Conseil régional : construire le développement durable à La Réunion

L’heure de la concrétisation en 2007

23 septembre 2006

’Peut-on encore bâtir le développement durable à La Réunion ?’. Pour Paul Vergès, la réponse est clairement : non, si ne sont pas résolus les lourds problèmes qui continuent à tirer notre société vers le bas : l’emploi, le logement, la violence... Le Président du Conseil régional a tenu à rappeler hier les défis à relever pour que les initiatives déjà lancées par le Conseil régional aboutissent enfin. L’occasion aussi de lancer un appel à la volonté de tous les politiques, quelle que soit leur appartenance.

L’échéance approche à grands pas. Pour le Conseil régional, l’année 2007 est sans conteste "l’année de tous les espoirs ou de tous les dangers". En matière de développement durable, il n’y aura donc pas de demi-mesure, "le sort de La Réunion va se jouer dans les mois qui viennent". Et pour une seule raison : toutes les décisions et les mesures entamées vont être déterminées par les rendez-vous politiques à venir. À commencer par les élections présidentielles, législatives et municipales qui peuvent provoquer, selon les termes de Paul Vergès, "un tsunami politique", mais aussi la mise en place de négociations concernant les grands chantiers en aménagement du territoire, en économie, en recherche...

Des élections décisives et des grands chantiers à mener

2007 est donc un tournant décisif pour l’île, tout d’abord avec la fin du DOCUP qui devait s’achever cette année, mais qui s’est prolongé. En matière d’infrastructure, plusieurs chantiers sont attendus : la livraison de la route des Tamarins est prévue pour début 2009, le tram-train en 2012 et les routes prioritaires à Saint-Benoît, Cilaos, Saint-Joseph, et dans un autre domaine, la construction de nouveaux établissements scolaires. "Les négociations vont commencer dans les semaines à venir avec les autres collectivités qui sont nos partenaires pour le développement durable, et nous aurons des résultats avant la fin de l’année", a déclaré Paul Vergès. Concernant les problèmes clés que sont la route du Littoral et le tram-train, continue à se poser la question de la participation des partenaires dans le financement.

La période 2007-2013 va aussi accueillir un nouveau schéma d’aménagement du territoire et va marquer la fin de l’organisation communautaire du marché du sucre. Se pose donc déjà la question de l’avenir de la filière canne. Va-t-elle se diversifier ou va t-on devoir faire face à une nouvelle mutation de l’agriculture locale ? Dans un autre domaine, La Réunion va devenir le siège d’une station de réception des messages satellitaires, qui permettra de disposer d’une autonomie, de ne plus être tributaire des satellites étrangers. "Ce sera un instrument inespéré pour l’université et la recherche", a fait remarquer Paul Vergès, un instrument qui servira à mieux repérer les cyclones, à mieux observer les dangers qui guettent notre environnement.

Le Conseil régional a ainsi évoqué les efforts faits jusqu’à maintenant en faveur d’un développement durable. Et si, en ce qui concerne sa responsabilité, le Conseil régional s’est dit "déterminé et optimiste", il demande aux autres partenaires - Conseil général, municipalités, État - de faire preuve de la même volonté et de ne pas faire l’impasse sur les dossiers primordiaux de La Réunion : l’emploi, le logement, la violence, la précarité. Sans quoi, le développement durable ne serait tout simplement plus envisageable. 2007 est donc bien l’année de toutes les décisions.


Quel développement durable si la moitié de la population s’appauvrit ?

"Est-ce que les efforts faits auront des conséquences positives si nous avons de l’autre côté le glissement de la moitié de la population réunionnaise vers la pauvreté ?". Un développement durable pour tous, voilà ce que souhaite le Conseil régional. Mais la situation actuelle de la société ne le permet pas puisque le chômage persistant, la difficulté à se loger, le manque de formation, l’accroissement de la violence sont des freins au développement durable. "Nous avons des chiffres repères qui témoignent de cet état de la population. Le nombre de bénéficiaires de la CMU, qui peut servir d’indice de pauvreté, concerne 53% de la population en 2006", a souligné Paul Vergès. "En matière d’éducation, nous comptons encore 140.000 analphabètes dans le département". Et d’ajouter que cette population qui s’appauvrit est aussi très faible puisqu’elle n’est pas organisée et donc elle n’a pas les moyens de peser de tout son poids sur les décisions politiques.
La pauvreté entraîne un phénomène de repli sur soi-même et de stigmatisation qui empêche tout progrès. La pauvreté favorise aussi la montée de la violence dont sont victimes les femmes et les enfants. Tous ces problèmes doivent être résolus par des actions : "toute la bataille pour la civilisation était de savoir comment en finir avec cette attitude envers les femmes. On ne guérira pas un problème millénaire avec des textes, il faut des mesures concrètes".
La politique de développement durable ne pourra donc se faire que si on tient compte de cette moitié de la population et qu’on l’aide enfin à se relever.

E.P.


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