Baisse de la TVA et hausse des revenus

L’Etat refuse de prendre les décisions immédiates pour augmenter le pouvoir d’achat

29 août 2008, par Manuel Marchal

Conformément à ce qu’il avait annoncé lors de sa dernière visite, le séjour du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer a pour thème principal de pouvoir d’achat. Mais concernant les mesures immédiates que l’Etat peut prendre pour augmenter tout de suite le pouvoir d’achat, Yves Jégo n’a pas donné de réponse. Pas de suppression de la TVA sur les produits de première nécessité alors que cela fait 20 ans que la Région l’a décidé sur l’octroi de mer, et pas de hausse des revenus qui relèvent directement de décision de l’Etat : minima sociaux, RMI, retraites, SMIC...

Le passage à l’euro fait monter les prix.
(Photo Imaz Press Réunion)

Hier matin, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer a signé avec les représentants de la grande distribution une charte. Ce document comprend des mesures destinés à offrir un meilleur pouvoir d’achat pour les Réunionnais qui fréquentent ce type de magasins.
Signée par Yves Jégo et le président de la FCD (Fédération des commerces et de la distribution), la Charte prévoit que les acteurs de la grande distribution s’engagent à « répercuter intégralement toutes les baisses de taxes et de frais d’approche dont l’Etat prendrait l’initiative, notamment sur tous les produits de première nécessité pour lesquels il y a une priorité ». La grande distribution s’engage également à réaliser deux actions dans un délai de trois ans. LA première est que 20% des produits référencés par ces enseignes seront fabriqués localement. La seconde est de « développer au maximum les produits "marque de distributeur" et premiers prix à hauteur d’un objectif qui ne saurait être inférieur à 15%, d’ici 2011, dans la limite des contraintes de délais d’approvisionnement et de DLV ».

Le passage à l’euro fait monter les prix !

Pour sa part, l’Etat s’engage notamment « à étudier tous les moyens visant à réduire les coûts d’approche et les taxes dont les produits de première nécessité en priorité ». L’Etat compte également soutenir davantage les filières locales.
Lors de la conférence de presse tenue au moment de la signature du document, Yves Jégo a dit notamment qu’il n’existe pas « un coupable » sur la question du pouvoir d’achat. Il estime que l’Etat fait des efforts, notamment en appliquant à La Réunion un taux de TVA plus réduit qu’en France. Et parmi les responsables de la hausse des prix, outre l’augmentation des coûts des matières premières, figure le passage à l’euro.
Quant à la question des revenus, le secrétaire d’Etat affirme que le chômage baisse à La Réunion, ce qui donne davantage de pouvoir d’achat à ceux qui retrouvent un travail. Par ailleurs, il souhaite que la préfecture communique davantage sur le mot d’ordre « travailler plus pour gagner plus ». Il rappelle que la loi TEPA défiscalise les heures supplémentaires et constate que dans ce domaine, les entreprises réunionnaises « sont en retard de 10 points par rapport à la métropole ».

Et la baisse de la TVA ?

Sur la base de ces éléments, force est de constater que les Réunionnais restent sur leur faim. Le gouvernement avait la possibilité de prendre immédiatement une mesure capable de donner à tous les Réunionnais entre 2,1 et 8,5% de pouvoir d’achat supplémentaire : la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
D’autant plus qu’en signant la charte avec le gouvernement, les acteurs de la grande distribution se sont engagés à répercuter intégralement « toutes les baisses de coûts de taxes dont l’Etat prendrait l’initiative ».
Mais cette décision n’a pas été prise, de plus, contrairement à ce qui se passe en France, la charte ne prévoit pas que la grande distribution répercute sur les prix les gains faits grâce aux marges arrières. En France, cette mesure a permis de faire baisser les prix de 7% en 2006 dans les grandes surfaces.
Enfin, pour que les Réunionnais augmentent leurs revenus, Yves Jégo leur propose de faire des heures supplémentaires.

Et la lutte contre le chômage ?

Or, à La Réunion, le taux de chômage représente plus de trois fois celui de la France. Ce recours aux heures supplémentaires défiscalisées est le résultat d’une analyse de la situation française, un pays où le taux de chômage est beaucoup moins élevé.
Appeler les Réunionnais à faire des heures supplémentaires pour augmenter leurs revenus, c’est dire qu’il vaut mieux allonger la durée du temps de travail plutôt que créer des emplois.
Quoiqu’en dise son représentant, le gouvernement est celui qui a les atouts en main pour augmenter les revenus. C’est en effet le gouvernement qui décide du montant des minima sociaux, qui fixe celui du SMIC, des retraites et les salaires de la fonction publique. Il ne reste guère de revenus qui échappent au contrôle de l’Etat à La Réunion. Mais hier, l’Etat n’a rien dit de l’augmentation des revenus qui sont de sa compétence. Et son représentant propose une solution qui s’oppose à la réduction du chômage.
Hier, le gouvernement avait la possibilité de prendre deux décisions qui donnaient immédiatement, et pas d’ici trois ans, un plus grand pouvoir d’achat aux Réunionnais. Mais il ne l’a pas fait.

Manuel Marchal


Pas de TVA en Guyane ? Des raisons historiques

Pour rappeler que l’Etat a toute latitude de décider du taux de la TVA dans les départements d’outre-mer, il suffit de se référer à l’exemple de la Guyane. Dans ce DOM, la TVA n’existe pas, contrairement à ce qui se passe en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion. A La Réunion, la TVA permet à l’Etat d’empocher au moins 300 millions d’euros par an.
Selon Yves Jégo, cette différence s’explique par des raisons historiques qu’il ignore (sic).

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