Deux pages d’interview pour cacher l’essentiel

L’heure du bilan approche pour Didier Robert

11 juin 2014, par Manuel Marchal

Le jour d’une assemblée plénière tendue, Didier Robert tente une opération de communication qui ne trompe personne : il ne croit plus aux régionales car il veut devenir sénateur à la place de Jacqueline Farreyrol.

Lorsqu’en 2011 le propriétaire du "JIR" avait besoin de trouver un acquéreur pour obtenir de l’argent frais en échange du Domaine de Montgaillard, il trouva la Région qui acheta ce bien immobilier 13,5 millions d’euros, soit près de 2 millions plus cher que l’estimation des Domaines.

Force est de constater que depuis, à des moments clés, Didier Robert est mis en évidence dans les colonnes du "JIR". Les deux pages d’interview publiées mardi 10 juin visaient à redorer le blason d’un président de Région en mauvaise posture. Le même jour se tenait la séance plénière de son assemblée.

De défaite en défaite

Cette année, le chef de file d’Objectif Réunion a en effet accumulé les revers électoraux. Un comble pour celui qui justifie ses décisions surprenantes par la soi-disant légitimité populaire dont il bénéficie.

Aux dernières élections municipales, le président de la Région est candidat sur une liste, en deuxième position. Il est irrémédiablement battu dès le premier tour. La défaite enregistrée face à son père spirituel, et face au maire sortant est cinglante. Il se trouve que ces 2 adversaires sont également conseillers régionaux. Cette défaite l’oblige à renoncer au second tour, laissant le socialiste Jean-Jacques Vlody seul face à André Thien Ah-Koon et Paulet Payet. Au final, Didier Robert n’est même pas élu conseiller municipal.
Deux mois plus tard aux Européennes, il s’allie avec l’UMP, pousse sa vice-présidente mais elle sera battue à La Réunion.

A cela s’ajoutent les difficultés croissantes rencontrées par son projet pharaonique de route en mer.

Au lendemain des municipales, l’Etat a rendu public une décision n’allant pas dans son sens en refusant une dérogation pour l’exploitation de la carrière des Lataniers à La Possession. Désormais se pose l’épineuse question des matériaux à faire venir pour construire une route de plus en plus impopulaire.
Dans ce contexte, l’annonce de la prochaine démission de Jacqueline Farreyrol de son mandat de sénatrice accentue encore le trouble. Suivant sur la liste, Didier Robert ne compte pas céder sa place à Valérie Auber. A 18 mois de la fin probable du mandat du Conseil régional, ce choix de cumuler ressemble bien à un repli défensif sur un mandat qui ne sera pas renouvelé avant 2017.

A la recherche d’un soutien de l’UMP

Voilà le contexte d’une interview qui confirme bien un affaiblissement. Chacun se souvient de l’offensive menée par Didier Robert contre l’UMP. Il avait créé Objectif Réunion dans ce but et il n’a pas manqué depuis de mettre cette étiquette en avant, à chaque élection. Mais aujourd’hui, le président de Région tente désespérément de recoller les morceaux avec Paris, car il dit vouloir accorder une place « totale et entière naturellement » à l’UMP sur la liste qu’il veut conduire aux régionales. C’est dit : c’est Objectif Réunion qui distribue les bons points.

Le président sortant de la Région dit aussi que « ce n’est pas le centre » qu’il a à affronter. Là aussi, chacun de souvient de sa virulence lors des dernières régionales contre la liste centriste conduite par Jean-Paul Virapoullé. En 2010, il avait rejeté un accord pour le second tour en méprisant les « anciens ». Cette tactique s’est poursuivie dans les différents scrutins. Lors des municipales, tout le monde a pu constater que des candidats d’Objectif Réunion étaient engagés contre Jean-Paul Virapoullé et André Thien Ah-Koon.

Aucun lycée construit

Le président de la Région dit que son combat est La Réunion et la lutte contre le chômage. Quatre ans après sa prise de pouvoir, le bilan est dramatique. S’il était vraiment et sincèrement au service de La Réunion, il n’aurait pas arrêté le tram-train et remis en cause le projet Perben pour la route du littoral.

En conséquence, ce sont plus de 2 milliards de crédits qui ont échappé aux Réunionnais. L’impact de cette décision a été désastreuse. La Réunion a plongé dans la récession, et aujourd’hui le nombre de demandeurs d’emploi franchi la barre des 170.000.

Au cours de ces 4 années, la Région Réunion a inscrit dans ses dépenses plusieurs milliards d’euros. Il y a manifestement de quoi s’interroger sur cette gabegie car pour la première fois depuis que la Région est élue au suffrage universel, c’est la première fois qu’aucun lycée n’est construit au cours d’une mandature, et qu’un président n’aura aucune réalisation d’envergure à inaugurer au cours de son mandat.

Ce sont des données concrètes qui pèseront lourd quand la légitimité populaire jugera le bilan d’un mandat d’immobilisme.

M.M.

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