
Un effort supplémentaire de 5 milliards d’euros nécessaire cette année
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Un modèle à bout de souffle —16—
23 novembre 2010, par
Après la Grèce, c’est au tour de l’Irlande d’appeler à l’aide. Au début du mois, le Fonds monétaire international a prévenu que de nouvelles faillites comparables à celle de Lehman Brothers vont encore se produire. Il a exhorté les gouvernements à s’y préparer. D’autres pays européens riches sont régulièrement cités comme au bord de la rupture : Espagne, Portugal, Italie et même Grande Bretagne. C’est dans ce contexte international que le gouvernement français prépare un budget d’austérité, sans précédent depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Des coupes sombres sont ouvertement annoncées dans les dépenses sociales, la fonction publique et les dotations aux collectivités. Tout ce contexte international et ses répercussions nationales vont peser sur La Réunion au moment où les difficultés s’accumulent. Il pousse à la recherche de solutions alternatives, afin de mettre un terme à plus de 60 ans d’errements qui amènent notre pays au bord d’une des pires crises de son Histoire. Désormais, plus personne ne peut reculer face à ses responsabilités sauf à aggraver encore davantage les souffrances du peuple réunionnais.
Une crise comparable à celle de 1929, telle est la description faite de l’accélération de la crise en Occident consécutive à la guerre monétaire lancée par le gouvernement américain depuis la faillite de la banque Lehman Brothers, en septembre 2008. Ces événements se déroulaient un an après la prise de pouvoir de l’UMP en France, et la déclaration tonitruante du premier ministre Fillon qui affirmait hériter d’un pays en faillite. Depuis, la situation s’est considérablement aggravée avec une explosion des déficits publics.
Ce qui arrive en France a lieu dans des degrés divers dans toute l’Europe. La crise vécue par la Grèce a donné un cadre de référence. Face au risque de faillite de cet État, l’Europe et le FMI ont prêté plus de 100 milliards d’euros. En échange de cette aide, le gouvernement grec a été contraint de voter un plan de rigueur aux conséquences socio-économiques sans précédent. Malgré toutes les restrictions imposées à la population, la coalition au pouvoir en Grèce a vu ses positions politiques confortées : le mois dernier, elle a remporté les élections régionales. La population n’a pas sanctionné le gouvernement en place.
Dès lors, les mesures prises sont avancées comme une norme et, depuis cette date, l’éventualité d’une crise identique à celle de la Grèce est régulièrement agitée comme une menace par le gouvernement français.
La Réunion paie le prix des errements
Depuis l’accélération de la crise, la situation comptable de l’État s’est aggravée. Des fonds ont été injectés pour maintenir les banques à flot. Ils ont provoqué une explosion du déficit public qui est passé de 2,7% à 8% de la richesse produite par an.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a lancé une offensive générale contre la politique sociale patiemment construite au cours des soixante dernières années en France. L’objectif de Paris est de réaliser 100 milliards d’euros d’économie en trois ans pour faire repasser le déficit public de 7,7% en dessous de la barre des 3%, et pour cela le gouvernement compte essentiellement réduire les dépenses publiques.
La première offensive vise l’emploi. Le gouvernement compte encore supprimer 100.000 postes de fonctionnaire. Les collectivités devront aussi payer le prix des ces errements parisiens, car les dotations de l’État vont être gelées durant les trois prochaines années. Compte tenu de l’augmentation de la population dans notre pays, et des investissements que les collectivités doivent assumer du fait d’une accumulation de retards liés à 60 ans d’errements de la gouvernance parisienne, la stagnation des dotations est une catastrophe pour notre pays.
Le budget qui s’annonce réunit donc les ingrédients d’un catastrophique retour en arrière. Le passage en force de la réforme des retraites a démontré combien ce gouvernement est prêt à aller jusqu’au bout de sa logique de casse.
La menace d’un retour en arrière
Parallèlement à ces restrictions budgétaires, l’actualité dévoile des scènes qui appartenaient à un passé de sinistre mémoire. Comme à la veille de la Seconde Guerre mondiale, des gouvernements européens tentent de dévier la colère de la population sur ceux qui sont différents. Ainsi, la manière dont Paris a décidé de traiter les Roms a été sévèrement évaluée par l’Europe.
C’est au moment où La Réunion doit faire face au défi considérable du passage de 800.000 à un million d’habitants que la gouvernance parisienne prend le virage de la régression sociale et démocratique. On a vu en effet le retour de la violence institutionnelle. L’offensive a commencé en novembre 2008 avec des camionneurs barrant la route et attaquant une institution avec « la compréhension » d’un préfet. Elle s’est poursuivie avec des maires mis en examen pour des problèmes de réseaux d’assainissement, un fait sans équivalent en France. Elle a continué avec l’annulation de plusieurs élections perdues par les candidats du pouvoir pour des motifs tels que l’utilisation de la sorcellerie ! Cette violence institutionnelle a vu le détournement d’un mouvement social vers une institution élue, occupée pendant des jours sans que le représentant de l’État n’intervienne, et cela, à quelques semaines d’une élection capitale.
Cette année 2010 finit donc dans un climat de crise amplifiée sur le plan international, avec un facteur aggravant pour notre pays : la Région est dirigée par un membre du bureau politique du parti au pouvoir à Paris, un soutien affiché de la gouvernance parisienne. Autant dire que la collectivité ne fera rien pour défendre l’intérêt général du pays face au désengagement de l’État. La participation financière de la Région est révélatrice de cette nouvelle orientation. Elle permet au gouvernement de diminuer discrètement sa contribution par rapport de ce qui relève pourtant de sa compétence.
Tous les pouvoirs sont dans les mains de l’UMP, avec un membre de la direction parisienne de ce parti à la tête de la Région. C’est donc une centralisation du pouvoir qui est la caractéristique de cette impasse de la gouvernance parisienne. Au moment où le pays traverse une grave crise, ce pouvoir n’a rien trouvé de mieux que de convoquer à l’Élysée la présidente du Conseil général pour lui demander de casser une majorité qui a comme tort de ne pas être aux ordres de Paris.
Ces différents éléments de contexte décrivent un modèle véritablement au bout du rouleau. Pendant des décennies de gouvernance parisienne, le choix du non-développement de notre île a abouti à l’accumulation des problèmes provoqués par la pénurie d’emplois et la persistance de structures héritées de la colonisation.
Le gouvernement n’hésite pas à dire tout haut que l’Outre-mer devra être mis à contribution pour le redressement du déficit creusé par l’UMP au pouvoir. Devant cette situation, il ne reste que deux possibilités.
Soit, le statu quo avec à la clé l’enfermement dans l’impasse des errements de la gouvernance parisienne. Ou alors la rupture avec ce modèle à bout de souffle. Désormais, plus personne ne peut se dérober à ses responsabilités, à moins de continuer à laisser souffrir le peuple réunionnais, prisonnier d’une injustice historique qui ne peut plus rien apporter. 64 ans après l’abolition du statut colonial, et 51 ans après le congrès fondateur du Parti communiste réunionnais, la réalité nous commande d’agir avant qu’il ne soit trop tard.
Manuel Marchal
L’accumulation des impasses
66 ans après l’abolition du statut colonial, les impasses provoquées par un modèle à bout de souffle s’accumulent, retrouvez les précédents articles de "Témoignages" sur ce thème publiés depuis le 26 octobre :
http://www.temoignages.re/impasse
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