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Article paru le 7 avril 2009 dans “l’Humanité”
16 avril 2009
La Martiniquaise Madeleine Jouye de Grandmaison, élue de l’Alliance de l’Outre-mer au Parlement européen, estime que l’Europe doit repenser son lien aux peuples d’Outre-mer.
Comme députée européenne, vous vous êtes penchée sur les questions de développement. Quels obstacles l’actuelle construction libérale oppose-t-elle au développement des pays du Sud et de ses régions les plus défavorisées ?
- Madeleine Jouye de Grandmaison : Le problème de la mondialisation telle qu’elle se construit de nos jours (l’esclavagisme, les systèmes coloniaux puis le monde bipolaire de la guerre froide ont été d’autres formes de mondialisation), c’est qu’elle ne vise pas le développement des pays du Sud. Pire, cette mondialisation, sous certains aspects, nous laisse entrevoir qu’elle est au service de l’enrichissement accru des pays du Nord. C’est aussi un système qui ne permet pas d’accélérer le développement des pays les moins favorisés. On veut construire un marché mondial avec des règles communes à tous, quand les économies et les structures économiques sont entre elles des plus inégales.
Un autre obstacle qui vient aussi opposer construction libérale et développement des pays les plus défavorisés réside dans le fait que nombre d’organisations internationales (comme l’OMC et le FMI) faisant la promotion et tentant d’organiser la libéralisation des marchés et la libre circulation des capitaux ont émergé quand, en parallèle, des organisations internationales, qui auraient pour but de promouvoir de manière globale le droit des travailleurs et des salariés, la santé, la sécurité au travail, peinent à voir le jour et à bénéficier d’un réel pouvoir. Elles ne retiennent pas l’intérêt des pays riches, ne bénéficient d’aucun pouvoir de redistribution mondiale des richesses et, plus grave, l’aide humanitaire et l’aide au développement ont toujours été un argument pour conclure des contrats commerciaux. Il faudrait pourtant un jour arriver à la redistribution des richesses mondiales !
Quel jugement portez-vous sur les négociations autour des accords UE-ACP ?
- Mon opinion sur les Accords de partenariats économiques (APE) entre l’UE et les ACP est négative. Ces accords présument que le développement de ces pays ne se fera que par l’accroissement des volumes des échanges entre eux et les grandes puissances commerciales mondiales, pour autant que l’accroissement du volume de ces échanges permette déjà dans un premier temps aux pays ACP de combler les pertes en collectes de taxes douanières qui naîtront de la libéralisation des échanges. Ajoutons que cela risque de ne pas être simple pour ces pays dans le contexte actuel de récession de l’activité économique mondiale. J’y suis aussi opposée car, une fois encore, la volonté des DOM n’a pas été écoutée en ce qui concerne singulièrement l’APE entre le Cariforum et l’UE. Cet accord préfigure un rendez-vous manqué du co-développement d’une région caraïbe réunie au grand complet (DOM inclus). Je regrette qu’un marché intrarégional DOM-Cariforum n’ait été à aucun moment défendu ni par la Commission européenne, ni par le gouvernement français, quand bien même nombre de documents stratégiques européens rédigés en consultation avec les DOM français développent explicitement cette idée.
Le puissant mouvement social, en janvier et février, dans les DOM, a mis en lumière les limites d’un système économique, mais aussi d’un système institutionnel qui plaque artificiellement sur ces territoires une législation française et européenne qui ne prend pas en compte leur singularité. Quels nouveaux types de liens faudrait-il imaginer ?
- La crise a effectivement révélé les limites d’un système. Tout en restant dans le cadre de la République, il est temps pour nous (les DOM) de devenir plus autonomes et de décider nous-mêmes de choses qui se décident encore aujourd’hui à Paris : la gestion des fonds de la politique agricole commune (PAC) n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres. J’opte en faveur d’une décentralisation qui ne soit pas forcément uniforme sans que la solidarité qui unit notre République en pâtisse. Ce sont ces revendications avant-gardistes de décentralisation non-uniforme qui peinent à être acceptées par les gouvernements français successifs. Nous voulons qu’elles puissent aboutir sans qu’à chaque protestation, on nous sorte le carton rouge de l’indépendance. En cela, nous attendons qu’un nouveau lien fondé sur le respect, la dignité et l’égalité prenne vie. Au-delà de la crise et des limites qu’elle a surlignées, nous avons besoin que la France et le gouvernement s’engagent dans le développement effectif de l’Outre-mer, afin que nos problèmes puissent trouver à terme une issue ailleurs que dans les subventions. Il faut investir sur notre avenir chargé de potentiel et de ressources. Que l’État fasse sa part en mettant en place les outils législatifs et fiscaux, libérant ainsi l’initiative dans des îles et territoires riches en intelligence et en ressources humaines.
Le statut européen de Région ultrapériphérique (RUP) est-il adapté ?
- Ce que nous voulons, nous, peuples de l’Outre-mer, c’est qu’au niveau national comme au niveau européen, l’on interagisse avec nous dans le respect de ce que nous sommes, de ce que nous voulons et de ce que nous entrevoyons pour notre avenir. Ce statut pourrait être mieux adapté, car en ce moment, il repose d’une part sur des handicaps structurels (éloignement, étroitesse du marché, économie insulaire, vulnérabilité aux intempéries, relief, etc…) et d’autre part sur des dérogations constamment remises en question. Ce n’est pas satisfaisant. Par ailleurs, le fait que nous soyons considérés comme partie intégrante de l’Europe n’autorise pas l’Union européenne, la France ou autres à nous appliquer sans discernement tout ce que l’Europe décide. On ne peut pas nier la géographie, encore moins la culture, éléments qui font qu’aucune RUP n’est réductible à une autre. Nous voulons être considérés comme des partenaires à part entière et non plus comme des territoires auxquels l’on fait la charité et que l’on transforme par tous les moyens en terres de consommation. Nous avons besoin de nous développer, de transformer nos économies et de renforcer notre capacité productive. Il ne s’agit pas pour nous de nier ce qui nous lie à la France et à l’Europe. Notre histoire, pour le meilleur comme pour le pire, nous le rappelle en permanence. Cependant, nous ne parasitons pas le monde, nous disposons d’une richesse naturelle énorme, d’une biodiversité terrestre comme marine caractéristique des écosystèmes insulaires, nous sommes sous des latitudes où les énergies renouvelables ne demandent qu’à être maîtrisées, nos universités ont encore besoin d’être mieux intégrées dans l’espace de recherche européen. Mais nous ne demandons qu’à pouvoir exploiter nos ressources.
Comment bâtir une Europe qui prenne en compte les aspirations des citoyens ?
- Tout d’abord par la voie électorale : les élections européennes sont une chance inespérée pour faire triompher les forces progressistes. Il faut que les citoyens y soient sensibles. Je les appelle à se mobiliser fortement pour participer aux échéances électorales. Pour se rapprocher des peuples, l’Europe doit mieux entendre le citoyen. Pour cela, il faut des relais d’information, des lieux où le citoyen puisse dialoguer, interroger. Il faut des fonctionnaires sur le terrain et non enfermés à produire dans les bureaux des « monstruosités économiques ». Il faut accepter de rencontrer la société civile organisée, surtout quand des commissions et commissaires engagent l’avenir d’un pays, d’une île, en ne trouvant pas une minute pour aller s’expliquer. De cette démarche des uns vers les autres pourrait sortir une Europe plus humaine, plus sociale. Quoi qu’il en soit, je ne crois pas à la philanthropie de l’Europe, mais on pourrait espérer un partenariat gagnant-gagnant entre les forces en présence.
Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
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