La visite du Ministre de l’Agriculture, Dominique Bussereau

L’Etat assumera ses responsabilités beaucoup plus rapidement que pour Diwa

13 mars 2007

Deux visites de terrain pour montrer deux secteurs sinistrés après le passage de Gamède. Dominique Bussereau aura profité des quelques heures de son passage, hier, à La Réunion, pour se rendre dans l’exploitation de M. Picard. Puis, après avoir vu cet éleveur, il a rencontré un maraîcher, Jean-Philippe Smith. Suite à ces deux visites, il a annoncé un certain nombre de mesures importantes.
Tout d’abord, il a assuré que l’Etat prendrait à sa charge 30% des pertes agricoles et 35% des pertes de fonds. Ce double engagement représente 12 millions d’euros d’aides. Puis, il a souhaité vivement que cet argent ne mette pas 9 mois à parvenir aux agriculteurs réunionnais, comme cela avait été le cas avec Diwa. En ce sens, il a remercié le Préfet d’avoir, dès le 5 mars, signé un arrêté déclarant La Réunion zone sinistrée au titre des calamités agricoles. Les agriculteurs ont jusqu’au 31 mars pour remplir leur dossier. C’est pourquoi, il a indiqué qu’il donnerait des consignes à la Direction de l’Agriculture et de la Forêt, pour, au besoin, embaucher du personnel intérimaire compétent afin que les dossiers reçus soient vite traités. Au niveau des paiements, ceux-ci auront lieu, au maximum, à la fin mai et, de façon idéale, au cours du mois d’avril.

Des perspectives d’aide “ouvertes”

Dominique Bussereau n’a donc pas accédé aux demandes formulées par le nouveau Président de la Chambre d’Agriculture de La Réunion, Jean-Yves Minatchy, qui souhaitait que l’aide de l’Etat soit supérieure ou égale à 40%. Néanmoins, il a laissé la porte ouverte pour que les aides étatiques puissent être plus conséquentes. Il a notamment indiqué que, à l’issue de la récolte cannière, si le bilan est trop catastrophique, l’Etat pourrait accorder une aide supplémentaire. De plus, il a souligné qu’il ne fallait pas considérer cette aide comme une promesse du fait des prochaines échéances électorales, car - a-t-il souligné - il s’est engagé à signifier à son successeur de les engagements pris.
En outre, il a mentionné que les agriculteurs qui n’avaient pas encore reçu les aides animales de 2006 recevront ces crédits le 23 mars prochain. A son retour, il demandera à ce que le cas de force majeure soit étudié pour les primes animales accordées en 2007.

La filière canne anticipe les problèmes liés à la récolte

Au cours de la visite qu’il a rendue à une balance canne de Saint-Pierre, Xavier Thiéblin, Président du groupe Quartier Français, a demandé au Ministre de passer les camions de transport de cannes de 40 à 44 tonnes. En effet, pendant la saison de récolte, entre 540 et 600 cachalots empruntent le pont de la Rivière Saint-Etienne pour alimenter l’usine du Gol. Avec cette dérogation qui permettrait d’augmenter de 10% la capacité des camions, le trafic des cachalots pourrait être réduit d’au moins 10%. Le Ministre de l’Agriculture a indiqué qu’il était d’accord, a priori, pour l’adoption d’une telle mesure.

Perspectives plus structurelles

Dominique Bussereau a souligné que l’agriculture réunionnaise avait réussi, avec succès, à se diversifier en s’appuyant sur 3 filières : le sucre, l’élevage et l’arboricole et le maraîchage. Cependant, il a invité cette dernière à se rassembler, comme c’est le cas en Métropole. C’est justement un des grands axes que Jean-Yves Minatchy souhaite travailler.
Interrogé sur Antenne Réunion hier soir, il a indiqué qu’une Conférence nationale se tiendra dans quelques jours sur les fruits et les légumes. A cette occasion, il proposera de réfléchir sur une interdiction d’augmentation des prix sur ces produits de la part des grandes surfaces dans l’île.

Matthieu Damian



Interview de Jean-Yves Minatchy

Jean-Yves Minatchy, comment réagissez-vous par rapport aux décisions qui viennent d’être annoncées par le Ministre de l’Agriculture ?
La réaction a été beaucoup plus rapide que l’année dernière. Le gouvernement a vu que la situation était grave, et il l’a montré en envoyant 2 ministres. Nous, la CGPER, avons estimé à 53 millions d’euros les pertes du secteur agricole, et l’Etat a préféré considérer que ce montant était de 46 millions d’euros. Les pertes de fonds sont indemnisées à 35% et les pertes agricoles à 30%. C’est moins que ce que nous avions demandé. Par contre, c’est la première fois que la canne est tout de suite prise en compte.
J’ai profité de la visite du Ministre de l’Agriculture pour lui dire qu’il faut découpler la canne avec le régime sucrier européen à partir de 2014, afin que les aides soient maintenues après cette date. J’ai demandé à ce qu’il transmette cette demande à son successeur.


Interview de Luc Vuze

Luc Vuze, quelles sont les actions entreprises par la Sica Revia (filière qui regroupe les éleveurs de bovins-viande) dont vous êtes le Directeur, après le passage de Gamède ?
- Je tiens à dire, tout d’abord, que le Conseil général nous a accordé 100.000 euros d’aide mercredi et que, dès jeudi, nous avons versé ces 100.000 euros, plus la même somme de l’interprofessionnelle, à 185 éleveurs. Qui dit mieux en rapidité ?

Quels sont les besoins totaux de votre filière ?
- Ils s’élèvent à 500.000 euros. Les 200.000 euros immédiatement alloués permettent de relancer rapidement leur élevage.



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