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Un modèle à bout de souffle — 12 —
16 novembre 2010, par
La nouvelle concurrence subie par les riziers réunionnais rappelle qu’une clause de sauvegarde n’est pas suffisante pour compenser les retards provoqués par un modèle à bout de souffle. Cela fait des années que le PCR avertit sur les conséquences de l’intégration de La Réunion dans le marché unique mondial. Les impacts de la mondialisation des échanges commencent à se faire sentir à La Réunion, et ils seront amplifiés par les Accords de partenariat économique. Tout cela parce que des décisions sont prises en Europe sans consulter les Réunionnais.
Malgré un délai de 8 ans pour s’adapter à une concurrence sans précédent, les riziers réunionnais voient leur part de marché diminuer. C’est le résultat d’une décision prise à 10.000 kilomètres de La Réunion par l’Union européenne en fonction d’intérêts européens et sans consulter les Réunionnais. Et aujourd’hui, ce sont les Réunionnais qui paient les conséquences de cette décision, c’est une nouvelle illustration d’un modèle à bout de souffle.
La concurrence du riz importé du Cambodge en sachets sur celui transformé à La Réunion est une catastrophe pour une industrie réunionnaise. En 2001, l’Union européenne avait en effet décidé d’ouvrir la totalité de son marché aux importations en provenance de 49 pays parmi les plus pauvres de la planète, les PMA (Pays dits "les Moins Avancés"). C’est l’initiative "Tout sauf les armes". Cette décision visait à développer les échanges entre l’Europe et ces pays où les coûts de production sont très faibles. Seuls la banane, le riz et le sucre restaient protégés quelques années supplémentaires, car considérés comme des produits stratégiques. Mais en 2006 pour la banane, et en 2009 pour le riz et le sucre, ce qui vient d’un PMA peut entrer sans quota, ni droit de douane dans l’Union européenne.
Le plus dur à venir
Mais à la différence des régions du continent européen, La Réunion n’est pas située à plusieurs milliers de kilomètres de ces pays, de plus notre île produit des marchandises qu’il est également possible de fabriquer dans les PMA, pour beaucoup moins cher. Ce n’est pas le cas de l’Europe continentale.
Jusqu’à fin 2008, l’industrie réunionnaise de transformation du riz était protégée par les droits de douane et les quotas imposés aux importations de riz venant des PMA en général, et du Cambodge en particulier. Mais suite à une décision prise en Europe, cette protection n’existe plus, avec des conséquences sur l’emploi réunionnais.
Cette concurrence pourra encore s’intensifier dans les années à venir avec l’ouverture du marché de l’Union européenne, et donc de La Réunion, aux productions des pays ACP (groupe Afrique-Caraïbe-Pacifique). Ce sont des pays dont les économies sont plus avancées que les PMA, et qui ont aussi comme caractéristique de produire ce que les Réunionnais fabriquent, mais pour beaucoup moins cher.
Des dizaines d’années d’errements
Cette ouverture se fait dans le cadre des Accords de partenariat économique. Un premier accord intérimaire a été signé à Maurice le 29 août dernier entre la Commissaire européenne au Commerce, un accord définitif pourrait être signé entre l’Europe et la SADC avant la fin de l’année. Or l’Afrique du Sud, grande puissance économique en devenir, fait partie de la SADC.
Comme ces pays produisent massivement les mêmes produits que La Réunion, une région de l’Union européenne, il a été annoncé que des clauses de sauvegarde pourraient s’appliquer. Ces clauses visent à maintenir temporairement des droits de douane et des quotas sur certains produits afin que les producteurs situés dans l’Union européenne aient le temps de s’adapter à cette nouvelle concurrence.
Or, pour le riz, 8 années se sont écoulées entre l’annonce de l’ouverture totale du marché et l’ouverture effective. Force est de constater que ces 8 années n’ont pas permis à l’industrie locale de s’adapter. Nul doute que ces 8 années ont également servi aux exportateurs situés dans les PMA pour se préparer à conquérir de nouveaux marchés. Dernier rempart contre l’impréparation de notre économie à la mondialisation, les clauses de sauvegarde montrent leurs limites.
La raison est structurelle car, au lieu de favoriser une politique de développement, le modèle actuel a d’autres priorités. Des dizaines d’années d’errements sont autant d’années de retard qui se sont accumulées. Et ce ne sont pas les quelques années de répit offertes par une clause de sauvegarde qui peuvent sauver la situation.
Manuel Marchal
Les Réunionnais devront payer les conséquences
A Madagascar, le SMIC est à 35 euros.
A Maurice le SMIC est à 120 euros.
A La Réunion le SMIC est 1.000 euros.
Voilà les conditions dans lesquelles l’Europe signe un accord de libre-échange entre les 27 États membres de l’Union européenne et les pays de notre région. Cet accord répond à l’intérêt des 27 États qui composent l’Union européenne, mais il va à l’encontre des intérêts de notre île. Car les produits fabriqués à La Réunion sont concurrencés par ceux de nos voisins non seulement en Europe, mais surtout dans notre île.
Cet accord force l’intégration de La Réunion dans une zone de libre-échange où les conditions de développement de chaque pays sont extrêmement différentes. En Europe continentale, aucune région n’a dans son voisinage immédiat un pays inscrit dans la liste des Pays dits les Moins Avancés.
Ce sont donc les Réunionnais qui doivent payer les conséquences d’un accord qui profitera d’abord à l’Europe.
Accord probable entre l’Europe et la SADC avant la fin de l’année
Selon Agritrade, « après d’« intenses négociations », la conclusion d’un APE SADC-UE suscite un peu plus d’optimisme ». L’Afrique du Sud pense que l’accord sera signé avant la fin de l’année, à condition que de nouvelles questions ne viennent pas sur la table et que l’Europe ouvre davantage son marché aux produits agricoles sud-africains.
« Le Secrétaire permanent au ministère du Commerce et de l’Industrie de la Namibie, Malan Lindeque, a affirmé que la « Namibie [était] prête à signer et conclure l’APE » et que ses problèmes avaient été résolus, sans « la crainte imminente d’une perte d’accès au marché ».
L’APE est considéré comme essentiel pour les exportations de bœuf de la Namibie, puisque toute imposition de droits SPG (système de préférences généralisées) standard écarterait le bœuf namibien du marché de l’UE. Toutefois, des négociations supplémentaires sont nécessaires pour finaliser toute une série de dispositions. Des négociations supplémentaires devant se poursuivre en décembre, éventuellement à Bruxelles.
Le président sud-africain Jacob Zuma a exprimé l’espoir que la SADC soit maintenant en mesure de conclure un APE avec l’UE avant la fin de l’année. Toutefois, certaines incompatibilités persistantes ont été soulevées. Dans ce contexte, le ministre du Commerce sud-africain Rob Davies a suggéré qu’« en cas d’obligations supplémentaires à ce stade, il sera très difficile de conclure le processus ». Il a été fait mention des demandes de l’UE en matière de protection des IG pour les « noms de lieux européens pour les vins et les produits alimentaires, ainsi que la possibilité de demandes en matière de nouvelles règles anti-monopolistiques et l’abolition des taxes à l’exportation sud-africaines ». Des requêtes de l’UE dans « des domaines liés au commerce tels que la politique de concurrence, la réglementation en matière de propriété intellectuelle et les critères de durabilité que l’UE veut intégrer à l’accord » suscitent encore quelques craintes.
Toutefois, le ministre Davies a affirmé que « l’UE semble maintenant plus flexible. (…) Elle semble mieux comprendre la position dans laquelle les pays de la SADC se trouvent. Mais reste à voir si cela sera suffisant pour conclure les négociations ».
La ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération Maite Nkoana-Mashabane a abondé dans ce sens, affirmant que « nous pourrons en effet conclure l’APE à la fin de cette année, à condition que [l’UE] n’amène pas de nouvelles questions à la table des négociations ». Elle a ajouté que la « SACU négociait maintenant « en front commun » [mais] qu’elle ne pouvait pas dire si les APE intérimaires du Botswana, du Lesotho et du Swaziland étaient maintenant nuls et non avenus ».
Si la clause de la nation la plus favorisée continue d’être un sujet de discorde, d’autres aspects liés aux règles d’origine et aux sauvegardes agricoles (qui permettraient aux pays « d’augmenter les droits de douane sur les produits si l’UE venait à "inonder" leurs marchés nationaux ») doivent toujours être résolus.
Il reste en outre la question non résolue d’un accès amélioré au marché agricole, l’Afrique du Sud insistant pour obtenir un meilleur accès [au marché de l’UE] en particulier pour l’éthanol, les fleurs coupées et le vin et l’UE souhaitant un meilleur accès pour « la viande, les produits laitiers, le miel, certains produits à base de céréales, le vin et le fromage ». Actuellement, au titre de l’ACDC, l’Afrique du Sud a convenu d’éliminer les droits de douane sur environ 81% de ses importations alimentaires et agricoles en provenance de l’UE, tandis que l’UE a convenu d’éliminer les droits de douane sur à peine 61% de ses importations alimentaires et agricoles en provenance d’Afrique du Sud. Les négociateurs sud-africains souhaitent ardemment que ce déséquilibre soit résolu. »
L’accumulation des impasses
66 ans après l’abolition du statut colonial, les impasses provoquées par un modèle à bout de souffle s’accumulent, retrouvez les précédents articles de "Témoignages" sur ce thème :
L’impasse de la pauvreté ("Témoignages" du 26 octobre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-la-pauvrete,46347.html
L’impasse de la pénurie d’emploi ("Témoignages" du 27 octobre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-la-penurie-d-emploi,46373.html
L’impasse du logement ("Témoignages" du 28 octobre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-du-logement,46391.html
L’impasse des transports ("Témoignages" du 30 octobre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-des-transports,46425.html
L’impasse du pouvoir d’achat ("Témoignages" du 2 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-du-pouvoir-d-achat,46448.html
L’impasse de la vie chère ("Témoignages" du 3 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-la-vie-chere,46467.html
L’impasse du financement des collectivités ("Témoignages" du 4 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-du-financement-des,46490.html
L’impasse de l’illettrisme ("Témoignages" du 8 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-l-illettrisme,46555.html
L’impasse du déficit commercial ("Témoignages" du 9 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-du-deficit-commercial,46569.html
L’impasse de l’effondrement des secteurs primaire et secondaire ("Témoignages" du 10 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-l-effondrement-des,46592.html
L’impasse de l’impréparation à la mondialisation des échanges
("Témoignages" du 13 novembre)
http://www.temoignages.re/l-impasse-de-l-impreparation-a-la,46633.html
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