L’étonnante amertume d’Yves Mont-Rouge

21 décembre 2009, par Geoffroy Géraud-Legros

Surprenante réaction du rédacteur en chef du ’JIR’ au déplacement à Copenhague d’une délégation réunionnaise.

On a coutume de dire que La Réunion a les responsables politiques qu’elle mérite. Néanmoins, à La Réunion comme ailleurs, le champ politique présente un éventail assez large de personnalités, d’humeurs, de compétences, de visions ...dont le contenu et le niveau varient selon les époques.
Sur le sujet du développement durable, on constate pourtant à 10 années d’intervalle une remarquable identité de vue et de niveau dans les prises de position de deux responsables politiques, Jean-Louis Rabou et Yves Mont-Rouge.
On se souvient peut-être de l’article par lequel le premier, alors responsable politique du “Quotidien”, avait tourné en dérision une conférence de presse de Paul Vergès consacrée pour l’essentiel aux problèmes posés par le réchauffement climatique.
13 ans plus tard, c’est Yves Mont-Rouge, responsable politique du « JIR », qui s’est fendu samedi dernier d’un édito persifleur et presque colérique sur la présence d’une délégation réunionnaise au sommet de Copenhague. A la décharge du Jean-Louis Rabou d’il y a plus de dix ans, on peut invoquer la méconnaissance presque générale de l’enjeu climatique qui avait cours au milieu des années 1990.
Comment, en revanche, comprendre l’attitude d’un Yves Mont-Rouge, au moment où dans le monde entier, petits et grands pays tournaient leurs regards vers la capitale danoise, théâtre du drame où se jouait un acte décisif pour l’avenir du genre humain ?
Plus personne ne nie aujourd’hui l’impact du processus de réchauffement qui, s’il n’est pas enrayé au niveau global, mettra fin à l’existence de peuples entiers- tels ceux des Maldives et de Tuvalu-, ravagera de vastes zones côtières dans le monde entier, et engendrera une série de catastrophes qui, à terme, condamnent l’existence même de l’Humanité . En quoi était-il donc surprenant qu’une délégation de Réunionnais, insulaires issus de la zone subtropicale, soit représentée à ce Sommet ?
Passons charitablement sur l’argument du “prix du billet” soulevé d’emblée par Yves Mont-Rouge, plus digne d’un Pierrot Dupuy que du Rédacteur en chef d’un grand journal réunionnais. A-t-on jamais vu Yves Mont-Rouge se scandaliser des voyages de délégations de Réunionnais en France, dans des buts sportifs, culturels ou autres ?
On s’explique mal dès lors l’amertume du ton dont use le journaliste du “JIR” envers le déplacement de Gélita Hoarau, Elie Hoarau, Paul Vergès, Younous Omarjee, et Catherine Gaud, respectivement mandatés à Copenhague par le Sénat, le Parlement européen, l’ONERC et la Région Réunion. Pareille attitude est moins compréhensible encore, après que notre pays ait été distingué à Copenhague pour son modèle de développement durable par Rajendra Pachaury, Président du GIEC.
On aurait pu croire qu’Yves Mont-Rouge se réjouirait de cette présence et de cette reconnaissance de son île au niveau global, comme il l’avait fait lors de l’inscription du maloya au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette fois-ci, l’éditorialiste du “JIR” a délibérément décidé de chercher une mauvaise querelle à ses compatriotes partis porter une voix réunionnaise dans le grand concert des nations de Copenhague… attitude plus que regrettable, face à l’immensité de l’enjeu.

Geoffroy Géraud-Legros

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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Messages

  • Et nos envoyés réunionnais vont-ils corriger la trajectoire de la politique actuelle ou vont-ils faire de la figuration à Copenhague ? La réponse est claire. Trêve de naïveté.

    • Justement cher anonyme, les envoyés réunionnais ont rencontré le président du GIEC qui leur a apporté son soutien pour la réalisation du plan de développement durable lancé par la Région Réunion c’est un premier point.

      Deuxième point : la population de Tuvalu s’élève à quelques milliers de personnes. Ce pays a réussi à faire changer le cours de l’Histoire en refusant le diktat de l’union des pays riches. Donc la réponse est claire, et si vous pensez qu’un petit pays ne peut pas « corriger la trajectoire de la politique actuelle », c’est que vous êtes bien naïf. Et si vous ne me croyez pas, un enregistrement est à votre disposition.

  • Cher correspondant N°1, merci pour votre commentaire.
    Bien entendu, personne n’a jamais soutenu que la délégation réunionnaise allait, -j’emploie vos propres termes- , "corriger la trajectoire".

    Comment le pourrait-elle, là ou l’Union européenne et le Président des Etats-unis eux-même échouent à imposer des règles contraignantes à des forces économiques chaotiques....Alors que seule une gouvernance globale permettrait d’espérer une solution au problème climatique.

    C’est le constat qui sous-tend votre intervention, et qui est me semble-t-il partagé par tous.
    Faut-il pour autant en rester à la lamentation ? Faut il rester chez soi à se lamenter, pendant qu’en attendant la montée des eaux, "cabri mange salade" ?
    Vous avez parfaitement le droit d’opter pour cette attitude. Comme nous avons le droit, et pensons-nous, le devoir, de secouer le joug de la résignation et de tenter d’apporter une contribution à la recherche d’une alternative globale, quelque limités soient nos moyens.
    La délégation réunionnaise ne s’est d’ailleurs pas contentée de "faire de la figuration" : des responsables réunionnais ont pu rencontrer le Président du GIEC, Rajendra Pachaury...lequel a cité en exemple le modèle de développement que vise la Réunion à travers la mise en oeuvre des politiques d’autonomie énergétique.

    Dès lors parler de "figuration" est, me semble-t-il quelque peu réducteur : est-ce si souvent que notre pays reçoit les hommages d’autorités si importantes sur le plan global ? Au-delà du rôle connu et reconnu de Mr Paul Vergès à la tête de l’ONERC, est-ce par hasard que le Parlement européen a désigné Elie Hoarau au nombre -réduit- des membres d’une délégation qui ne comportait que 6 membres ? Est-ce par hasard que le Sénat en a fait de même avec Mme Gélita Hoarau ? Ou y-a-t-il là la validation d’une expertise réunionnaise en la matière...qui n’est finalement déniée que par certains Réunionnais, qui ignorent ou veulent certains des atouts de leur pays ?

    Cordialement,
    geoffroy Géraud-Legros.


Témoignages - 80e année


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