« Paul Vergès, une vie pour La Réunion : échange avec ses compagnons de route », intervention de Françoise Vergès

L’idée de la fierté d’être Réunionnais

29 novembre 2016, par Manuel Marchal

Au cours de son intervention, Françoise Vergès a montré l’importance de s’interroger sur les racines du communisme réunionnais.

Françoise Vergès est intervenue en visioconférence.

Après une table ronde sur l’engagement de Paul Vergès marquée par les interventions d’Elie Hoarau, président du PCR, et d’André Oraison, professeur des Universités, Brigitte Croisier et Maurice Gironcel, co-secrétaire général du PCR, sont ensuite montés à la tribune pour la seconde table ronde sur le thème « culture et politique ».

Puis Françoise Vergès est intervenue en visioconférence. Elle a tout d’abord souligné l’importance de la question internationale chez Paul Vergès. Le PCR a une histoire qui est celle d’un communisme dans une île du Sud. Françoise Vergès a aussi interrogé sur l’analyse des idées du communisme réunionnais. Au cours des funérailles, beaucoup de personnes ont déclaré « on a marché avec le Parti ». Quelles idées ont mobilisé ? Pourquoi existe-t-il des communistes à La Réunion sont autant de champ de recherche à explorer. Elle note que l’idée de la fierté d’être Réunionnais s’est forgée dans les années 60 qualifiées des « années de la décolonisation réunionnaise ». Cette période a vu émerger la parole des planteurs, des dockers et de tout un peuple.

Elle est ensuite revenue sur le projet de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. La MCUR situait La Réunion dans son espace culturel et géographique. Elle apportait une lecture de l’histoire qui ne se limitait plus à la constante référence à la France. Elle parlait des histoires des anonymes qui ont construit La Réunion.

Mais le projet a fait l’objet d’une opposition permanente à laquelle ont participé des intellectuels sur la base d’arguments populistes : opposer les blancs et les noirs, négliger les archives, personnaliser le projet, focaliser sur son coût. Ces opposants étaient également constamment relayés par des médias qui n’accordaient pas la même place à la description du projet. Néanmoins, Françoise Vergès a souligné qu’un nouveau projet peut contribuer à la nouvelle étape qui s’ouvre pour La Réunion.

Interrogée sur de virulents discours anti-communistes entendus en marge des funérailles, Françoise Vergès note la persistance à La Réunion d’un mouvement réactionnaire, comparable à celui du Sud des États-Unis. Ces réactionnaires ont participé à la colonisation des Comores et de Madagascar. Il est issu de colons porteurs d’un courant de suprématie blanche extrêmement raciste qui s’est notamment traduit par le mouvement proto-fasciste d’Alexis de Villeneuve. Il a continué, encouragé par l’impunité accordée aux milices privées. Il a dû accepter le créole et le maloya, mais à condition que leurs manifestations ne sortent pas de domaines bien précis comme le 20 décembre ou la Semaine créole. Ce mouvement réactionnaire existe toujours, et n’est pas homogène.

Le débat s’est conclu par un échange sur la responsabilité. « Comment construire notre autonomie de penser et de faire ? Décider en quoi et pourquoi ? » ont été les mots de la fin.

M.M.

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