Tabou

Rassembler toutes les victimes

• 10% des plus aisés à La Réunion touchent plus de 2.520 euros par mois, contre 2.760 euros en France. Les plus pauvres touchent 430 euros à La Réunion, contre 830 euros en France. Face à ces chiffres, Paul Vergès appelle l’ensemble des plus pauvres à se rassembler. Car « ceux qui bénéficient de la bonne foi de l’État ne doivent pas être trahis par l’État » . C’est pour cette raison que Paul Vergès, co-fondateur du PCR, rappelle l’une des propositions de son parti : la création d’un fonds d’épargne intégrant le montant de la sur-rémunération qui serait un placement défiscalisé, « où au bout de 15/20 ans, ce serait remboursé » . Il s’agit d’un « équilibre juste et équitable du pouvoir d’achat, ainsi qu’un compromis équitable entre la France, l’Europe et les pays voisins » .

« On s’était dit qu’avec François Hollande, la gauche ferait les gestes nécessaires, mais j’attends toujours. Je suis connu pour avoir une longue patience, à condition qu’elle soit satisfaite, cela a été le cas avec l’égalité sociale avec la France » , a déclaré Paul Vergès. En effet, la question de la sur-rémunération touche l’ensemble de la société réunionnaise, et « des jeunes réunionnais sont prêts à intégrer la fonction publique, même sans l’index de correction » .

Le principal danger pour Paul Vergès est « le silence des parlementaires dû à l’aveuglement et à l’irresponsabilité » . D’autant qu’en pleine récession et mesures drastiques d’économie, « Bercy pourrait récupérer les 600 millions de la sur-rémunération, c’est pourquoi je soutien la demande de l’Alliance de la mise en place d’une mission gouvernementale à La Réunion, couplée à une mission parlementaire, pour dire la vérité sinon on va vers une explosion sociale » . Paul Vergès a demandé aux Réunionnais « de mener une croisade pour l’égalité dans la République entre tous les citoyens réunionnais » .
La bataille pour l’emploi

• Dans l’immédiat, le débat porte sur la bataille pour l’emploi. En comparaison, le taux de chômage de la France est de 10%, soit près de 3 millions de sans emploi, si le report ce ratio avec les taux de La Réunion, la France aurait 30% de chômage soit 9 millions de personnes sans emploi. Avec une situation de cette ampleur, « on ne discute pas de l’emploi comme en France », a indiqué Paul Vergès.

« Le gouvernement donne des contrats aidés, d’avenir et de génération, mais les maires refusent », a dénoncé le sénateur. En effet, le gouvernement a tenu à mettre en place un dispositif d’une durée d’un an, les maires de l’île refusent, car trop coûteux. L’Association des Maires de La Réunion a demandé une réduction du temps des contrats afin de pouvoir embaucher le plus possible et à moindre coût. « Le gouvernement dit qu’il faut un an par contrat, les maires ne veulent pas payer pour un an ils reportent à six mois le contrat. Il y a de fortes chances pour le gouvernement cède et on reporte à six mois le rendez-vous », a expliqué Paul Vergès.

En effet, après six mois de contrats, il y a de fortes probabilités pour que de nouvelles tensions fassent surface. En août 2012 des détenteurs de contrats aidés avaient manifesté devant la préfecture pour demander des emplois aidés supplémentaires. Six mois plus tard, des manifestants bloquent les routes et protestent pour avoir un contrat, «  on reporte le rendez-vous encore une fois, car il va y avoir des suppressions d’emploi. On n’arrive plus à s’en sortir », a indiqué Paul Vergès.
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